Le Chili vit un processus
de consolidation démocratique et de croissance économique
depuis presque dix ans. Toutefois, ce que lon désigne comme
le miracle économique chilien ne présente pas moins
quailleurs des effets pervers. En effet, quatre millions de Chiliens
sur une population de 14 millions vivent dans la pauvreté : ils nont
pas accès aux biens et aux services essentiels tels que la santé,
le logement ou léducation, et cela en dépit dune
croissance soutenue supérieure à 6 %. Cette distribution inégalitaire
du revenu national, malgré certains efforts accomplis par deux gouvernements
démocratiques qui ont permis une diminution des indicateurs de pauvreté
à léchelle nationale, crée un écart grandissant
entre les secteurs les plus pauvres et les plus riches de la société.
Comme dans les autres pays du sous-continent on assiste au développement
de la délinquance, de la prostitution, du trafic et de la consommation
de drogues, ainsi que du sentiment dinsécurité, qui
entraîne des pratiques répressives et la multiplication des
gardes privés dans les quartiers aisés. La dette sociale
de lÉtat envers cette importante partie de la population chilienne
devait être une des préoccupations principales de lactuel
président Eduardo Frei, comme il lavait lui-même signalé
lors de sa prise de fonctions en mars 1994. Le président de la République
a constitué le 27 mai 1994 le Conseil national pour la maîtrise
de la pauvreté, donnant une large place à la société
civile pour lélaboration dun rapport national. Après
deux ans de travail, le rapport La pauvreté au Chili : un défi
à léquité et lintégration sociale,
a été publié le 29 août 1996. Nous publions ici
une réflexion sur ce dossier, proposée par le président
de cette Commission, Alberto Etchegaray et parue dans la revue chilienne
Mensaje, octobre 1996.
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