Chili

Population

15 823 957 (estimation juillet 2004)

Superficie (en km2)

756 950

Groupes ethniques

blancs et métisses 95%, indigènes 3%, autres 2%

Religions

catholiques romains 89%, protestants 11%, juifs

Chef de gouvernement

Président Ricardo LAGOS ESCOBAR (depuis le 11 mars 2000)

Taux de croissance

3,3% (estimation 2003)

PIB par habitant (en US$)

9 900 (estimation 2003)

Taux de mortalité infantile

9,05‰

Alphabétisme
(Hommes / Femmes de plus de 15 ans sachant lire et écrire)

96,2% (96,4% / 96,1%) (estimation 2003)

Chômage

8,5% (estimation 2003)

Population
sous la ligne de pauvreté

20,6% (estimation 2000)

Janvier 2004

Dans une déclaration du 15 janvier, le commandant en chef de l’armée depuis mars 2002, Juan Emilio Cheyre, critiquait ouvertement le pouvoir législatif pour son manque de célérité dans le traitement des 3 projets de loi sur les droits humains présentés par le président Ricardo Lagos en novembre et qui rencontrent l’opposition plus ou moins marquée de l’Association des familles de détenus-disparus (AFDD), et de secteurs du Parti socialiste (PS) et du Parti pour la démocratie (PPD), tous deux membres de la coalition gouvernementale. Le président Lagos a ordonné d’accélérer la procédure et les projets de loi seront présentés par le pouvoir exécutif à la rentrée de mars avec un caractère d’ « extrême urgence », ce qui oblige les deux chambres à traiter la question en un mois.

Février 2004

Le parlement sud-coréen a ratifié, lundi 16 février, le traité de commerce avec le Chili, souscrit par les deux gouvernements le 15 février 2003. Le parlement chilien avait fait de même en janvier. Le traité entrera en vigueur le premier avril, et prévoit une ouverture progressive des marchés d’ici à 5 ans. C’est le premier accord entre un pays latino-américain et un pays asiatique. Le gouvernement chilien projette d’étendre cette ouverture vers l’Asie en négociant avec d’autres pays d’Extrême Orient.

Mars 2004

La décision du président, Ricardo Lagos, d’envoyer des troupes pour participer à la force multinationale de paix en Haïti a finalement été ratifiée par le Sénat, par 34 voix contre 11, après 4 heures de débat. La décision a été fortement critiquée des deux côtés de l’échiquier politique pour des raisons à la fois politiques – volonté de distanciation vis-à-vis d’une « démission » peu claire – et constitutionnelles – divers sénateurs ont déploré la façon dont le président a imposé une décision prise de manière unilatérale et rappelé que le chef d’État ne peut envoyer de troupes à l’extérieur sans autorisation législative.

Mai 2004

Les présidents chilien, Ricardo Lagos, et paraguayen, Nicanor Duarte Frutos, ont signé, vendredi 14 mai, un accord qui prévoit l’octroi d’une zone franche de 1700 m² dans le port d’Antofagasta, au nord du Chili, pour le transit des exportations et importations paraguayennes. Pour la diplomatie chilienne, c’est une manière de répondre à la revendication bolivienne d’un accès à la mer, en montrant que des accords sont possibles lorsque les deux parties en ont la volonté.

Dans son annuel « message à la nation » du 21 mai, le président Ricardo Lagos a fait part de sa volonté de réformer en profondeur le système électoral actuel, mis en place en 1987 par le général Pinochet. Il entend promouvoir l’inscription automatique sur les registres électoraux et l’exercice volontaire du droit de vote, à l’inverse du système actuel, fondé sur l’inscription volontaire et le vote obligatoire. Actuellement, quelque 2 millions de jeunes de plus de 18 ans ne sont pas inscrits sur les registres électoraux (pour une population totale de 16 millions de personnes). Il a aussi appelé de ses vœux la suppression des sénateurs désignés ou nommés à vie, ainsi que du système « binominal » (sont élus deux représentants pour chaque district de députés et circonscription sénatoriale) qui favorise les grandes coalitions aux détriments de forces mineures comme le Parti communiste et les écologistes.

Vendredi 28 mai, la cour d’appel de Santiago a levé l’immunité d’Augusto Pinochet, aujourd’hui âgé de 88 ans, afin d’examiner sa responsabilité dans l’opération Cóndor. Si les avocats de la défense font appel, il reviendra à la Cour suprême de trancher.

Juin 2004

Vendredi 4 et samedi 5 juin se réunissaient à Pucón, au sud du Chili, les ministres du commerce des pays qui participeront au Forum de Coopération économique Asie-Pacifique (dit APEC, pour son sigle anglais) prévu pour novembre 2004, à Santiago. Etaient notamment présents le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et le responsable du commerce états-unien, Robert Zoellick. Parallèlement s’est tenue une rencontre intitulée « Le peuple mapuche et les organisations sociales contre l’APEC ».

Un projet rendant obligatoire la publication des 143 lois secrètes promulguées pendant la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1990) a été approuvé, mardi 15 juin, par 101 votes en faveur et une abstention par la chambre des députés. Avant d’être ratifié par le Sénat, le projet devra cependant repasser par la commission de défense du Parlement qui avait approuvé le projet en mai tout en maintenant secrètes 32 lois, considérant que leur divulgation affecterait la sécurité du pays. Viviana Díaz, la secrétaire générale de l’Association des parents de détenus-disparus, a exprimé sa satisfaction au sujet du vote et demandé que soient rendues publiques l’ensemble des lois de la dictature.

Juillet-août 2004

L’enquête judiciaire sur le réseau de pédophilie dirigé par le chef d’entreprise Claudio Spiniak a impliqué, début juillet, l’actuel maire démocrate-chrétien de Valparaiso, Hernán Pinto. Le maire, réélu en octobre 2000 avec une confortable majorité, a été suspendu de ses fonctions de militant et devra abandonner l’idée d’une nouvelle candidature.

Le Washington Post du 15 juillet a publié un rapport du sénat états-unien révélant l’existence de comptes secrets d’Augusto Pinochet auprès de la banque Riggs, et dont le montant s’élève à plusieurs millions de dollars. Deux magistrats chiliens, Sergio Muñoz et Juan Guzmán, ont été chargés d’enquêter sur les pistes locales des opérations bancaires de Pinochet avec la banque Riggs, pour le premier, et sur la fortune accumulée par l’ancien dictateur, pour le second. Le 26 août, la Cour suprême prenait en outre la décision de relever l’ex-général de son immunité pénale dans l’enquête qui cherche à établir sa responsabilité dans le Plan Condor, un dispositif de coordination de la répression à l’échelle du Cône sud durant les années 70 et 80. La sentence, prise par 9 voix contre 8, vient confirmer la décision prise en première instance par la Cour d’appel de Santiago, le 28 mai 2004, et met fin à l’immunité qu’avait conférée jusque là à l’ancien général le diagnostic d’un début de démence sénile.

Lundi 12 juillet, le Chili célébrait le centenaire de la naissance de Pablo Neruda. L’anniversaire a été l’occasion de nombreuses commémorations dans le pays et à l’extérieur.

Septembre 2004

Jeudi 30 septembre, les forces armées chiliennes rendaient hommage au général Carlos Prats, à l’occasion du 30ème anniversaire de son assassinat à Buenos Aires, un an après le coup d’Etat du 11 septembre 1973. Commandant en chef des forces armées entre octobre 1970 et août 1973 et partisan du respect de la constitution, il présenta sa démission le 23 août 1973 après avoir fait l’objet d’attaques personnelles répétées. Il suggéra à Salvador Allende le nom d’Augusto Pinochet comme potentiel successeur digne de confiance. Jeudi 30 toujours, l’ancien dictateur était soumis à des examens psychiatriques pour déterminer si son état de santé permettait son inculpation dans le procès des crimes du Plan Condor, une opération de répression menée de façon conjointe par les différentes dictatures du Cône sud. De son côté, le Service des impôts a présenté une plainte contre l’ancien général auprès du juge Sergio Muñoz pour évasion et fraude fiscales et les avocats Carmen Hertz et Alfonso Insunza ont fait de même avec une accusation d’enrichissement illicite.

Octobre 2004

Les élections municipales du dimanche 31 octobre, qui étaient aussi l’occasion pour la Concertation (coalition de centre-gauche) et l’Alliance pour le Chili (coalition de droite) de mesurer leurs forces avant les présidentielles de 2006, ont été marquées par une nette victoire de la Concertation. La coalition au pouvoir a obtenu 205 mairies (44,79% des suffrages), contre 103 pour l’Alliance (38,65%). La victoire de la Concertation est encore plus marquée en ce qui concerne les conseillers municipaux (1 120 conseillers contre 877 – respectivement 47,91% et 37,66% des suffrages). Les indépendants ont obtenu 31 mairies (9,7%) et le pacte Juntos Podemos (Ensemble, c’est possible), alliance du Parti communiste et du Parti humaniste, 4 mairies (5,91%). L’Alliance pour le Chili a conservé de justesse la mairie de Santiago-centre.

Novembre 2004

Vendredi 5 novembre, le commandant en chef de l’armée chilienne, Juan Emilio Cheyre, reconnaissait dans une déclaration la responsabilité de l’armée dans les violations des droits humains qui ont suivi le coup d’Etat du 11 septembre 1973 : « L’armée chilienne a pris la décision difficile mais irréversible d’assumer les responsabilités qui, en tant qu’institution, lui correspondent dans tous les actes punissables et moralement inacceptables du passé ». « Les violations des droits humains ne peuvent jamais avoir, pour personne, une justification éthique. » La déclaration a été qualifiée de geste « historique » par le président Lagos et accueillie avec prudence par les familles des victimes de la répression.

L’intervention de Cheyre a eu lieu la veille de la remise du rapport de la Commission sur la torture et la prison au président Lagos. La Commission, créée le 11 novembre 2003 et présidée par l’évêque catholique Sergio Valech, ancien vicaire de la solidarité, a recueilli 35 000 témoignages dans tout le pays, pour établir les degrés de participation des diverses institutions chargées de la répression ainsi que des organes militaires et policiers. Le rapport, remis le 6 novembre et maintenu secret dans un premier temps, a été rendu public dimanche 28.

La deuxième salle de la Cour suprême de justice a rejeté à l’unanimité le recours en cassation présenté par le général à la retraite, Manuel Contreras, chef de la DINA (police politique) entre 1973 et 1978 et quelques autres hauts responsables des organismes répressifs. Le recours faisait appel des condamnations prononcées contre eux en s’appuyant sur la décret-loi d’amnistie de mars 1978. La décision de la Cour suprême, prise à la mi-novembre, confirme l’interprétation de la loi qui affirme le caractère permanent du délit de séquestration, jusqu’à l’apparition de la victime, vivante ou morte.

Le premier Forum social chilien, organisé parallèlement au sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC pour son sigle anglais) à Santiago le 19, 20 et 21 décembre a été considéré comme un succès par ses organisateurs. La manifestation initiale de rejet du sommet de l’APEC et de la présence au Chili du président états-unien récemment réélu, George W. Bush, a convoqué quelque 40 000 personnes, se transformant ainsi en une des plus grandes manifestations de ce type depuis le début des années 1990. Environ 7 500 personnes se sont inscrites pour participer aux activités organisées par 200 organisations de la société civile durant le samedi et le dimanche.

Décembre 2004

Jeudi 9 décembre, plus de 31 ans après l’assassinat du chanteur-compositeur Víctor Jara, le juge Juan Carlos Urrutia a mis en examen le lieutenant-colonel Mario Manríquez Bravo, qui fut responsable du camp de prisonniers établi à l’intérieur du Stade Chili, à Santiago, après le coup d’Etat du 11 septembre 1973. En 2003, le stade a été rebaptisé Stade Víctor Jara, en l’honneur du chanteur assassiné le 16 septembre 1973, après avoir été sauvagement torturé.

Accusé d’être l’auteur de 9 enlèvements et un homicide dans le cadre du Plan Condor, un dispositif de coopération répressive entre les différentes dictatures d’Amérique latine dans les années 70 et 80, Augusto Pinochet a été mis en examen lundi 13 décembre par le juge Juan Guzmán, qui a aussi ordonné sa détention à domicile. L’avocat de la défense, Pablo Rodríguez, a immédiatement fait appel de la décision, arguant de la démence sénile de l’ancien dictateur. Lundi 20 décembre, la Cour d’appel ratifiait à l’unanimité le mandat d’arrêt. La défense a alors déposé un recours devant la Cour suprême, qui devrait statuer début janvier. Samedi 18, juste avant que la Cour d’appel ne fasse connaître son verdict, Augusto Pinochet avait été victime, selon le directeur de l’hôpital militaire de Santiago, d’un « accident cérébro-vasculaire » qui avait motivé son hospitalisation.

Rédaction : Nicolas Pinet.
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