L'Amérique latine subit depuis deux décennies
et pour certains pays comme le Chili depuis le milieu des années
1970, l'impact des politiques néo-libérales imposées
partout sous l'emprise du Fonds monétaire international et de
la Banque mondiale. Le résultat de ces politiques a été
catastrophique du point de vue social, augmentant la pauvreté
d'une large partie de la population et élargissant les inégalités
économiques et sociales. Le chômage ouvert et le sous-emploi
se sont aussi considérablement accrus. La désintégration
sociale s'est accentuée et des crises politiques surgissent dans
presque tous les pays.
Nous allons d'abord faire un parcours des principaux problèmes
sociaux qui se présentent en ce début du XXIème
siècle : l'impact de la pauvreté, les facteurs qui l'influencent,
la situation de distribution des revenus, l'évolution de l'emploi
productif et des rémunérations, le marché du travail
dans les années 1990, l'intégration sociale et les facteurs
limitant les opportunités des jeunes, puis nous finirons par
un aperçu des tensions politiques qui sont la conséquence
des évolutions économiques et sociales précédemment
mentionnées.
L'Amérique latine au début du XXIème siècle
À la fin du XXème siècle, l'Amérique latine
se trouve au milieu de graves difficultés économiques
et sociales qui affectent négativement une proportion élevée
de sa population.
La croissance de son économie a été très
en dessous du taux estimé nécessaire pour dépasser
les retards technologiques et les plus graves problèmes sociaux
: pauvreté, chômage, sous-emploi et insuffisance d'intégration
sociale. En effet le taux moyen de croissance de l'économie fut
seulement de 3,2 % entre 1990 et 1999, ce qui est même inférieur
au taux historique des années 1945-80 (5,5 % par an).
D'autre part la plupart des économies régionales montrent
une grande vulnérabilité à des flux de capitaux
très volatils qui ont aidé à financer les grands
déficits du commerce extérieur. Les systèmes financiers
latino-américains sont très fragiles et les crises internationales
successives se sont gravement répercutées dans les économies
avec un coût très élevé pour les finances
publiques. Finalement les taux d'épargne et d'investissement
ont sérieusement chuté après la crise des années
80, dont la récupération a été très
lente dans les années 90.
L'hétérogénéité structurelle qui
caractérise les systèmes productifs latino-américains
s'est accentuée avec l'élargissement des différences
de productivité entre les grandes entreprises qui conduisent
le processus de modernisation et le large spectre de petites et moyennes
unités où se concentre l'immense majorité de l'emploi.
Cela constitue la base matérielle de grandes iniquités
sociales du fait de l'accroissement des différences de revenus,
mais aussi bloque les possibilités de croissance en limitant
les interactions entre les différents systèmes productifs
et la diffusion du progrès technologique.
L'impact de la pauvreté
Vers la fin des années 1990 36 % des Latino-américains
vivaient en situation de pauvreté et 14 % étaient extrêmement
pauvres ou indigents. Même s'il y a eu une certaine diminution
de la situation de pauvreté entre 1990 et 1997, celle-ci s'aggrave
de nouveau dans les années 1998-99 ce qui a eu comme conséquence
qu'en nombre d'individus touchés par la pauvreté la situation
est aujourd'hui pire que jamais. En effet 224 millions de Latino-Américains
vivaient en situation de pauvreté en l'an 2000.
Dans seulement 2 des 17 pays étudiés par la CEPAL [Commission
économique et sociale pour l'Amérique latine, qui est
un organe de l'ONU] on observait moins de 15 % de foyers pauvres (Argentine
et Uruguay) mais en Argentine la situation s'est considérablement
aggravée avec la crise financière de 2001. On estime à
la fin de 2001 qu'il y a 15 millions de pauvres sur une population totale
de 36 millions. Dans quatre autres pays le niveau de pauvreté
se situait entre 15 et 30 % des foyers (Brésil, Chili, Costa
Rica et Panama). Un groupe de sept autres pays (Colombie, El Salvador,
Mexique, Paraguay, République dominicaine et Venezuela) se plaçaient
dans un niveau de 31 a 50 % de foyers pauvres. Finalement la Bolivie,
l'Équateur, le Honduras et le Nicaragua présentaient un
niveau très élevé de pauvreté avec plus
de 50 % des foyers de chacun de ces pays vivant dans cette situation.
Entre 1980 et 1999 la population urbaine en situation de pauvreté
augmente de 63 millions à 130 millions. Dans les régions
rurales la croissance de cette population pauvre fut très inférieure
: de 73 à un peu plus de 80 millions. Ce fait s'explique en partie
par la poursuite du processus d'urbanisation et montre aussi la baisse
de la qualité de vie dans beaucoup de villes d'Amérique
latine. Donc, si aujourd'hui la gravité de la pauvreté
est plus grande dans les régions rurales, le nombre des pauvres
est beaucoup plus important dans les villes.
Facteurs qui influencent l'augmentation ou la réduction
de la pauvreté
Les changements observés en Amérique latine pendant les
années 90 dans la situation de pauvreté furent déterminés
par un ensemble de facteurs qui ont eu des comportements variables selon
les pays. Parmi eux il faut mentionner d'abord le taux de croissance
de l'économie car on a observé un rapport évident
entre l'augmentation du revenu par habitant et les variations de la
pauvreté. Mais ceci ne doit pas faire oublier qu'un même
taux de croissance peut avoir des effets différents selon la
modalité de cette croissance et surtout selon son impact sur
le marché du travail. Par exemple au Chili entre 1990 et 1998
un taux de croissance du PIB de 52 % impliqua une baisse de la pauvreté
de 46 %, mais en Uruguay dans la même période un accroissement
du PIB très inférieur (26 % par habitant) conduisit a
une réduction de la pauvreté plus importante (50 %). La
Bolivie et Panama pour leur part eurent dans cette période une
croissance du PIB par habitant similaire (autour de 16 %) mais avec
une diminution de la pauvreté urbaine très différente
(4 % pour la Bolivie et 25 % pour le Panama).
Ceci montre que le rythme de diminution de la pauvreté dans les
différents pays s'explique par l'inégale participation
des groupes de faible revenu dans l'augmentation du PIB. Cette inégale
participation dépend d'un ensemble d'autres facteurs parmi lesquels
les plus importants sont : l'accroissement de l'emploi et la réduction
du sous-emploi, la réduction du taux d'inflation, les changements
dans les prix relatifs des biens et des services et l'augmentation des
transferts sociaux.
Les changements dans la structure de l'emploi et des taux de chômage
dans les années 90 indiquent que la diminution de la pauvreté
a été le résultat de l'incorporation d'autres membres
des foyers pauvres à la force de travail, même si dans
la plupart des cas la participation du secteur informel dans l'emploi
non agricole augmente et que persistent des taux relativement élevés
de chômage.La diminution du rythme d'inflation eut aussi une influence
considérable dans la baisse de la pauvreté, particulièrement
quand l'inflation rétrograde rapidement depuis des niveaux très
élevés, comme ce fut le cas en Argentine, au Brésil
et au Pérou et en moindre mesure au Chili, au Mexique et en Uruguay.
Un autre facteur qui contribue a réduire l'effet de la pauvreté
est la réduction des prix relatifs des biens et des services,
quand celle-ci implique un abaissement du coût de la corbeille
de consommation des secteurs populaires. En général ces
dernières années les prix des produits de consommation
populaire, surtout des aliments, augmentant à un rythme inférieur
à celui des autres biens et services, ce qui favorise les groupes
à faible revenu.
Finalement il n'y a pas de doute que les transferts publics et privés,
particulièrement les retraites et les pensions jouent un rôle
considérable dans la réduction de la pauvreté pendant
les années 90. L'importance relative de ces transferts dans les
revenus des foyers varie considérablement selon les pays de la
région. Dans les années 90 il faut mentionner le cas du
Brésil où une politique de transferts massifs vers les
secteurs de faible revenu des régions urbaines et rurales, surtout
dans le période 1990-93, contribua d'une façon significative
à la réduction de la pauvreté.
Parmi les facteurs qui influencent l'augmentation et la réduction
de la pauvreté il faut signaler aussi ceux qui différencient
la pauvreté urbaine de la pauvreté rurale.
Pauvreté urbaine
La considération des caractéristiques associées
à la pauvreté indiquent que pour chaque dizaine de foyers
urbains pauvres, sept se trouvent dans cette situation à cause
des faibles revenus du travail, deux en conséquence du chômage
de l'un des membres du foyer et un exclusivement à cause de la
forte proportion de mineurs par rapport aux adultes en âge actif.
Ceci permet d'affirmer que les politiques orientées vers l'augmentation
de la productivité et des revenus du travail (politiques de salaires,
de formation et de rééducation, d'appui aux micro-entreprises)
contribueront significativement à améliorer la situation
de près de 70 % des foyers urbains pauvres.
Même si elle est inférieure à celle qui existe parmi
les salariés du secteur privé, l'incidence de la pauvreté
parmi les fonctionnaires est aussi élevée même si
dans la plupart des pays leurs rémunérations s'améliorent
pendant les années 90. Parmi les strates à faible productivité
l'insuffisance des revenus est plus fréquente parmi les salariés
des micro-entreprises. Avec ceux qui sont occupés dans les services
domestiques, ce sont ceux qui montrent les incidences les plus élevées
de pauvreté urbaine.
On peut finalement affirmer qu'une proportion importante des salariés
du secteur privé a eu une participation précaire au travail,
ce qui ne leur a pas permis pas de se retrouver au dessus du seuil de
pauvreté, même s'ils travaillent dans des entreprises moyennes
ou grandes. De même, à cause des faibles revenus des fonctionnaires,
une proportion significative d'entre eux se voit touchée par
la pauvreté, ce qui est un obstacle au processus de modernisation
et de réforme de l'État. Dans des pays comme la Bolivie,
l'Équateur, le Honduras, la République dominicaine et
le Venezuela, entre 20 et 40 % des fonctionnaires de l'État vivent
sous le seuil de pauvreté. En El Salvador, au Mexique et au Paraguay,
c'est le cas de près de 15 % des fonctionnaires.
Pauvreté rurale
Quant à la pauvreté rurale, même si la majorité
des pauvres en Amérique latine habite aujourd'hui dans les villes,
l'incidence relative de la pauvreté continue à être
plus élevée dans les campagnes. Au Brésil, en Colombie,
au Mexique et au Venezuela, près de la moitié de la population
rurale vit sous le seuil de pauvreté et au Honduras ce pourcentage
s'élève à 80 %.
D'autre part dans plusieurs pays la pauvreté est encore surtout
rurale (Bolivie, Costa Rica, Équateur, El Salvador, Honduras,
Nicaragua, Paraguay et Pérou) et dans d'autres comme la Colombie,
le Mexique et la République dominicaine, près de 45 %
des pauvres habitent les zones rurales. De plus, il faut signaler que
l'extrême pauvreté ou l'indigence se concentre surtout
dans les zones rurales.
Les principaux facteurs qui déterminent les situations de pauvreté
dans les campagnes sont le manque d'accès à la terre,
le taux élevé d'analphabétisme et le faible niveau
d'éducation, l'isolement géographique et le manque d'accès
aux communications, des technologies inappropriées, la mauvaise
qualité des terres cultivées par un grand nombre de petits
agriculteurs, la dégradation du milieu et le difficile accès
au crédit, aux ressources hydrauliques et aux marchés.
Il faudrait ajouter aussi que la croissance démographique d'une
population qui dispose de peu de terres et souvent de mauvaise qualité
aggrave la prolifération des minifundios et contribue à
la poussée migratoire vers d'autres régions ou vers les
villes.
Un phénomène qui se fait sentir depuis un certain nombre
d'années dans l'aggravation de la pauvreté rurale est
la transformation de beaucoup d'emplois permanents en emplois temporaires
qui sont particulièrement demandés au moment des récoltes
des plantations tropicales ou tempérées mais qui diminuent
considérablement dans le restant de l'année. Ceci a produit
dans beaucoup de pays une transformation significative du marché
du travail rural au détriment des emplois permanents (cas de
boias-frias au Brésil par exemple). L'agriculture est aujourd'hui
en Amérique latine le secteur de l'économie où
l'on retrouve les plus fortes proportion de travaux précaires.
Parmi les travailleurs ruraux se retrouvent les taux les plus élevés
de travailleurs sans contrat ni sécurité sociale.
D'autre part dans un grand nombre des pays latino-américains
pour lesquels on dispose de données, il y a eu dans les années
1990 une augmentation de travail rural non agricole mais lié
à d'autres activités (commerce, artisanat, distribution,
petite manufacture, services sociaux).
Finalement il faut signaler que malgré les efforts de réforme
agraire faits pendant le XXème siècle, la plupart des
pays latino-américains montrent encore des taux très élevés
de concentration de la terre. L'Amérique latine est la région
du monde où la concentration de ce facteur fondamental de la
production agricole est le plus élevé. On peut distinguer
trois groupes de pays à ce sujet. Un premier groupe est celui
qui montre les indicateurs de concentration les plus élevés
(Mexique, Chili, Paraguay). Un deuxième groupe montre un degré
de concentration un peu moins élevé (Colombie, Costa Rica,
Venezuela, Brésil, Argentine, El Salvador et Panama). Le troisième
groupe est constitué par l'Uruguay, la République dominicaine,
Puerto Rico, la Jamaïque et l'Honduras, avec des indicateurs de
concentration un peu plus faibles.
Si dans les décennies de 1960 et 1970 on observe dans la région
des efforts de redistribution de terres par des processus de réforme
agraire dans lesquels les États jouent un rôle fondamental,
ceci disparaît plus tard et on insiste maintenant sur les réformes
structurelles par la voie du marché. En fait l'expérience
montre que les réformes agraires par la voie du marché
ne vont pas au profit des paysans les plus démunis et permettent
seulement une redistribution des terre entre producteurs des mêmes
strates sociales.
La distribution des revenus
La distribution des revenus n'a pas montré en Amérique
latine de changement significatifs ces dernières décennies.
Presque tous les pays présentent des degrés très
élevés d'inégalité et plusieurs d'entre
eux se retrouvent parmi les plus inégalitaires au niveau mondial.
Les inégalités n'ont pas diminué même là
où le taux de croissance économique a été
très élevé (comme au Chili).
La difficulté pour diminuer les inégalités et l'aggravation
de celles-ci pendant les périodes de crise a été
l'une des caractéristiques permanentes de l'Amérique latine
depuis le fin des années 1970.
L'examen des variations dans la distribution des revenus entre 1986
et 1997 montre qu'en quatre pays de la région l'inégalité
dans la distribution des revenus de la population urbaine augmente,
en quatre autres il n'y a pas eu de changement et dans un cas seulement
(l'Uruguay) l'inégalité diminue de façon significative.
L'observation des changements dans la participation au PNB du 10 % des
plus riches et du 40 % des plus pauvres a permis d'observer qu'à
l'exception de l'Uruguay, les pays qui réussissent à augmenter
leur PNB d'une façon significative après la crise et pendant
des périodes plus ou moins prolongées, ne diminuent pas
les inégalités précédentes. Même en
Argentine, au Mexique, au Panama et au Venezuela, s'observe un recul
considérable dans la situation de distribution des revenus. Au
Brésil, au Chili, au Costa Rica et au Paraguay les différences
entre les hauts et les bas revenus furent maintenus.
La croyance que la récupération des nivaux de production
ou le début d'une nouvelle période de croissance allait
permettre de corriger l'aggravation dans la distribution des revenus
pendant les années 1980, ne fut pas confirmée par les
faits. Le dynamisme économique enregistré par certains
pays latino-américains dans la première partie des années
90 n'a pas signifié une amélioration dans la distribution
des revenus. Parmi les 5 pays qui maintiennent un taux de croissance
annuel de l'ordre de 5 % ou plus, pour deux d'entre eux la concentration
des revenus augmente (ce fut le cas de l'Argentine et du Costa Rica),
pour deux autres un degré élevé d'inégalité
s'est maintenu (Chili et Panama) et c'est seulement dans le cas de l'Uruguay
que se produit une déconcentration du revenu.
Les changements dans la distribution des revenus des foyers urbains
tout au long de la décennie des années 1990, montrent
une augmentation importante de l'inégalité dans six pays
(Argentine, Colombie, Costa Rica, Panama, Paraguay et Venezuela) une
augmentation moins importante ou le maintien de l'inégalité
dans trois pays (Brésil, Chili et Équateur) et une diminution
dans quatre pays (Bolivie, Honduras, Mexique et Uruguay).
Emploi productif et rémunérations
La croissance économique de l'Amérique latine dans les
années 1990, bien qu'elle fût plus élevée
que dans les années 1980, ne fut pas suffisante pour améliorer
les emplois et les salaires. À plus forte raison après
la chute de cette croissance dans les années 1998-1999 suite
à la crise asiatique. Cette crise fut à l'origine d'une
diminution des emplois dans de nombreux pays latino-américains,
ce qui rendit la fin de la décennie très négative
du point de vue de l'emploi. Le chômage total dans les zones urbaines
ne diminue pas jusqu'en 1997, mais continue à augmenter à
la fin de la décennie. D'autre part l'emploi dans les secteurs
de faible productivité augmente plus rapidement que l'emploi
dans le secteur formel, et sur 10 postes de travail créés
dans cette période, 7 se trouvent dans le secteur informel. En
même temps, dans la plupart des cas, les salaires augmentent moins
que la productivité moyenne et les disparités entre les
revenus des personnes occupées dans les secteurs formel et informel
augmentent.
La situation de l'emploi dans l'économie des années 1990
fut aussi fortement conditionnée par l'augmentation de la force
de travail qui fut de l'ordre de 3 % par an, déterminée
par l'accroissement de la population en âge de travail et la plus
grande intégration des femmes dans les activités économiques.
L'accroissement de l'emploi informel fut le résultat de l'expansion
de l'emploi dans les micro-entreprises et dans la catégorie des
travailleurs indépendants non qualifiés dans le commerce
et les services. Ces augmentations furent aussi accompagnées
d'un certain accroissement de l'emploi dans les services domestiques
qui tout au long de la décennie continuent à absorber
une partie de la rapide ascension de l'emploi féminin. Une estimation
de l'emploi faite par la CEPAL montre que sur une augmentation totale
de 17,8 millions des personnes employées, 12,4 millions furent
incorporées dans le secteur informel.
En bref, au niveau régional, le fonctionnement du marché
du travail dans les années 1990 se caractérise par une
augmentation du chômage urbain, surtout à la fin de la
période, accompagnée dans la majorité des pays
par une plus grande importance de l'emploi dans le secteur informel.
La diminution des emplois dans le secteur formel fut la conséquence
de la diminution des emplois dans le secteur public et d'une croissance
lente de la demande de main-d''uvre de la part des entreprises privées,
particulièrement des moyennes et des grandes entreprises.
Évolution des rémunérations
La situation des revenus du travail se caractérise par de bas
salaires et un différenciation croissante. Même si, dans
les sept premières années de la décennie, il y
eut des améliorations dans les revenus moyens de ceux qui étaient
occupés dans les régions urbaines, neuf pays sur onze
montraient encore en 1997 un retard dans les rémunérations
moyennes par rapport aux niveaux de 1980. En Argentine, Bolivie, Brésil,
Colombie, Costa Rica, Mexique, Honduras, Uruguay, Venezuela, le revenu
moyen par personne employée en 1997 était entre 11 et
50 % plus faible qu'au début des années 1980.
L'amélioration des revenus moyens au début de la décennie
fut surtout liée à la réduction du taux d'inflation.
Mais à partir de 1996 cet effet favorable fut réduit et
à partir de 1998, avec la crise asiatique et ses effets négatifs,
la situation des salariés se dégrade bien que l'inflation
continue à être très faible.
En bref, le panorama prédominant dans la région au sujet
des revenus du travail se caractérise par de lentes améliorations
inférieures au rythme de croissance du PNB par habitant et dans
la plupart des pays insuffisantes pour récupérer les niveaux
existant dans les années 1980. En plus les améliorations
enregistrées furent presque sans exception le résultat
de l'association de fortes augmentations des rémunérations
de ceux qui étaient occupés dans les activités
plus dynamiques du secteur moderne, avec une lente croissance et quelquefois
une diminution des rémunérations de ceux qui étaient
occupés dans le reste du secteur urbain.
Le marché du travail dans les années 1990
Si on fait un bilan général du fonctionnement du marché
du travail en Amérique latine pendant les années 1990
on remarque d'abord que la persistance du chômage et l'importance
de l'emploi informel montrent d'une façon évidente l'incapacité
des économies de la région à absorber ceux qui
arrivent sur le marché du travail et en même temps à
créer des emplois dans les secteurs à forte productivité
et à revenu plus élevé.
Chômage et travail informel
Dans 8 des 16 pays étudiés, le chômage urbain augmente
et dans les 8 autres le chômage urbain diminue à cause
d'une croissance économique supérieure à la moyenne
de la région. Au Chili, au Panama et en El Salvador la croissance
du PIB fut supérieure à 5 % par an, ce qui contribue d'une
façon évidente à la diminution du chômage.
D'autre part 10 des 16 pays maintiennent une augmentation de la population
occupée dans le secteur informel, dans trois autres elle reste
au même niveau et dans un cas seulement il y a une diminution.
Mais tout cela correspond à la période 1990-98. Après,
avec les impacts de la crise asiatique, la situation se dégrade
encore plus.
La force de travail latino-américaine qui était de l'ordre
de 212 millions de personnes à la fin des années 90 avait
augmenté de 44 millions de personnes pendant la décennie
et représentait en 1999 42 % de la population totale.
En termes absolus la majorité de cet accroissement de la force
de travail se trouve aujourd'hui dans les milieux urbains. En effet,
des 44 millions additionnels, 93 % se trouve dans les villes. La conséquence
en est que les trois quarts de la force de travail régionale
(76,3 %) est aujourd'hui urbaine. Dans cette force de travail la proportion
des femmes a augmenté, même si elles continuent à
être largement minoritaires.
En considérant l'augmentation de la force de travail occupée
dans le secteur informel et dans des emplois de faible productivité,
l'instabilité dans le travail s'est accrue pendant la décennie.
Depuis 1990, le pourcentage des emplois informels dans les régions
urbaines a augmenté de 5 points, ce qui représente aujourd'hui
près de 20 millions d'individus. Le pourcentage de nouveaux emplois
dans le secteur informel a encore augmenté passant de 67 % en
1990-94 à 71 % en 1997-99.
La constante augmentation de la population économiquement active
a engendré une très forte pression pour la création
de nouveaux emplois. Mais comme la demande de nouveaux emplois n'a pas
augmenté d'une façon conséquente le chômage
augmente considérablement particulièrement dans les années
1997-1999. Ainsi durant la décennie, 10 millions de nouveaux
chômeurs augmentèrent les rangs des non-employés.
Ceux-ci représentent 8,6 % de la force de travail totale en 1999
contre 4,6 % en 1990. Cette augmentation du chômage fut particulièrement
importante dans les villes où elle passe de 5,5 % à 10,8
% pour l'ensemble de la région pour les mêmes années.
Ce nouveau chômage fut particulièrement grave dans les
pays d'Amérique du Sud. En Argentine, Brésil et Colombie,
parmi les pays les plus peuplés d'Amérique latine, le
chômage augmente considérablement. Il augmente aussi en
moindre proportion en Bolivie, au Chili, en Équateur, au Paraguay,
en Uruguay et au Venezuela. Au Mexique et dans la plupart des pays d'Amérique
centrale par contre, le chômage diminue.
Le manque de dynamisme du marché du travail s'explique en partie
par la réduction du rôle de l'État dans la création
d'emplois directs et d'autre part par la restructuration du système
de production. La participation des secteurs primaire et secondaire
dans l'appareil de production a perdu de l'importance au détriment
des services du tertiaire. Et dans ce dernier secteur la modernisation
technologique de beaucoup de ces services a limité la capacité
de créer des emplois.
Chômage et pauvreté
Le chômage continue a être très élevé
parmi les couches à faible revenu. Le taux de chômage des
20 % des foyers les plus pauvres est le double du taux de chômage
moyen (22,3 % contre 10,6 % en 1999). Ceci contribue d'une façon
déterminante aux situations de pauvreté et d'inégalité
que nous avons signalées précédemment. Mais l'accroissement
du chômage à la fin des années 1990 touche aussi
considérablement les classes moyennes. D'autre part la situation
de chômage est particulièrement grave parmi les jeunes
de 15 à 24 ans qui représentent entre un quart et un cinquième
de la force de travail en Amérique latine. Le chômage parmi
ces jeunes est le double du taux moyen de chômage (en 1997, 18,5
% contre 9,1 %).
D'autre part dans quelques pays étudiés on observe un
prolongement de la période de chômage. On remarque également
que le niveau des salaires des personnes qui reprennent le travail après
une période plus étendue de chômage diminue par
rapport à celui qu'elles avaient auparavant. Dans le cas de l'Uruguay
ces diminutions oscillent entre 23 % et 34 %.
Au début du nouveau siècle (2001) les taux de chômage
risquent de rester très élevés à cause du
ralentissement de la croissance économique.
Rémunération et protection sociale
Quant aux rémunérations pendant la décennie des
années 1990, si on prend comme base le salaire minimum de 7 des
16 pays étudiés il y a eu une dégradation, et en
4 d'entre eux (le Mexique, le Paraguay, l'Uruguay et le Venezuela) la
perte du pouvoir d'achat de ce salaire fut considérable : plus
de 20 %. Dans d'autres pays on observe une certaine récupération
de ce pouvoir d'achat.
Quant à la protection par la sécurité sociale des
travailleurs occupés le résultat de la décennie
fut particulièrement négatif. Dans 9 des 10 pays pour
lesquels on dispose d'information la proportion des travailleurs non
protégés par cette sécurité augmente. Cette
augmentation du manque de protection est l'une des caractéristiques
de la flexibilisation de l'emploi liée aux réformes des
systèmes de travail. L'augmentation des emplois saisonniers ou
temporaires implique la perte de la protection sociale et la diminution
des niveaux de revenus.
Un dernier aspect à signaler dans la situation du marché
de travail dans les années 1990 est l'augmentation des disparités
des revenus. La différence entre les revenus des professionnels
et des techniciens d'une part et des salariés des entreprises
du secteur formel d'autre part augmente dans la plupart des pays, et
en moyenne dans la région cet écart augmente de 24 % entre
1990 et 1997. De même, l'écart entre les revenus des salariés
plus qualifiés et ceux des micro-entreprises s'est élargi
de 28 % pour la même période.
La comparaison entre les revenus du secteur formel et informel au long
de la décennie indique que les disparités s'accentuèrent
dans les pays qui montraient des taux de croissance économique
plus élevés, tandis que ces écarts diminuent dans
ceux où le revenu moyen des occupés urbains diminue.
Dans les pays où le taux de croissance fut faible le maintien
ou l'augmentation des disparités dans la distribution des revenus
ne fut pas le résultat de plus grandes différences entre
les revenus des secteurs formel et informel, mais de l'augmentation
du chômage, de la diminution des salaires et de la capacité
que montrèrent les groupes à hauts revenus, dans la plupart
des cas des employeurs, à conserver leur participation dans le
revenu global.
Intégration sociale
Dans les années 1970 le discours sur le développement
et la modernisation impliquait un processus par lequel les différents
groupes sociaux pourraient accéder progressivement aux bienfaits
du progrès par leur participation à des emplois modernes
plus productifs et avec des salaires plus élevés. En même
temps, ils recevraient une meilleure éducation et augmenteraient
ainsi leur consommation de biens et de services sociaux qui se diversifieraient
constamment. Ce phénomène en lui-même serait incitatif
pour une plus grande participation politique. En bref la société
moderne de masse impliquait une synchronie entre l'élargissement
de la consommation matérielle et l'intégration symbolique
des citoyens.
Dans les années postérieures de nouveaux aspects enrichirent
le concept d'intégration, parmi lesquels on peut citer l'affirmation
culturelle des minorités ethniques, la variable du genre, le
problème des nouvelles générations et le renforcement
du capital social.
Aujourd'hui il ne semble pas probable que l'informalité puisse
disparaître par la génération d'emplois dans le
secteur moderne. D'autre part, avec la mondialisation, l'informalité
et la précarité d'un grand nombre d'emplois semblent augmenter.
L'information
Les moyens modernes d'information et de communication sont en expansion
permanente, ce qui permet une meilleure information de l'ensemble de
la population, en même temps que s'accroît l'informalité
du travail. En même temps, le niveau élevé d'éducation
est récompensé tandis que ceux qui rentrent sur le marché
du travail avec une faible éducation restent chômeurs ou
ne peuvent accéder qu'à des emplois de faible qualité.
Cette dichotomie augmente l'écart des revenus. Finalement le
secteur rural traditionnel devient de plus en plus marginal. Tout cela
conduit à une plus grande fragmentation sociale.
Certains proposent de rechercher l'intégration par la mobilisation
du capital social d'acteurs qui possèdent des traditions communautaires,
en augmentant aussi bien la cohésion interne des groupes que
leur accès à des biens et des services, ou par la poursuite
d'une intégration symbolique par une plus grande intensité
des pratiques de communication entre les différents groupes par
le biais des nouvelles technologies de l'information. Mais on observe
aussi que sur ce plan existe une nouvelle segmentation du champ des
communications : l'accès à la télévision
internationale par câble et à internet est en train de
créer une nouvelle brèche d'information qui s'ajoute à
celles qui existent au niveau de l'éducation, des emplois productifs
et des revenus.
La consommation
Cette distance entre la consommation symbolique et la consommation matérielle
affecte négativement l'intégration sociale. Dans la mesure
où la segmentation sociale coexiste avec un élargissement
de l'espace communicationnel, les expectatives et les modèles
de comportement se trouvent modifiés. Un secteur important de
la population incorpore comme scénario quotidien la dissociation
entre les meilleures opportunités de consommation et l'accès
plus restreint au progrès matériel. En ce sens il est
difficile de réconcilier l'intégration matérielle
par la redistribution des bienfaits de la croissance avec l'intégration
symbolique obtenue par la voie de l'éducation et des moyens de
communication de masse.
Si nous considérons la période 1970-1997, on observe une
augmentation considérable du nombre de téléviseurs
pour 1 000 habitants, une augmentation géométrique des
heures de programmation télévisée, en même
temps que la population jeune accroît son niveau éducatif
en moins de quatre ans. Mais les indicateurs de pauvreté resteront
au même niveau qu'au début des années 1980 et les
revenus réels de la population urbaine augmenteront modestement
dans quelques foyers et diminueront dans d'autres. Ainsi l'accès
à la connaissance et à l'information ainsi qu'à
la publicité augmente à un rythme tout à fait asymétrique
par rapport à celui de l'accès à de meilleurs revenus,
plus de consommation et un plus grand bien-être. En bref la brèche
entre l'intégration symbolique et la consommation matérielle
devient de plus en plus considérable et ceci augmente la frustration
des expectatives surtout parmi les jeunes.
Des facteurs de désintégration
D'autres facteurs jouent aussi contre l'intégration sociale,
parmi lesquels nous pouvons mentionner la persistance d'importants noyaux
de pauvreté coriace parmi des groupes qui manquent des habilités
nécessaires pour accéder au travail productif et participer
activement à l'échange général de la société,
ne disposant pas non plus des réseaux d'appui et des ressources
culturelles pour corriger cette situation.
À ceux-ci il faut ajouter les groupes particulièrement
d'origine indigène qui souffrent de la discrimination ethnique
et qui constituent 8 % de la population de la région, quelque
33 à 35 millions de personnes. Il faudrait aussi ajouter à
ces population indigènes, dans beaucoup de pays, des groupes
d'origine africaine car il existe d'importantes différences dans
les revenus auxquels peuvent accéder les Noirs et les mulâtres
par rapport aux population d'origine plus européenne.
Un autre facteur de désintégration est la qualité
du chef de famille. En général, quand le niveau d'éducation
de celui-ci est faible, les fils ont tendance à reproduire cette
situation en perpétuant le cercle vicieux de la pauvreté.
De même les familles dont le chef du foyer est une femme tendent
à reproduire l'exclusion et les inégalités à
cause du manque de sécurité, de protection et de la faiblesse
des revenus.
Finalement, à tout ce qui vient d'être signalé il
faudrait ajouter comme obstacle à une plus grande intégration
la persistance d'un taux de chômage élevé, l'insuffisance
de participation à la vie politique et la fragmentation urbaine
et rurale avec la forte ségrégation résidentielle
qui caractérise encore l'Amérique latine et qui conduit
souvent a l'existence d'une violence urbaine considérable.
Facteurs limitant les opportunités de bien-être des jeunes
Latino-Américains; Les possibilités de bien-être
de la population dépendent d'une façon importante du développement
des enfants et des jeunes qui sont à leur tour conditionnés
par la situation nutritionnelle et de santé générale,
par les conditions de logements, par la capacité économique
du foyer, le milieu éducatif et le type de famille à l'intérieur
de laquelle ils se développent et spécialement par la
possibilités d'accès au système éducationnel.
Mais en Amérique latine on observe aujourd'hui quelques facteurs
économiques et sociaux qui limitent depuis l'adolescence les
possibilités de bien-être des futurs citoyens. Ceux-ci
déterminent d'une façon significative les possibilités
d'accès et les résultats de l'éducation primaire,
ils influencent le travail des enfants et des adolescents, définissent
de bonne heure les futures possibilités de travail et, dans le
cas des filles, influencent les perspectives de vie par des maternités
précoces.
Cet ensemble de facteurs est à l'origine de la reproduction intergénérationnelle
des inégalités. Voyons d'abord les insuffisances et inégalités
dans l'acquisition du capital éducatif.
Le problème de l'éducation
Dans les années 1990 les pays latino-américains ont obtenu
des niveaux très élevés d'accès à
l'éducation primaire et d'achèvement de ce cycle d'études.
Malgré cela d'importants retards persistent et notamment dans
les régions rurales. En effet dans la plupart des pays entre
5 et 10 % des enfants mineurs des régions rurales ont un accès
tardif à l'éducation primaire ou en sont exclus. Dans
les régions urbaines par contre l'accès est de plus en
plus universel et autour de 70 % des enfants finissent le cycle primaire.
Persistent nonobstant des insuffisances du point de vue de l'acquisition
du capital éducatif qui augmente au fur et à mesure que
s'élève le degré d'éducation : un pourcentage
élevé d'enfants doivent redoubler les deux premiers degrés
d'éducation primaire et une plus forte proportion ne finit pas
les quatre premiers degrés. En moyenne 13 % des enfants urbains
et 33 % des ruraux ont deux années de retard à la fin
du second degré de l'école primaire. Ceci est particulièrement
visible parmi les familles les plus pauvres. Dans les 25 % des foyers
les plus pauvres, le taux de redoublement est six fois plus élevé
que dans les 25 % des foyers les plus riches. Voyons ensuite l'impact
du travail des enfants dans la définition des futures possibilités.
Le travail des enfants
Dans la plupart des cas le travail des enfants trouve son origine dans
les situations de pauvreté vécues par des segments importants
de la population. Parmi ses causes fondamentales il faut signaler le
chômage et le sous-emploi, la précarité des revenus
et l'inégale distribution des biens et des services sociaux,
ce qui détériore la qualité de vie des familles.
À l'origine le travail des enfants était associé
aux économies agricoles de subsistance dans lesquelles il représentait
une contribution complémentaire au revenu familial. Avec le progrès
de l'urbanisation cette modalité de travail familial a été
à l'origine de nouvelles formes de travail liées aux opportunités
d'emploi en dehors du foyer, d'une façon permanente ou ponctuelle.
La modalité la plus négative pour l'avenir des enfants
est le travail salarié dans lequel ils sont employés comme
main-d''uvre bon marché à la place des adultes.
Malgré le fait que pour des raisons légales ou culturelles
le travail des enfants est souvent caché, en 1997 on estimait
que 22 % des enfants adolescents entre 13 et 17 ans étaient occupés
dans des activités rémunérées, ce qui leur
faisait abandonner les études. Comme l'importance de ce phénomène
augmente avec l'âge des enfants, le pourcentage de ceux qui travaillent
s'élèvera à 27 % pour ceux qui sont âgés
de 15 à 17 ans.
Le travail des enfants constitue un apport important dans le cas des
foyers les plus pauvres. Pour les 25 % des foyers de moindre revenu
il représente près de 30 % du revenu familial.
En règle générale la rentrée précoce
des enfants sur le marché du travail implique l'abandon de système
éducatif et cela se paie plus tard quant à la qualité
des futurs emplois. Par ailleurs, les nouveaux foyers que créeront
ces enfants se caractérisent par un climat éducatif déficient,
des familles nombreuses et des revenus du travail insuffisants ; il
s'en suit que les opportunités éducationnelles de leurs
enfants seront de moindre qualité.
Un troisième facteur limitant les opportunités de bien-être
des jeunes latino-americains est la maternité des adolescentes.
La maternité des adolescentes
Un facteur largement reconnu comme facteur de reproduction de la pauvreté,
d'aggravation des conditions de vie et de limitation des opportunités
de futur bien-être, est celui de la maternité des adolescentes.
Ce phénomène est le résultat de comportements sexuels
liés a un déficit de conditions économiques, sociales,
éducationnelles et psychologiques et conduit normalement à
quatre situations, chacune avec ses conséquences : l'avortement,
la condition de mère célibataire, le mariage forcé
ou l'abandon des nouveaux nés. N'importe laquelle de ces situations
conduit à des risques biologiques connexes : les adolescentes
sont plus vulnérables aux complications de la grossesse, à
une naissance prématurée, à des enfants de faible
poids à la naissance et à une plus grande morbidité
et mortalité de la mère ou du f'tus. L'enfant nouveau
né est davantage menacé de sous-nutrition et son développement
après la naissance est un processus à haut risque.
La maternité des adolescentes est accompagnée aussi de
risques sociaux : avortement et abandon des enfants, manque d'accès
au contrôle prénatal, abandon des études, incorporation
précoce au marché du travail, situation familiale instable
et déficits dans le processus de socialisation des enfants.
Dans tous les pays où le phénomène a été
étudié on observe une tendance évidente à
ce que la maternité des adolescentes soit proportionnellement
plus élevée dans les groupes de faible revenus. Ceci contribue
à la reproduction des inégalités intergénérationnelles.
Tensions politiques et sociales qui sont la conséquence des évolutions
économiques et sociales analysées
Tout ce qui a été signalé précédemment
: l'évolution négative de l'emploi productif et des rémunérations,
la dégradation du marché du travail, l'accroissement des
inégalités et l'aggravation de la pauvreté, a été
subi par la population d'Amérique latine dans un climat de luttes
sociales et politiques d'intensité diverse selon les pays et
les régions. Ces luttes ont engagé différentes
catégories de la population : les secteurs indigènes dans
certains pays, la paysannerie dans d'autres, les populations urbaines
et les forces syndicales ailleurs. Il serait interminable d'essayer
de revoir toutes les réactions qui ont affecté à
différents moments les populations de divers pays : l'Argentine,
la Bolivie, l'Équateur, le Pérou, le Venezuela, le Paraguay,
l'Uruguay, la Colombie, le Mexique, les pays d'Amérique centrale,
le Brésil, le Chili, etc. Nous nous bornerons à citer
quelques exemples.
Argentine
L'un des pays les plus touchés par la crise économique
et sociale est l'Argentine qui était autrefois le pays le plus
riche et de plus grand bien-être pour l'ensemble de sa population
de toute l'Amérique latine. Un rapport de la Banque mondiale
de mars 1999 indique que 36 % des Argentins (13 357 000 personnes) n'avaient
pas de revenus leur permettant d'acheter un panier alimentaire minimum
et que 8,6 % (3 180 000 personnes) étaient indigents et ne disposaient
même pas du minimum de calories indispensables. Les pourcentages
de population avec des revenus insuffisants étaient de 30 % dans
le Grand Buenos Aires, de 48 % dans les régions de Mendoza et
San Juan, de 56 % dans la région Nord-Ouest et de 57 % dans la
région Nord-Est. Le rapport signalait aussi que dans les cinq
dernières années précédant 1999, le nombre
de pauvres avait augmenté de 4,1 millions de personnes tandis
que celui des indigents de 1,5 million.
Jamais auparavant l'Argentine n'avait reçu autant de investissements
étrangers directs, jamais la dette externe de l'État n'avait
été aussi élevée, jamais les dépenses
publiques n'avaient été aussi considérables, jamais
la productivité n'avait autant augmenté, jamais les récoltes
et les produits de base ne furent aussi abondants, et pourtant jamais
le nombre des pauvres n'a été aussi élevé.
En 1996, la dette extérieure de l'Argentine représentait
40 % du PIB (105 000 millions de dollars) et pour la fin 2001 elle est
estimée à 53 % du PIB (170 000 millions de dollars).
En novembre 2000, les centrales syndicales appelent à une grève
générale qui paralyse une grande partie du pays pour 36
heures pour protester contre la politique d'austérité
imposée par le gouvernement du président De la Rua à
la demande du FMI. Ceci au moment même où l'on trouvait
4 millions de chômeurs et quelque 15 millions de pauvres sur une
population de 37 million d'habitants.
En août 2001 les ouvriers, les chômeurs et les fonctionnaires
installèrent des campements sur les différentes routes
d'Argentine qui furent bloquées pendant 3 jours pour protester
de nouveau contre les politiques économiques gouvernementales.
Ces mobilisations coïncident avec des grèves de fonctionnaires
et d'enseignants demandant que les revenus des fonctionnaires et des
retraités ne soient pas amputés de 13 %.
Dans le Grand Buenos Aires où vivaient en 2000 12 millions de
personnes (33 % de la population du pays), entre mai 1999 et mai 2000
la pauvreté a augmenté de 27 à 31 %, touchant 500
000 personnes de plus. On estime que cette augmentation de la pauvreté
affecte surtout les classes moyennes qui s'appauvrissent rapidement.
Les réformes économiques néolibérales ont
déclenché en Argentine comme dans d'autres pays de la
région une puissante vague d'émigration. On estime que,
dans les six premiers mois de 2001, 60 000 Argentins sont arrivés
à Miami et plus de la moitié d'entre eux ne sont pas allés
faire du tourisme. Tous les jours Buenos Aires se réveille avec,
devant les ambassades européennes, de longues files de jeunes
argentins voulant émigrer. Pendant la grande période de
migration comprise entre 1821 et 1932 l'Argentine a accueilli pratiquement
la moitié des 12 millions de d'Européens qui avaient choisi
l'Amérique latine. Aujourd'hui le mouvement se fait en sens inverse.
La nouvelle économie néolibérale a produit en Argentine
une énorme dégradation de la classe moyenne. Pendant les
dix dernières années quelque 35 000 petites et moyennes
entreprises du secteur industriel et agricole ont été
contraintes de mettre un terme à leurs activités. D'autre
part les privatisations des secteurs de l'électricité,
de la téléphonie et du système de santé,
ont supprimé des milliers de postes de travail de niveau moyen
et le pourcentage de leurs revenus que les familles argentines doivent
payer pour leurs services de base a doublé.
L'instabilité et la crise économique et sociale touche
aussi sérieusement aujourd'hui les pays andins: Venezuela, Colombie,
Équateur, Pérou et Bolivie. Des institutions démocratiques
fragiles, une considérable inégalité sociale, des
réformes économiques qui n'ont pas été couronnées
de succès et la perte de crédit de la classe politique
sont des caractéristiques qui se répètent avec
plus ou moins d'intensité dans chacun de ces pays. Si on ajoute
à cela le rôle des Forces armés sur le plan politique,
l'existence d'une contestation significative, le trafic de la drogue,
la corruption des pouvoirs publics, la violence urbaine et rurale et
la faiblesse des partis politiques, la situation devient très
explosive.
Équateur
Les révoltes indigènes en Équateur en avril 2000
furent un pâle reflet des événement de janvier quand
fut renversé le président Jamil Mahuad par un coup d'État
propulsé par le mécontentement de la population indigène
et des groupes militaires face à l'imminente dollarisation de
l'économie. La conséquence de cela fut l'établissement
d'une démocratie très faible avec un président
' l'ancien vice-président de Mahuad, - Gustavo Noboa, sous tutelle
des militaires et une crise économique non résolue.
En février 2001 des millions d'indigènes se mobilisèrent
pour demander un changement de la politique économique. Le détonateur
fut la hausse de 25 % du prix de l'essence, de 100 % de celui du gaz
liquide et de 75 % du prix des transports publics décrétées
par le gouvernement afin de renégocier la dette avec le FMI et
la Banque mondiale. Les mesures recommandées par ces deux institutions
étaient considérées comme le seule solution à
la crise économique existante avec une inflation de 91 % et un
déficit fiscal de plus de 11 200 millions de dollars. Mais on
semble avoir oublié que 60 % de la population vit en dessous
du seuil de pauvreté. De plus, afin de regagner la confiance
des investisseurs, le gouvernement de Noboa accepte de changer le monnaie
locale, le sucre, par le dollar. Cette dollarisation n'a apporté
aucun soulagement à la situation de la population qui de plus
a été heurtée dans sa fierté nationale.
L'instabilité sociale et politique continue donc, en 2001, à
menacer le gouvernement Noboa. L'Équateur est en train de vivre
actuellement le mouvement de migration le plus explosif de la région
et l'un des plus dramatiques de toute son histoire. Cette vague a dépassé
toutes les prévisions de ce pays de 12 millions d'habitants qui
vit sa plus importante récession depuis 70 ans avec une chute
de PIB de 8 % en l'an 2000 et une inflation annuelle de pratiquement
100 %. Depuis la dollarisation de l'économie en 2000, entre 1,1
et 1,2 million d'Équatoriens ont quitté le pays, soit
10 % de la population.
Bolivie
Des soulèvements se sont aussi produits en Bolivie qui, à
la différence de l'Équateur, semblait avoir réussi
ses réformes économiques sous l'administration du président
Hugo Banzer. Mais en avril 2000 le gouvernement dut imposer l'état
de siège et changer le cabinet ministériel pour faire
face aux demandes des producteurs de coca, des paysans, des policiers
et d'autres groupes sociaux.
Mais les conflits sociaux se prolongent. Et en avril 2001 encore une
fois les paysans producteurs de coca firent de nouveau une marche de
près de 400 km jusqu'à la capitale, La Paz, demandant
la fin de l'éradication de cette culture qui est leur principal
gagne-pain et le changement des lois agraires. En arrivant à
La Paz ils furent rejoints par des professeurs, des petits commerçants
et autres groupes qui protestaient aussi, pour d'autres raisons. Les
forces de l'ordre durent intervenir encore une fois pour dissoudre la
manifestation. Dans le courant de l'année 2001 le président
Banzer démissionna pour raisons de santé et fut remplacé
par son vice-président. La Centrale ouvrière bolivienne
(la COB), puissante organisation syndicale, demande avec une force croissante
un changement du modèle économique avec la fin des privatisations
des entreprises publiques et l'augmentation des salaires.
Pérou
Au Pérou, le président Alberto Fujimori qui avait été
réélu en l'an 2000 dans une élection très
contestée et pleine d'irrégularités, dut démissionner
quand furent connues de l'opinion publique des vidéos de celui
qui était son bras droit, Vladimiro Montesinos, dans lesquelles
on le voyait soudoyer des membres du Parlement. Il dut se réfugier
au Japon et son ancien opposant Alejandro Toledo fut élu pour
le remplacer.
La situation économique et sociale du pays est désastreuse.
Plus de la moitié de la population péruvienne se trouve
sous le seuil de pauvreté, les salaires ont chuté et une
grande partie de la force de travail se trouve dans le secteur informel.
Selon l'enquête faite en décembre 2000 sur le niveau de
vie entre 1997 et 2000, le pourcentage de pauvres est passé de
50,7 % à 54,1 %. Cela veut dire que 12 des 25 millions de Péruviens
n'ont pas les moyens de couvrir leurs besoins de base et que 15 % des
Péruviens vivent dans l'extrême pauvreté.
Colombie
Parmi les situations conflictuelles que l'on retrouve dans les pays
andins, la plus grave est celle qui affecte la Colombie. Dans ce pays
la guérilla d'une part, avec son action qui se prolonge depuis
de longues années, et les contra d'autre part, mettent en échec
le gouvernement actuellement dirigé par le président Andrés
Pastrana.
Bien que depuis 1998 des négociations de paix aient été
engagées par le gouvernement et le plus important des groupes
guérilleros, celui des FARC, celles-ci n'ont pas encore abouti
et la violence se prolonge dans diverses zones du pays.
D'autre part le gouvernement Pastrana veut appliquer ce qu'on appelle
'Le Plan Colombie', une initiative pour en terminer avec les plantation
illégales de coca, qui doit se faire avec l'appui financier des
États-Unis, et leur contribution en armes. Ceci fait craindre
à beaucoup, ainsi qu'aux pays voisins, une recrudescence du conflit
avec la guérilla qui a fait 35 000 morts depuis 10 ans et qui
pourrait s'étendre aux territoires des pays limitrophes.
L'instabilité qui règne en Colombie depuis quelques décennies
a contribué aussi à développer un très fort
courant de migration. Quelque 800 000 Colombiens vivent aujourd'hui
aux États-Unis et un million au Venezuela, pays voisin. Cet exode
touche aujourd'hui beaucoup de jeunes adultes hautement qualifiés,
ce qui appauvrit le pays, environ 15 000 d'entre eux ont quitté
dernièrement le pays pour l'Europe ou le Canada. Ce sont surtout
des cadres, des techniciens et des personnes hautement qualifiées.
La situation socio-économique de la Colombie n'est pas aussi
négative que celle des autres pays andins, mais à cause
de l'incertitude les investissements de développement se réduisent
considérablement.
Venezuela
Le dernier des pays andins, le Venezuela, est dirigé depuis février
1999 par le président Hugo Chávez qui doit faire face
à de graves problèmes sociaux : chômage qui touche
de 15 à 18 % de la force de travail, dégradation des services
publics de santé et d'éducation et pauvreté qui
touche près de 80 % des 23 millions de Vénézuéliens.
La première initiative de Chávez fut d'appeler à
un référendum pour changer la Constitution, ce qu'il obtint,
ainsi que l'immense majorité de la nouvelle Assemblée.
Maintenant il doit affronter les graves problèmes économiques
et sociaux du pays, ce qu'il semble vouloir faire à partir de
2001 en ayant comme atout une meilleure situation économique
grâce à la hausse du prix de pétrole - qui a chuté
de nouveau fin 2001. Mais la communauté des entrepreneurs se
méfie de sa politique et ne lui fait pas confiance.
Si nous passons de l'Argentine et des pays andins aux autres pays d'Amérique
latine et si nous observons la réalité socio-économique
ou politique, la situation se présente pleine de tensions et
d'incertitudes un peu partout. À cela il faut ajouter l'impact
économique des phénomènes naturels comme les tremblements
de terre et les sécheresses.
Sécheresse et catastrophes naturelles
La sécheresse affecta en 2001 le Nord-Est du Brésil où
plus d'un million de personnes manquent de nourriture à cause
des récoltes perdues. En juin, près de 770 municipalités
sur un total de 1 785 dans tout le Nord-Est risquaient d'être
déclarées sinistrées à cause du manque d'eau.
Depuis le mois de mai des centaines de familles paysannes qui ont perdu
leurs récoltes, bloquent les routes et attaquent les camions
à la recherche de nourriture.
La sécheresse touche aussi l'Amérique centrale. En août
2001 le Programme mondial alimentaire des Nations unies (PMA) déclarait
que 1,6 million de Centre-Américains du Honduras, du Nicaragua,
d'El Salvador et du Guatemala, se trouvaient dans une situation critique
du point de vue alimentaire à cause des sécheresses, des
inondations, des ouragans et des tremblements de terre qui avaient ravagé
ces pays depuis cinq ans. Les pertes ' déclarait le représentant
du PMA ' ont diminué les récoltes de 80 %, ce qui est
extrêmement grave.
Au Honduras, 73 % des foyers vivaient en dessous du seuil de pauvreté
et 56 % ne disposaient pas du panier alimentaire minimum. Au Nicaragua,
50 % de la population est pauvre et 20 % ne mange pas le minimum nécessaire
à la survie. En El Salvador, 18 % des familles vivent en situation
d'extrême pauvreté et la moitié des enfants de moins
de 5 ans souffrent de malnutrition.
Guatemala
Au Guatemala où la paix a été signée entre
le gouvernement et la guérilla en 1996, la situation économique
s'est considérablement dégradée depuis l'an 2000.
Le nouveau gouvernement du président Portilla a augmenté
la taxe à la valeur ajoutée de 10 a 12 % le 1er août
2001 et adopté d'autres mesures économiques qui ont déclenché
de grandes révoltes sociales. L'état de siège a
été déclaré dans certaines zones du pays
pour une trentaine de jours et le mécontentement contre le gouvernement
touche de larges secteurs de la population. Selon divers analystes,
la crise à cause du malaise économique ne fait que commencer
et peut devenir incontrôlable.
Auparavant, avant que la paix ne soit signée en décembre
1996, pendant trois décennies, plus de 150 000 personnes furent
assassinées et 40 000 autres ont été portées
disparues. Malgré des accords de paix qui datent de 5 ans et
une situation des droits de l'homme qui s'est beaucoup améliorée,
il y a encore de sérieux indices d'assassinats réalisés
par divers corps policiers ou par les forces armées.
Paraguay
Au Paraguay, les organisations paysannes et syndicales font constamment
des manifestations contre le gouvernement du président González
Machi. Des accords furent signés en mars 2001 par lesquels le
gouvernement s'engage à continuer le financement des programmes
de développement rural, à envisager la concession de terres
aux paysans par une politique de réforme agraire et à
défendre les prix du coton, mais l'application des mesures accordées
n'est pas encore réalisée.
Brésil
Au Brésil finalement, pays le plus peuplé et le plus étendu
d'Amérique latine les perspectives économiques en fin
2001 ne sont pas brillantes. Les investissements ont baissé considérablement
entre 2000 et 2001, la désaccélération de l'économie
nord-américaine a un impact très négatif sur les
exportations brésiliennes, et l'Argentine, associée du
Brésil dans le Mercosur, est en crise et les perspectives de
croissance pour fin 2001 et début 2002 sont très sombres.
À cela il faut ajouter les incertitudes de la prochaine élection
présidentielle qui doit se tenir en octobre 2002 et la crise
énergétique qui oblige à une réduction de
20 % de la consommation énergétique de la population.Le
plus probable est qu'en ces premières années du XXIème
siècle les tensions politiques et sociales que nous avons rapidement
ébauchées se maintiennent et s'accentuent tant que le
modèle néolibéral dominant continuera à
faire sentir ses effets.
L'impact de la pauvreté qui touchait 224 millions de Latino-Américains
en l'an 2000 risque de continuer à progresser. Les impacts de
la crise asiatique de 1998, suivie par celle de la Russie, la dévaluation
du real brésilien et aujourd'hui les crises qui touchent les
États-Unis, l'Argentine et le Japon, sont loin d'être favorables
à la croissance économique de la région.
Une récente étude du FIDA (Fonds international de développement
agricole) montre que le nombre de pauvres vivant en situation d'extrême
pauvreté augmenta de 20 millions de personnes cette dernière
décennie pour atteindre les 80 millions. De son côté,
la pauvreté rurale s'est maintenue au même niveau pendant
toute la décennie avec une augmentation vers la fin de la période.
Les crises politiques découragent les investissements et même
ceux qui sont faits ne sont pas créateurs d'un grand nombre de
postes de travail. La pauvreté rurale qui avait diminué
entre 1975 y 1990 par le biais de diverses politiques de développement
rural s'est aggravée depuis 1990 en raison de l'abandon dans
lequel l'agriculture a été laissée en raison des
politiques néolibérales, sauf dans quelques secteurs exportateurs.
Il est donc urgent si l'on veut inverser ces tendances de commencer
à changer de modèle de développement. De plus en
plus de Latino-Américains commencent à le penser selon
l'enquête publiée par le Wall Street Journal. En 1998,
63 % des Latino-Américains pensaient que l'économie de
libre marché était la meilleure. En 2000 cette proportion
avait été réduite à 51 %. Aujourd'hui elle
serait sans doute très inférieure.
Novembre 2001.
Sources : CEPAL, La Brecha de la Equidad, una Segunda Evaluación,
mai 2000, et Panorama Social de América Latina, 2001.
En cas de reproduction, mentionner la source Dial.