Amérique du sud

Mars 2004

Début mars, des représentants de 12 des 34 pays futurs membres potentiels de l’ALCA (ou ZLÉA en français, Zone de libre-échange des Amériques) étaient réunis à Buenos Aires pour commencer à évoquer les thèmes qu’abordera la réunion de ministres prévue alors pour la mi-mars à Puebla (Mexique) mais qui aura finalement lieu en avril. La réunion s’est terminée sans grandes avancées. Les Etats-Unis refusent d’éliminer leurs subventions agricoles ou d’envisager un mécanisme de compensation et les pays latino-américains refusent de supprimer les discriminations qui existent sur le marché des offres de licitation ou de privatisations contre les entreprises étrangères, notamment états-uniennes. Dans le même temps, une réunion entre délégués du Mercosur (composé de l’Argentine, du Brésil, de l’Uruguay et du Paraguay) et de l’Union européenne a mis en place une série de mécanismes destinés à améliorer l’accès aux marchés des deux blocs dans le mois qui vient, avec l’objectif d’arriver à un accord en mai, lors du Sommet de l’Union européenne et de l’Amérique latine qui se tiendra à Guadalajara, au Mexique.

Avril 2004

La réduction des exportations de gaz argentin vers le Chili et l’Uruguay est source de tensions entre les pays. L’Uruguay a réagi en décidant d’acheter de l’électricité à son voisin brésilien, mais le gouvernement chilien ne dispose pas de solutions évidentes. L’importation du gaz argentin constituait plus du quart de la génération d’électricité au Chili et sa réduction soudaine pose un grave problème au gouvernement, qui a protesté en demandant, sans succès, à son homologue argentin de respecter l’accord bilatéral d’intégration énergétique signé en 1995 qui prévoit l’approvisionnement du pays voisin à priorité égale avec celui du marché argentin. La Bolivie, autre grand exportateur de gaz naturel ne peut constituer une option pour le Chili, du fait des tensions actuelles autour de la revendication bolivienne de la restitution d’un accès à la mer, perdu il y a 120 ans, lors de la Guerre du Pacifique.

L’accord préliminaire de libre-échange conclu samedi 3 avril à Buenos Aires, entre les pays du Mercosur et trois pays de la Communauté andine des nations (CAN) – la Colombie, l’Equateur et le Venezuela – devrait être adopté sous sa forme définitive en juillet. Il complètera l'intégration commerciale de la majeure partie des pays d'Amérique du Sud, formant un bloc de 350 millions d’habitants. Les deux autres membres de la CAN, la Bolivie et le Pérou, s'étaient déjà associés au Mercosur, tout comme le Chili.

L’Union européenne a proposé au Mercosur, vendredi 16 avril, l’octroi de dégrèvements douaniers sur la viande bovine, le sucre et les céréales du bloc, en échange d’une absence de remise en question de sa politique de protection agricole (subventions et barrières douanières). Si le Mercosur acceptait la proposition, cela affaiblirait durablement le front des 20 pays qui s'étaient opposés à la politique de subventions agricoles des pays du Nord durant le sommet de l’OMC à Cancún.

Juillet-août 2004

Le 26ème sommet du MERCOSUR réunissait jeudi 8 juillet à Puerto Iguazu, au nord de l’Argentine, les présidents Néstor Kirchner (Argentine), Luiz Inácio Lula da Silva (Brésil), Nicanor Duarte Frutos (Paraguay) et Jorge Batlle (Uruguay). Les présidents de 2 des 3 pays associés, Carlos Mesa (Bolivie) et Ricardo Lagos (Chili). Hugo Chávez (Venezuela) et Vicente Fox (Mexique) participaient aussi en tant qu’invités spéciaux. Le Venezuela a été accepté jeudi 8 juillet comme 4ème associé du bloc, et le Mexique commence à son tour un processus d’association.

Mercredi 11 août étaient réunis les présidents Carlos Mesa (Bolivie), Luiz Inácio Lula da Silva (Brésil) et Alejandro Toledo (Pérou), pour l’inauguration d’un pont à la frontière entre la Bolivie et le Brésil (pont Wilson Pinheiro). Ils se rendirent ensuite 100 kms plus à l’ouest pour poser la première pierre d’un autre pont (pont de l’Intégration), celui-ci entre le Brésil et le Pérou, et destiné à renforcer les échanges et l’intégration du bloc régional. La construction de ce second pont, situé au cœur de l’Amazonie sud-occidentale, préoccupe les organisations de défense de l’environnement. Situé dans une zone écologique sensible, il risque de devenir à long terme un axe important de communication avec le Pacifique, ce qui entraînerait très certainement la déforestation des environs.

Septembre 2004

Les dernières offres commerciales échangées par le Mercosur et l’Union européenne ont déçu les deux participants. Pour le Mercosur, l’offre européenne est en retrait vis-à-vis des propositions précédentes. Et certains gouvernements européens considèrent que les concessions du Mercosur en termes d’ouverture des marchés sont insuffisantes. Après 9 ans de négociations, les conflits d’intérêts de part et d’autres semblent présenter un obstacle infranchissable. Seul un changement de contexte, comme par exemple la réactivation des négociations de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA), pourrait peut-être débloquer la situation.

Octobre 2004

Les ministres des pays du Mercosur (Marché commun du sud, constitué de l’Argentine, du Brésil, du Paraguay, de l’Uruguay et du Chili comme membre associé) et de la CAN (Communauté andine de nations, comprenant la Bolivie, la Colombie, l’Equateur, le Pérou et le Venezuela), réunis à Montevideo dans le cadre de la XIIIème Réunion du conseil des ministres des affaires étrangères de l’Association latino-américaine d’intégration (ALADI), ont finalement signé, lundi 18 octobre, un accord de partenariat économique. L’accord, qui entrera en vigueur le 18 novembre, marque le début d’un processus de suppression des barrières douanières qui devrait s’achever, dans 15 ans, par la constitution d’une zone de libre-échange. L’accord devrait faire des 10 pays d’Amérique latine le 5ème bloc commercial du monde.

Décembre 2004

L’accord de libre-échange conclu en octobre entre le Mercosur (Marché commun du Sud – Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay, avec le Chili comme membre associé) et la CAN (Communauté andine des nations – Bolivie, Colombie, Equateur, Pérou et Venezuela) a été prolongé, début décembre, par la signature de l’Acte constitutif de la Communauté des pays d’Amérique du Sud, à Ayacucho (Pérou), puis par la IIIème Réunion des présidents d’Amérique du Sud, à Cuzco, au sud du Pérou (8 et 9 décembre). La Communauté de pays, qui comprend aussi la Guyana et le Surinam, cherchera à renforcer l’intégration du sous-continent, avec notamment la réalisation dans les 5 années à venir de 32 projets d’infrastructures (ponts, autoroutes, lignes de chemin de fer, ports, aéroports, télécommunications). L’enthousiasme de Brasilia ou des partisans de l’intégration latino-américaine contraste avec la vision négative des entrepreneurs brésiliens, qui se sentent lésés par des accords commerciaux souvent plus favorables aux pays plus petits. Comme le notait un éditorial du journal conservateur brésilien O Estado de São Paulo, la Communauté de pays d’Amérique du Sud leur apparaît pour l’instant comme une « fiction géopolitique », sans consistance réelle.

Les participants de la XXVIIème Réunion du Conseil du Marché commun du Sud, qui a réuni les ministres à la mi-décembre à Belo Horizonte, et du Sommet présidentiel, qui s’est tenu vendredi 17 à Ouro Preto, ont décidé de la création d’un Fonds de convergence structurelle du Mercosur destiné à appuyer des projets transnationaux ou à favoriser le développement des régions les plus pauvres. 20 autres décisions portent notamment sur la mise en place d’un passeport commun, d’un fonds éducatif, de mesures communes de sécurité et coopération judiciaire.


Rédaction : Nicolas Pinet.
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