DIAL D 2128 du 1-15 février 1997
Mots-clés : Pauvreté, bipolarisation sociale, politique sociale, État, citoyenneté.
MAITRISER LA PAUVRETE

Le Chili vit un processus de consolidation démocratique et de croissance économique depuis presque dix ans. Toutefois, ce que l’on désigne comme le “miracle” économique chilien ne présente pas moins qu’ailleurs des effets pervers. En effet, quatre millions de Chiliens sur une population de 14 millions vivent dans la pauvreté : ils n’ont pas accès aux biens et aux services essentiels tels que la santé, le logement ou l’éducation, et cela en dépit d’une croissance soutenue supérieure à 6 %. Cette distribution inégalitaire du revenu national, malgré certains efforts accomplis par deux gouvernements démocratiques qui ont permis une diminution des indicateurs de pauvreté à l’échelle nationale, crée un écart grandissant entre les secteurs les plus pauvres et les plus riches de la société. Comme dans les autres pays du sous-continent on assiste au développement de la délinquance, de la prostitution, du trafic et de la consommation de drogues, ainsi que du sentiment d’insécurité, qui entraîne des pratiques répressives et la multiplication des gardes privés dans les quartiers aisés. La “dette sociale” de l’État envers cette importante partie de la population chilienne devait être une des préoccupations principales de l’actuel président Eduardo Frei, comme il l’avait lui-même signalé lors de sa prise de fonctions en mars 1994. Le président de la République a constitué le 27 mai 1994 le Conseil national pour la maîtrise de la pauvreté, donnant une large place à la société civile pour l’élaboration d’un rapport national. Après deux ans de travail, le rapport La pauvreté au Chili : un défi à l’équité et l’intégration sociale, a été publié le 29 août 1996. Nous publions ici une réflexion sur ce dossier, proposée par le président de cette Commission, Alberto Etchegaray et parue dans la revue chilienne Mensaje, octobre 1996.