8 724 156 (estimation juillet 2004) |
|
Superficie (en km2²) |
1 098 580 |
Groupes ethniques |
Quechuas 30%, métisses 30%, Aymaras 25%, blancs 15% |
Religions |
catholiques romains 95%, protestants (méthodistes évangélistes) |
Chef de gouvernement |
Président Carlos Diego MESA GISBERT (depuis le 17 octobre 2003) |
Taux de croissance |
2,5% (estimation 2003) |
PIB par habitant (en US$) |
2 400 (estimation 2003) |
Taux de mortalité infantile |
54,58‰ |
Alphabétisme |
87,2% (93,1% / 81,6%) (estimation 2003) |
Chômage |
11,7% associé à un fort sous-emploi (2003) |
Population |
70% (estimation 2003) |
Carlos Mesa, vice-président devenu président après la démission de Gonzalo Sánchez de Lozada, le 17 octobre 2003, jouit toujours du soutien de la majorité de la population (77%) et de l’appui du Mouvement vers le socialisme (MAS) d’Evo Morales, mais d’autres secteurs qui l’avaient soutenu en octobre menacent de se soulever si le gouvernement ne prend pas rapidement des mesures décisives. La Centrale ouvrière bolivienne (COB), la Confédération de paysans de Bolivie et le Mouvement indigène Pachakutik, en accord avec d’autres organisations sociales, avaient réclamé, lors de la crise d’octobre, le retrait du projet d’exportation du gaz naturel via un port chilien, la nationalisation des hydrocarbures, l’industrialisation et distribution nationale du gaz naturel, la convocation d’une assemblée constituante et la fin du modèle économique néolibéral, donnant trois mois au nouveau gouvernement pour appliquer des changements substantiels à sa politique. Selon eux, la majorité des mesures réclamées sont encore loin d’avoir été adoptées.
La dispute territoriale entre la Bolivie et le Chili, depuis la fin de la Guerre du Pacifique (1879-1883) et le Traité de paix de 1904 par lequel la Bolivie avait perdu la région côtière d’Antofagasta, se voyant désormais privée d’un accès à la mer, s’est ravivée au cours des derniers mois. Lors de la Conférence extraordinaire des Amériques qui s’est tenue à Monterrey le 12 et 13 janvier, les présidents chilien, Ricardo Lagos, et bolivien, Carlos Mesa, se sont affrontés sur la question de la revendication bolivienne d’un accès à l’Océan Pacifique. Pour le gouvernement chilien, il s’agit là d’une question de nature bilatérale, le chemin du dialogue passant par le rétablissement des relations diplomatiques rompues en 1978. Pour le gouvernement bolivien, le problème concerne l’ensemble du sous-continent. Le thème sera d’ailleurs abordé lors de l’Assemblée générale de l’Organisation des États américains, convoquée en juin à Quito. Le climat d’hostilité a finalement conduit à l’annulation de la visite au Chili du député du MAS, Evo Morales. En Bolivie, certains appellent au boycott des produits chiliens.
Vendredi 20 février, le président Carlos Mesa annonçait la promulgation d’une nouvelle Constitution. Celle-ci met fin au monopole des partis, seuls autorisés jusqu’à présent à présenter des candidats et permettra aux groupes de la société civile et aux peuples originaires de présenter eux aussi des candidats. En décembre auront lieu les élections municipales.
Le projet de Loi des hydrocarbures, préparé début mars par le gouvernement du président Carlos Mesa, prévoit la création d’un impôt complémentaire sur les hydrocarbures (ICH) de 32%. Joint aux 18% d’impôts déjà existants, le nouvel impôt permettrait à l’État de percevoir 50% des bénéfices de l’exploitation du pétrole et du gaz naturel. La mesure vise à atténuer les revendications exigeant la nationalisation des gisements actuellement exploités par des multinationales. Ces dernières ont menacé de quitter le pays si la mesure était adoptée et, dans l’expectative, ont réduit drastiquement leurs investissements.
Face aux difficultés multiples auxquelles il est confronté, le gouvernement de Carlos Mesa a appelé de ses vœux la formation d’un pacte social. Mais il n’a obtenu le soutien que du Mouvement nationaliste révolutionnaire (MNR) et du Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR) – partis au pouvoir durant les dernières décennies. La Nouvelle force républicaine et le Mouvement vers le socialisme (MAS), qui avait appuyé le gouvernement durant les 4 premiers mois, sont désormais dans l’opposition. Le gouvernement doit notamment prendre des mesures pour diminuer le déficit fiscal, qui a atteint 8,9% du Produit intérieur brut (PIB) en 2003.
Le président bolivien Carlos Mesa s’est rendu, mercredi 21 avril, à Buenos Aires, pour signer avec son homologue argentin, Nestor Kirchner, un contrat de vente de gaz pour 6 mois. Le président argentin s’est engagé à ne pas fournir de gaz bolivien au Chili, avec lequel la Bolivie est en conflit au sujet de sa revendication d’un accès à la mer.
Fin avril, la capitale La Paz et les deux villes de Cochabamba et Santa Cruz de la Sierra ont été le théâtre de nombreuses manifestations de protestations organisées notamment par les petits commerçants, les employés du transport urbain et les étudiants. Elles ont donné lieu à plusieurs affrontements avec les forces de police, alors que circulaient des rumeurs d’un possible coup d’Etat. Pendant ce temps, une commission de médiation cherchait à arbitrer le conflit entre le gouvernement et les organisations sociales et politiques manifestantes pour apaiser la confrontation et préserver une démocratie très fragilisée.
Un ancien mineur s’est donné la mort le 30 mars dans le hall d'entrée du Congrès national en faisant exploser le bâton de dynamite qu’il s'était attaché au corps. Au chômage depuis la fermeture de l’industrie minière nationale, il réclamait la restitution de ses 15 années de cotisations à l’ancien système de pension. C’est une des 8 700 personnes, dont 3 500 anciens mineurs, qui ont perdu leurs années de cotisations et leur droit à la retraite depuis la réforme de 1997. La réforme, mise en place durant le premier gouvernement de Gonzalo Sánchez de Lozada (1993-1997) a remplacé un système fondé sur la solidarité des cotisants par un système de capitalisation individuelle géré par des fonds privés de pensions. Samedi 24, trois autres personnes, portant chacune des charges de dynamites et installées dans les bâtiments de la Fédération syndicale des travailleurs miniers de Bolivie (FSTMB), menacèrent de faire de même si aucune solution n'était trouvée. La menace pris fin après 20 heures de négociation entre les syndicats et le gouvernement qui s’est engagé à verser une pension de 60 dollars à toutes les personnes qui n’ont pu recevoir de retraite après avoir cotisé dans l’ancien système.
Jeudi 6 mai, le Tribunal constitutionnel déclarait sans effet le verdict des tribunaux militaires qui, en octobre 2003, avaient déclaré innocents 4 officiers accusés de la mort de 2 civils lors des manifestations de février 2003, et ordonnait leur instruction par la justice pénale ordinaire. Pour protester contre la décision, les commandants de l’armée bolivienne ont ordonné le lendemain le casernement et la mise en alerte des troupes. Après s’être réunis sans succès avec le ministre de la présidence, José Galindo, ils ont décidé de maintenir le casernement.
Des Guaranis – ethnie minoritaire en Bolivie – vivant dans le sud du pays ont empêché pendant 5 jours le passage de fournitures et de denrées alimentaires vers les compagnies pétrolières qui exploitent les gisements gaziers de Campo Margarita, la plus grande réserve bolivienne de gaz naturel. Les barrages routiers et les manifestations pacifiques s’interrompirent lorsque le gouvernement s’engagea à assigner 2% des royalties que reçoit l’Etat au développement communautaire. Les Guaranis revendiquent aussi la nationalisation des gisements de gaz situés sur leurs terres et concédés en 1997 à des entreprises étrangères. Le manifeste de l’Assemblée du peuple guarani, rendu public le 27 avril, précise que d’autres mesures seront prises si leurs revendications ne sont pas entendues.
Dimanche 18 juillet, la majorité des boliviens ont approuvé l’abrogation de la loi des hydrocarbures, le renforcement de la compagnie nationale des hydrocarbures, la récupération de la propriété des ressources énergétiques, ainsi que – avec un pourcentage plus bas – l’utilisation du gaz naturel comme instrument de négociation d’un accès à l’Océan Pacifique.
Le président bolivien, Carlos Mesa, a annoncé fin juillet la réalisation de négociations en vue de la vente de gaz naturel au Mexique – sans doute via un port péruvien –, ainsi que la désignation par décret de 19 autorités judiciaires. Ces résolutions cherchent à profiter de la victoire au plébiscite et à éviter l’obstacle du Congrès. Le Mouvement nationaliste révolutionnaire (MNR), le Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR) et la Nouvelle force républicaine (NFR) ont en effet décidé de s’unir à la fin juillet et de contrôler ainsi le Congrès jusqu’à la fin de la législature, en 2005, isolant du même coup le Mouvement vers le socialisme (MAS), d’Evo Morales, le seul à avoir appelé à voter oui au plébiscite.
Lundi 27 septembre, l’affrontement entre les cultivateurs de coca de la réserve naturelle Isiboro Sécure, du département central de Cochabamba, et les militaires chargés de détruire les plantations a provoqué un mort parmi les paysans et 15 blessés, dont 4 soldats. Le dirigeant des cultivateurs de coca de la région tropicale, le député Evo Morales, leader du Mouvement vers le socialisme (MAS) a obtenu en négociant avec le président Carlos Mesa, mercredi 29, l’indemnisation de la famille du défunt et la suspension pour 4 jours de l’éradication. Depuis, les paysans et leurs familles montent la garde à quelque distance des campements militaires.
Des
organisations indigènes et de la société civile étaient autorisées pour la
première fois à présenter des candidats lors des élections municipales du
5 décembre. 17 partis politiques, 343 associations et 59 communautés indigènes
s’étaient inscrits et présentaient leurs candidats. Le grand perdant des élections
est le Mouvement nationaliste révolutionnaire (MNR), le parti de l’ancien
président Gonzalo Sanchez de Lozada qui a démissionné en octobre 2003, après
avoir violemment réprimé les manifestations massives d’opposition au projet
d’exportation du gaz naturel bolivien. Le Mouvement pour le socialisme (MAS),
du leader indigène des cultivateurs de coca, Evo Morales, progresse et étend
sa présence au-delà de sa région d’origine, remportant un peu moins du tiers
des voix au niveau national. Le nouveau parti de centre-droit, Unité nationale
(UN), dirigé par le chef d’entreprise Samuel Doria Medina, progresse aussi,
bien que plus modestement. Le maire de La Paz, l’avocat Juan del Granado,
activiste des droits humains et instigateur du procès qui condamna l’ancien
dictateur militaire Luis Garcia Meza à 30 ans de prison, a été réélu avec
45,8% des voix. Les candidats locaux, présentés par les associations citoyennes
ou les communautés indigènes ont remporté de nombreuses mairies.
Rédaction : Nicolas Pinet.
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