Argentine

Population

39 144 753 (estimation juillet 2004)

Superficie (en km2)

2 766 890

Groupes ethniques

blancs 97%, métisses, indigènes ou autres groupes non-blancs 3%

Religions

catholiques romains se déclarant tels 92% (dont moins de 20% pratiquants), protestants 2%, juifs 2%, autres 4%

Chef de gouvernement

Président Néstor KIRCHNER (depuis le 25 mai 2003)

Taux de croissance

8,7% (estimation 2003)

PIB par habitant (en US$)

11 200 (estimation 2003)

Taux de mortalité infantile

15,66‰

Alphabétisme
(Hommes / Femmes de plus de 15 ans sachant lire et écrire)

97,1% (97,1% / 97,1%) (estimation 2003)

Chômage urbain

17,3% (2003)

Population
sous la ligne de pauvreté

51,7% (mai 2003)

Janvier 2004

Le juge fédéral Rodolfo Canicoba Corral a entamé vendredi 23 janvier une procédure judiciaire contre Emilio Cantarero, ancien sénateur du Parti justicialiste, José Genoud, ancien sénateur de l’Union civique radicale, Fernando de Santibañes, ancien chef du Secrétariat du service de renseignement de l’État (SIDE), et Mario Pontaquarto, ancien secrétaire parlementaire du Sénat. Ils sont accusés d’avoir participé à des manœuvres d’achat et de vente de votes lors de l’approbation de la réforme du travail en avril 2000.

Février 2004

Le chancelier (ministre des affaires étrangères) cubain Felipe Pérez Roque était en visite officielle en Argentine, fin février. Le chancelier fut reçu jeudi 26 par le président Néstor Kirchner et son chancelier Rafael Bielsa, qu’il avait déjà rencontré la veille. Ces réunions ont surtout porté sur l’amélioration des échanges commerciaux entre les deux pays. La dette de Cuba avec l’Argentine, l’intégration de l’Amérique latine et les problèmes de droits humains sont d’autres questions qui ont été évoquées. Après une période de tension dans les années 90, les deux pays ont désormais retrouvé de bonnes relations. À la différence du gouvernement uruguayen de Jorge Battle, qui a précisé qu’il condamnerait Cuba lors du vote de la Commission des droits humains de l’ONU, qui commencera sa session annuelle mi-avril à Genève, le gouvernement argentin a fait savoir qu’il ne voterait pas la condamnation. Au-delà des questions de droits humains, le vote au sein de la Commission de l’ONU demeure un indicateur clair des relations entre les pays d’Amérique latine et Cuba d’une part, et avec les Etats-Unis, d’autre part.

Mars 2004

Le gouvernement argentin a conclu, mardi 9 mars, un nouvel accord avec le FMI (Fonds monétaire international) concernant les modalités de négociation de la dette du pays auprès de bailleurs de fonds privés, et payé les 3 milliards de dollars dont le paiement était attendu au plus tard ce même jour. Refusant les nouvelles conditions imposées par le FMI, que ne mentionnait pas l’accord précédent (septembre 2003), et qui octroyaient de clairs avantages aux créanciers privés pour les négociations à venir, le gouvernement a retardé jusqu’au dernier moment le paiement de sa dette et fait pression avec succès sur l’organisme financier international.

La « Déclaration sur la coopération pour la croissance économique équitable », signée par les présidents argentin et brésilien lors d’une réunion de travail mardi 16 mars à Rio de Janeiro, affirme la position commune des deux pays face aux exigences des organismes multilatéraux de crédit – ils acceptent par exemple le principe de l’équilibre budgétaire à condition que cela n’entrave pas la croissance économique. La déclaration n’est cependant pas allée aussi loin que l’aurait souhaité le président argentin.

Vendredi 19 mars, le juge fédéral Rodolfo Canicoba Corral a déclaré anticonstitutionnels deux des 10 décrets de grâce présidentielle signés en 1989 et 1990 par le président d’alors, Carlos Menem (1989-1999) au bénéfice de centaines de militaires. Les décrets annulés concernent 6 militaires dont 3 sont déjà morts et 2 autres déjà détenus dans le cadre du procès sur la disparition d’enfants nés en captivité. Le sixième a fait l’objet d’un ordre d’arrestation.

Le 28ème anniversaire du coup d’État de 1976 a été l’occasion pour le président Néstor Kirchner de réaliser quelques gestes forts. Mercredi 24 mars, lors d’une cérémonie au sein du Collège militaire, le président ordonnait au chef d’état-major, le général Roberto Bendini, de retirer les portraits des anciens dictateurs Jorge Rafael Videla et Reynaldo Bignone de la galerie de portraits des anciens directeurs du Collège. Il se dirigea alors vers l’École de mécanique de la marine (ESMA), qui fut le plus grand centre clandestin de détention durant la dictature, et remit le terrain de 19 hectares, situé dans Buenos Aires, aux organisations de droits humains qui y installeront un Espace pour la mémoire et la promotion des droits humains. À cette occasion, il demanda « pardon au nom de l’État national argentin pour avoir gardé le silence durant 20 ans de démocratie devant de telles atrocités ».

Avril 2004

Le juge fédéral Jorge Urso, chargé de l’instruction de l’affaire Carlos Menem, l’ancien président (1989-1999) accusé d’appropriation indue de fonds de l’État, a émis, lundi 21 avril, un ordre international d’arrêt contre ce dernier, qui réside actuellement au Chili en compagnie de sa femme, chilienne, Cecilia Bolocco, et a refusé de répondre à plusieurs convocations. Le gouvernement argentin a remis fin avril une demande d’extradition au ministère des relations extérieures chilien qui la transmettra début mai à la Cour suprême, dont la décision devrait intervenir d’ici à 6 mois. L’ancien président a déclaré qu’il était victime d’une « persécution politique ».

Mai 2004

Jeudi 6 mai, la réunion organisée par l’organisme national régulateur du gaz (Energas) et convoquant fonctionnaires, délégués des entreprises privées du secteur, législateurs et organisations de consommateurs pour discuter de l’augmentation des prix du gaz naturel sur le marché intérieur – dans un premier temps, elle concernerait seulement les grands consommateurs –, a été suspendue. Les organisations de consommateurs et les membres du Congrès ont dénoncé les pressions exercées par les compagnies pétrolières sur le président et refusé de se prêter au jeu.

Mardi 25 mai, le président Néstor Kirchner célébrait le 1er anniversaire de son arrivée à la Casa Rosada, le palais présidentiel. En un an, il a réussi à multiplier par 3 ou 4 sa popularité – il avait obtenu 22% des suffrages exprimés lors du 1er tour des élections présidentielles en avril 2003 –, et à restaurer l’autorité présidentielle et la crédibilité des institutions politiques. Le Produit intérieur brut a crû de 8,7% en 2003, mais la crise énergétique risque de freiner la croissance en 2004. Une série de problèmes (révision des tarifs avec les entreprises privées qui assurent les services publics, renégociation de la dette privée déclarée en cessation de paiement depuis décembre 2001…) risque aussi de mettre fin à l’état de grâce.

Juin 2004

Un officier de l’armée active, le lieutenant colonel Guillermo Bruno Laborda, a confessé début juin sa participation, dans la région de Córdoba, à l’assassinat de détenus durant la dictature (1976-1983). Il a fourni des détails considérés fondamentaux par les avocats des victimes qui ne disposaient pas jusque là de témoignage d’un tel poids sur ces crimes.

Le produit intérieur brut (PIB) argentin chuta de 19,6% de 1999 à fin 2002, date à laquelle l’activité économique du pays commença à reprendre de l’ampleur. En 2003, il croissait de 8,7%. En 2004, les prévisions laissent attendre une croissance du PIB de 5 à 7%, marquant une stabilisation après une forte reprise postérieure à la crise.

Un mois après la mise en place du plan officiel destiné à solutionner la crise énergétique déclenchée par l’augmentation de la demande due à la reprise et à la faiblesse de l’offre par manque d’investissements des entreprises privées productrices de gaz naturel, la situation semble stabilisée. Mais le système fonctionne à son maximum, et ne permettrait pas de faire face à un surplus de demande si un imprévu surgissait.

Juillet-août 2004

Quelque 130 organisations de la société civile ont lancé, début juillet, la deuxième campagne de consultation populaire « Non à l’ALCA » (Zone de libre échange des Amériques, ZLEA pour son sigle en français), avec cette fois non seulement des questions rejetant des projets impopulaires, mais aussi des propositions alternatives. Les premières journées « Non à l’ALCA » avaient eu lieu fin novembre 2003, dans le cadre d’une campagne de mobilisation à l’échelle continentale. La consultation avait recueilli 2,2 millions de votes (sur un total de 37 millions d’habitants), dont 96% s’était déclaré contre l’ALCA, 88% contre le paiement de la dette extérieure et 97% contre l’installation de bases militaires états-uniennes ou la réalisation d’exercices militaires communs sur le sol argentin.

Fin juillet, Néstor Kirchner rendait visite à son homologue vénézuélien, Hugo Chávez. La rencontre a été précédée d’une ronde de négociations entre chefs d’entreprise argentins et vénézuéliens qui inaugurait, pour le secteur privé, l’admission récente du Venezuela comme membre associé du Mercosur (Marché commun du sud, intégré par l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay). La visite a été l’occasion d’un accord qui prévoit la réparation et la fabrication de 6 à 8 pétroliers vénézuéliens dans les chantiers navals argentins.


Avec la désignation fin juillet d’un nouveau directeur de la Police fédérale et d’un nouveau ministre de la Justice, de la Sécurité et des Droits humains le gouvernement cherche à reprendre l’initiative dans le secteur le plus critiqué de sa gestion, du fait de l’augmentation des délits et des manifestations de rue des (mouvement de chômeurs).

Lundi 9 août, le gouvernement annonçait qu’il payerait sans discussion chaque échéance de ses dettes auprès du FMI. Ce changement de stratégie, après avoir menacé à plusieurs reprises de ne pas honorer les paiements, s’explique par la volonté de dissocier fortement le paiement des dettes auprès des organismes internationaux de la renégociation de la dette privée.

Septembre 2004

Mercredi 1er septembre, alors qu’il allait faire l’objet d’une accusation formelle ce même jour au Sénat, 15 chefs d’accusation pesant contre lui, le juge de la Cour suprême, Adolfo Vázquez, a présenté sa démission. C’est le quatrième magistrat qui abandonne ses fonctions depuis la prise de fonctions du président Kirchner il y a 15 mois. La Cour suprême, composée traditionnellement de 5 membres avait été élargie en 1991 à 9 membres par Carlos Menem, alors président (1989-1999). Il avait ainsi obtenu une majorité en sa faveur, ce qui lui permit d’obtenir le soutien de la Cour sur des questions douteuses, assurant notamment l’impunité de fonctionnaires impliqués dans des affaires de corruption.

La mairie d’Atamisqui, une petite ville de 3 000 habitants située au nord de l’Argentine, dans la province de Santiago del Estero, est occupée depuis 24 jours pour empêcher le retour dans ses fonctions du maire Roberto Brandán, jugé pour plusieurs affaires, mais libéré, « faute de preuves », par les tribunaux qui, selon le ministère de la justice de la Nation, font preuve d’une « absence complète » d’indépendance. L’Etat fédéral est déjà intervenu 6 mois plus tôt pour mettre un frein à la « grave détérioration institutionnelle » du district.


Lundi 27 septembre, la Centrale des travailleurs argentins (CTA), qui réunit des syndicats du secteur public et des syndicats de professeurs et d’instituteurs refusant d’appartenir à la Confédération générale du travail (CGT), liée aux secteurs les plus à droite du Parti justicialiste, organisait avec d’autres organisations sociales et de défense des droits humains une journée de manifestation à Buenos Aires et dans quelques-unes des provinces. Les manifestants réclamaient le soutien du gouvernement et des autorités provinciales à un projet de loi destiné à annuler les procédures judiciaires dont font l’objet 4 800 personnes pour des délits supposés, liés à la participation à des manifestations.

Octobre 2004

La Cour suprême de justice a confirmé, jeudi 14 octobre, le principe d’une indemnisation pour les exilés de la dictature (1976-1983). Susana Yofre et les membres de sa famille, qui avaient reçu l’asile politique au Mexique durant 7 ans, recevront une indemnité de 74 pesos (soit environ 25 dollars) par jour d’exil. Après la loi d’indemnisation aux familles des détenus-disparus, puis aux prisonniers de la dictature et aux enfants des disparus, s’amorce un processus de dédommagement pour les exilés.

Après 5 mois de débat, le Congrès législatif a approuvé, mercredi 20 octobre, le projet du gouvernement de Néstor Kirchner disposant la création de l’entreprise nationale Energie argentine société anonyme (ENARSA), où l’Etat national détient 53% du capital, les provinces 12% et des investisseurs privés, 35%. La création de l’entreprise fut annoncée en mai dans le cadre du plan gouvernemental de lutte contre la crise énergétique. Dans les années 1990, le gouvernement de Carlos Menem (1989-1999) a procédé à la privatisation de la plus grande partie des entreprises publiques, avec parmi elles, les compagnies nationales de l’eau, de l’électricité, du gaz, des télécommunications et du pétrole. Le président Kirchner a accusé les entreprises chargées de la distribution du gaz d’avoir investi seulement dans le secteur le plus lucratif de l’exportation alors que la Loi nationale d’hydrocarbures les oblige à donner priorité au marché local.

Une étude publiée fin octobre par le Comité gouvernemental contre la torture, qui fait partie de la Commission provinciale pour la mémoire, fait état de violations répétées des droits humains dans les prisons et les commissariats de la province de Buenos Aires. Le nombre de détenus dans le district est passé de 15 000 à presque 25 000 durant les 4 dernières années, marquées par la crise économique, le chômage de masse, la pauvreté et l’exclusion – chiffre bien supérieur à la capacité d’accueil des prisons. On compte aussi 5 800 détenus dans les commissariats. L’étude dénonce de nombreux cas de tortures et de mauvais traitements.

Novembre 2004

Avant de se rendre à Santiago du Chili pour le Sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC pour son sigle anglais), Hu Jintao, le président chinois, a effectué une visite éclair à Buenos Aires, à la mi-novembre. La visite a été l’occasion de la signature de lettres d’intention entre les 2 gouvernements, qui prévoient notamment le développement d’investissements chinois en Argentine.

Les tribunaux de la province de Buenos Aires ont condamné à 22 ans et 19 ans de prison, respectivement, deux policiers accusés du meurtre (en 2000) de José Rios, âgé alors de 16 ans. L’enquête a prouvé que les policiers avaient déguisé leur crime. Les juges ont ordonné aussi de prolonger l’enquête sur les deux policiers et sur 30 autres agents et civils dans le but de prouver l’existence d’une association illicite qui, sous le couvert de l’Agence de sécurité d’un des deux policiers, agirait comme escadron de la mort en échange du paiement d’une cotisation mensuelle de la part des habitants de quartiers résidentiels.
Rédaction : Nicolas Pinet.
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