Brésil

Population

184 101 109 (estimation juillet 2004)

Superficie (en km2)

8 511 965

Groupes ethniques

blancs 55%, mulâtres 38%, Afro-Brésiliens 6%, autres (incluant Japonais, arabes, indigènes) 1%

Religions

catholiques romains se déclarant tels 80%

Chef de gouvernement

Président Luiz Inácio ‘Lula’ DA SILVA (depuis le 1er janvier 2003)

Taux de croissance

-0,2% (estimation 2003)

PIB par habitant (en US$)

7 600 (estimation 2003)

Taux de mortalité infantile

30,66‰

Alphabétisme

(Hommes / Femmes de plus de 15 ans sachant lire et écrire)

86,4% (86,1% / 86,6%) (estimation 2003)

Chômage

12,3% (2003)

Population
sous la ligne de pauvreté

22% (estimation 1998)

Janvier 2004

Le président Luiz Inácio Lula da Silva a promulgué jeudi 8 janvier la Loi de revenu de base de la citoyenneté, 12 ans après sa première présentation au Parlement. Elle promet à tous les Brésiliens, et aux étrangers vivant dans le pays depuis plus de 5 ans, l’octroi par l’État d’une somme suffisante pour les dépenses essentielles, comme l’alimentation, l’éducation et la santé. Il s’agit d’un revenu universel, de la naissance à la mort, et inconditionnel, s’adressant aux riches comme aux pauvres, sans exception. L’idée de séparer travail et revenu a pris de l’importance depuis quelques années, au vu de la montée du chômage notamment. La loi n’entrera cependant en vigueur que progressivement, à partir de 2005, suivant les possibilités du budget et en commençant par les pauvres. Durant l’acte de promulgation, Lula déclarait qu’au Brésil, « il y a des lois qui restent et d’autres non » et qu’il est nécessaire de faire tous les efforts possibles pour que celle-ci reste.

La réserve indigène de Raposa-Serra do Sol, dans l’État septentrional de Roraima, à la frontière du Venezuela et de la Guyane existe déjà dans les faits mais elle devait être légalisée en janvier par le président. Cette légalisation se heurte à l’opposition des grands propriétaires et du gouvernement de Roraima arguant qu’il existe une activité agricole dans la zone et que la légalisation de la réserve signifierait le démantèlement du municipe de Uiramutã, créé en 1995 à l’intérieur des limites de la réserve qui avaient pourtant été définies deux ans auparavant par la Fondation nationale de l’Indien (FUNAI) et publiées dans le Journal officiel. La signature présidentielle risque de provoquer un accroissement des violences dont les indigènes et les organisations qui les défendent ont déjà fait l’objet.

Le gouvernement a réalisé fin janvier divers remaniements ministériels. L’adhésion du Parti du mouvement démocratique brésilien (PDMB), un parti du centre, à la coalition gouvernementale a été suivie de la désignation de deux ministres issus de ses rangs. La coalition représente désormais plus de 70% des 2 chambres législatives. Les ministères de la Sécurité alimentaire et de l’Assistance sociale ont été regroupés pour former le ministère du Développement social et du combat contre la faim, chargé de la gestion du programme « Faim zéro » et de la Bourse-famille – aide aux familles qui bénéficie déjà à 3,6 millions de familles et prétend atteindre 11,4 millions de familles en 2006.

Le président Luiz Inácio Lula da Silva était en voyage en Inde du lundi 26 au mercredi 29 janvier. L’objectif est, selon Lula, de construire une « nouvelle géographie commerciale » en créant d’autres alternatives que le commerce avec les pays riches, en réduisant les dépendances et en unissant les pays en voie de développement pour négocier dans de bonnes conditions les accords mondiaux ou régionaux. Le résultat le plus visible de la visite a été la signature de l’Accord de base d’accès aux marchés qui établit la concession de préférences douanières entre l’Inde et le Marché commun du Sud (MERCOSUR – Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay). Cinq autres accords, sur la coopération spatiale, le rapprochement culturel et touristique ont aussi été signés. En parallèle étaient menées des négociations entre chefs d’entreprise brésiliens et indiens.

Février 2004

Le gouvernement du président Luiz Inácio Lula da Silva est confronté à une grave crise après la publication d’un reportage révélant l’obtention illégale de financements durant les campagnes électorales de 2002. Waldomiro Diniz, sous-secrétaire aux affaires parlementaires du ministère de Coordination politique, impliqué dans le scandale, a dû remettre sa démission, vendredi 13 février. Ce dernier avait été, lors des négociations avec des parlementaires durant l’année 2002, le conseiller de confiance de José Dirceu, ministre chef de la Maison civile de la Présidence (l’équivalent brésilien du premier ministre), et bras droit de Lula. Le ministre chef de la Maison civile subit lui aussi de fortes pressions, mais le président a décidé de le maintenir à son poste. Le scandale vient entacher la réputation du Parti des travailleurs (PT), qui a toujours revendiqué son intégrité. Il risque aussi d’accentuer la perte de cohésion du parti, les divisions de la majorité, et de renforcer l’opposition croissante à la gestion économique du gouvernement. Le Sénat s’apprête à créer, contre la volonté du PT, une Commission parlementaire d’investigations (CPI) sur les bingos (« casinos » consacrés à un type de loterie), ce qui pourrait contribuer à amplifier le scandale : l’affaire impliquant Waldomiro Diniz serait en effet le premier cas analysé.

Mars 2004

Après le départ du président haïtien Jean-Bertrand Aristide, le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé d’envoyer sur place une force multinationale pour maintenir l’ordre et assurer la transition pendant 3 mois. Le Brésil a décidé d’envoyer des troupes pour participer à la « force de stabilisation » de l’ONU, la revendication brésilienne d’un siège permanent au Conseil de sécurité n’allant pas sans une participation accrue aux affaires internationales.

Un Plan d’action pour la prévention et le contrôle de la déforestation en Amazonie a été annoncé par le gouvernement, lundi 15 mars, et publié mardi 16. Ce Plan, de 156 pages, cherche à lutter contre les principaux facteurs de la déforestation accélérée de l’Amazonie – en août 2002, 15,7% de la superficie forestière initiale avait déjà été privée de sa végétation. Des groupes de défense de l’environnement coïncident avec le diagnostic proposé par le Plan, tout en déplorant un manque d’efficacité des solutions envisagées.

Joenia Batista de Carvalho, première avocate indigène brésilienne et représentante du Conseil indigène de Roraima (CIR) a déposé, lundi 29 mars, une plainte contre le gouvernement brésilien devant la Commission des droits humains de l’Organisation des États américains (OEA). La porte-parole des communautés indigènes de la réserve Raposa Sierra do Sol, située dans l’État septentrional de Roraima, à la frontière du Venezuela et de la Guyane, reproche au gouvernement brésilien de n’avoir toujours pas homologué la réserve malgré ses promesses répétées de le faire.

Avril 2004

Conformément à ses déclarations, le MST (Mouvement des sans-terre) a multiplié les occupations de terres improductives depuis la fin mars, le mouvement de mobilisation culminant le samedi 17 avril, journée internationale de la lutte paysanne, avec l’organisation de grandes manifestations dans les capitales des Etats brésiliens.

La popularité de Luiz Inácio Lula da Silva est en forte baisse, principalement du fait du mécontentement croissant au sujet de la politique économique du gouvernement. Le président a finalement décidé de fixer le nouveau salaire minimal à 260 reales (88 dollars), soit seulement 8,3% de hausse – 3,4% en valeur réelle –, en dépit des promesses de doubler sa valeur d’ici à 2006. La décision a été fortement critiquée par les principales centrales syndicales. Le salaire minimum constitue la rémunération des 2/3 des plus de 20 millions de retraités. Chaque hausse fait donc peser un poids important sur le budget de l’Etat.

Lundi 26 avril, l’OMC (Organisation mondiale du commerce) a condamné les subventions états-uniennes sur le coton, validant ainsi le recours présenté par le Brésil. La décision devra être confirmée le 16 juin, et les Etats-Unis pourront faire appel. C’est cependant un premier pas important dans le cadre de la lutte des pays en développement (G-20) contre les subventions agricoles des pays du Nord (Etats-Unis, Union européenne, Japon).

Juin 2004

Le refus du Sénat de fixer le nouveau salaire minimum à 83 dollars, comme le proposait le gouvernement, constitue la plus grande défaite politique du président Luiz Inácio Lula da Silva depuis son accession au pouvoir. La valeur de 88 dollars fixée, vendredi 18 juin, par la Chambre Haute représente en outre une formidable charge supplémentaire pour le système de prévision social brésilien, déjà déficitaire. Le salaire minimum sert en effet de base à tous les réajustements des prestations de la sécurité sociale.

Juillet-août 2004

Mercredi 19 août, le Tribunal fédéral suprême (STF pour son sigle en portugais), a déclaré constitutionnel le prélèvement de cotisations de retraite aux fonctionnaires à la retraite. La mesure fait partie de la réforme du système des retraites votée l’année dernière, et qui fixe la cotisation à 11% des montants des retraites. La victoire du Pouvoir exécutif est cependant relative : ne devront cotiser que les retraités gagnant plus de 2508 réals, soit 835 dollars, le double du plafond fixé par le gouvernement. L’Etat s’assure ainsi un revenu de presque 1000 millions de réals par an (330 millions de dollars), ce qui devrait diminuer le déficit du système des retraites et pensions, facteur principal du déséquilibre budgétaire.

Septembre 2004

Le Brésil est plongé dans un vaste mouvement de grèves en ce début de 2ème semestre. Les salariés considèrent que la reprise économique est favorable au renouveau des revendications, après 10 ans de réduction du pouvoir d’achat. Les fonctionnaires du Pouvoir judiciaire de l’Etat de São Paulo ont repris le travail fin septembre, après 91 jours d’arrêt des activités – ils ont obtenu une augmentation de salaire de 14,5%. Les employés bancaires ont décidé de prolonger leur grève initiée il y a deux semaines et les salariés de la compagnie aérienne VASP ont fait grève mardi 28 et mercredi 29 septembre pour réclamer le paiement de leurs arriérés de salaire.

Octobre 2004

Le second tour des élections municipales s’est soldé par une victoire du PSDB (Parti de la social-démocratie brésilienne) de l’ancien président Fernando Henrique Cardoso dans les régions les plus riches, notamment au sud du pays, et par la victoire du PT (Parti des travailleurs) dans les régions les plus pauvres, comme dans le nord et le nord-est. À São Paulo, le vote des secteurs centraux de la ville, plus riches, a, de la même façon, favorisé la victoire de José Serra, le candidat du PSDB et ancien candidat présidentiel en 2002, contre Marta Suplicy, candidate du PT qui a obtenu le soutien massif des périphéries. Si le PT a perdu la mairie de Porto Alegre, après 16 ans au pouvoir, le nombre de mairies qu’il contrôle désormais passe de 187 à 409 (le nombre de celles contrôlées par le PSDB passe de 996 à 871.) Un autre phénomène notable est la croissance de petits partis de gauche. Le Parti populaire socialiste (PPS), issu de l’ancien parti communiste, a conquis la mairie de Porto Alegre, ainsi que diverses mairies de grandes villes. Le Parti démocrate travailliste, qui a rompu avec Lula l’année dernière, et le Parti socialiste brésilien, qui fait toujours partie de la coalition autour du PT, ont chacun gagné dans 3 capitales.

Novembre 2004

Vendredi 12 novembre, lors de la visite du président chinois, Hu Jintao, Luiz Inácio da Silva, son homologue brésilien, a finalement reconnu la Chine comme une « économie de marché ». Membre de l’OMC depuis 2001, en tant qu’économie qui n’est pas « de marché », la Chine peut pour cela faire plus facilement l’objet de restrictions et de mesures antidumping de la part des autres pays. Le Brésil se joint ainsi aux plus de 20 pays qui ont déjà reconnu à la Chine le statut d’économie de marché, obéissant ainsi à des intérêts commerciaux. De fait, la concession a eu comme contrepartie la signature de 10 accords destinés à développer le commerce bilatéral. Ces accords bénéficient notamment au secteur de l’agroalimentaire brésilien et prévoient une forte augmentation des investissements et du tourisme chinois au Brésil.

La visite officielle du président russe, Vladimir Poutine, du 21 au 23 novembre, cherche à développer le commerce bilatéral, aujourd’hui limité à quelques produits et à renforcer la coopération, notamment en matière de technologie aérospatiale.

Décembre 2004

Le gouvernement brésilien a annoncé fin novembre que, conformément à la législation brésilienne qui autorise la suspension du monopole d’un brevet pharmaceutique en cas d’urgence sanitaire, notamment pour lutter contre le sida, il commencerait à produire, à partir du second semestre 2005, certains des médicaments antirétroviraux. La décision vise à maintenir le programme de traitement gratuit pour les malades du sida dont le coût a fortement augmenté durant les dernières années. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) avait reconnu il y a quelques années la légitimité d’une telle pratique, après une campagne menée par les pays en voie de développement et diverses ONG (organisations non-gouvernementales). Le gouvernement paiera les droits de propriété intellectuelle, mais la production nationale permettra de réduire les coûts.

Un décret du gouvernement brésilien, publié vendredi 10, fixe des délais de 5, 10, 20 et 30 ans, reconductibles une fois, pour la déclassification des archives de la dictature militaire (1964-1985), les délais variant selon la nature des documents. La décision annule un décret signé en 2002 par le président d’alors, Fernando Henrique Cardoso (1995-2003), qui fixait à 50 ans, reconductibles de manière illimitée, le délai de communication au public des documents touchant à la sécurité de l’Etat. Les organisations de défense des droits humains et les familles des victimes ont durement critiqué la décision gouvernementale.

Rédaction : Nicolas Pinet.
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