Colombie

Population

42 310 775 (estimation juillet 2004)

Superficie (en km2)

1 138 910

Groupes ethniques

métisses 58%, blancs 20%, mulâtres 14%, Afro-Colombiens 4%, descendants métisses d’Afro-Colombiens et d’indigènes 3%, indigènes 1%

Religions

catholiques romains 90%

Chef de gouvernement

Président Álvaro URIBE VELEZ (depuis le 7 août 2002)

Taux de croissance

3,7% (estimation 2003)

PIB par habitant (en US$)

6 300 (estimation 2003)

Taux de mortalité infantile

21,72‰

Alphabétisme
(Hommes / Femmes de plus de 15 ans sachant lire et écrire)

92,5% (92,4% / 92,6%) (estimation 2003)

Chômage

14,2% (estimation 2003)

Population
sous la ligne de pauvreté

55% (2001)

Janvier 2004

L’arrestation du commandant guérillero Simon Trinidad (Ricardo Palmera) à Quito (Equateur), vendredi 2 janvier a été présentée par les médias colombiens comme un coup dur porté aux Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Trinidad ne faisait cependant pas partie de l’État-major central, de 31 membres, ni encore moins du Secrétariat national, organe exécutif composé de 7 membres. Dans la hiérarchie propre à la guérilla, il représentait l’équivalent d’un lieutenant colonel. En avril 2002, il avait été inclus dans la « circulaire rouge » d’Interpol, la police internationale, au onzième rang de la liste d’une vingtaine de chefs des FARC faisant l’objet d’un mandat d’arrêt international.

La réforme de la fiscalité, approuvée le 29 décembre 2003, et réglementée par le président Alvaro Uribe courant janvier, augmente l’impôt sur les transactions bancaires, l’impôt sur le revenu (en en baissant le plafond) et établit une taxe sur les patrimoines de plus d’un million de dollars. La réforme doit permettre, en accord avec le Fonds monétaire international (FMI), de ramener le déficit fiscal de 2,8% du Produit intérieur brut (PIB) en 2003 à 2,5%. La réforme affectera en particulier la classe moyenne et les salariés : le plafond de l’impôt sur le revenu a été ramené de 53 000 à 28 600 dollars annuels.

Février 2004

Le président colombien, Alvaro Uribe, était en visite officielle dans l’Union européenne à la mi-février. Divers groupes de la société civile, des syndicats notamment – dénonçant le fait que durant la seule année 2003, 72 activistes syndicaux colombiens ont été assassinés, sans que les coupables n’aient été jugés –, ainsi que plusieurs dizaines de parlementaires européens ont exprimé leurs critiques et leur préoccupation concernant la situation des droits humains en Colombie. Il a cependant obtenu le soutien des hauts fonctionnaires européens.

Mars 2004

Fin mars, la reprise de violents combats entre guérilleros des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) et paramilitaires dans le département du Chocó, à la frontière avec le Panama a contraint plus de 1200 indigènes Emberá à quitter leur lieu de vie.

Avril 2004

Le texte adopté fin avril par la Commission des Nations unies pour les droits humains au sujet de la Colombie est exceptionnellement sévère à l’égard du gouvernement colombien, auquel il reproche notamment la concession des facultés de police judiciaire aux forces armées, et l’élaboration d’un projet de loi octroyant l’immunité aux groupes paramilitaires qui accepteraient de se reconvertir. La politique suivie va à l’encontre des recommandations émises par la Commission en 2003.

La disparition du chef paramilitaire colombien, Carlos Castaño, 6 jours avant que la Cour suprême de justice n’initie l'étude de sa possible extradition vers les Etats-Unis, où il est poursuivi pour trafic de drogue, pose une série de questions. Il a disparu le 16 avril dans une zone contrôlée par les militaires et les paramilitaires de droite des Autodéfenses unies de Colombie (AUC), après une fusillade nourrie. Fin avril, l’hypothèse d’un assassinat semblait progressivement s’imposer : son arrestation aurait pu donner lieu à des déclarations très embarrassantes sur la collaboration entre l'armée et les paramilitaires de droite.

Mai 2004

Après 18 mois de négociation infructueuse, le plus grand syndicat colombien, l’Union syndicale ouvrière de l’industrie du pétrole (USO) a initié une grève au sein de l’entreprise pétrolière publique Ecopetrol le 22 avril. Le lendemain, le gouvernement déclarait la grève illégale, arguant du statut de service public de l’entreprise. Les grévistes reprochent au gouvernement d’attenter contre les intérêts de la principale entreprise nationale colombienne et donc du pays. En juin 2003, celui-ci a en effet enlevé à Ecopetrol le contrôle des hydrocarbures de propriété nationale, ce qui lui permettait de vérifier les volumes extraits par les compagnies étrangères. Il a aussi décidé de convertir l’entreprise nationale en une société par actions.

Juin 2004

La presse colombienne commence à évoquer la mise en place d’une vaste opération militaire, nommée Plan Patriote, destinée à lutter contre la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) dans le sud du pays. Selon les informations diffusées par la presse, l’opération s’appuierait sur quelque 17 000 soldats colombiens entraînés, conseillés et équipés par des instructeurs états-uniens. Le Bureau de Washington sur l’Amérique latine (Washington Office on Latin America – WOLA) a envoyé le 14 mai un mémorandum au Congrès états-unien déclarant que « le Plan Patriote marque l’entrée des Etats-Unis dans une nouvelle phase, plus intense, de participation militaire dans le conflit armé colombien ». L’organisation, qui fait campagne auprès du Congrès pour qu’il n’autorise pas une augmentation de la présence militaire états-unienne en Colombie, affirme que, à la différence du Plan Colombie, le Plan Patriote, exclusivement militaire, ne prévoit pas d’amplifier la lutte antidrogue qui justifiait la participation états-unienne.

Juillet-août 2004

Plus de 100 000 hectares de terres, fruits de l’expropriation de trafiquants de drogue ou d’achats par le gouvernement, devraient passer dans les 4 années à venir aux mains de paysans et de déplacés dans le cadre de ce qui se veut une nouvelle réforme agraire.

Le gouvernement colombien espère démobiliser d’ici à fin 2005, 14 000 paramilitaires, soient 95% des combattants que prétendent représenter les chefs assis à la table de négociation. Pour assurer la sécurité des responsables des Autodéfenses unies de Colombie (AUC), le gouvernement a établi une « zone de résidence » de 368 kms à Santa Fe de Ralito. La zone, où a été initié formellement le dialogue début juillet, est contrôlée par 400 paramilitaires armés et sous la surveillance de l’armée colombienne. L’accord qui sert de base aux négociations prévoit la fin des hostilités de la part des paramilitaires, ainsi que la permanence des leaders au sein de la zone de résidence. En échange, les autorités s’abstiendront de les poursuivre en justice. Salvatore Mancuso, l’autorité maximum des AUC, Iván Roberto Duque Gaviria, alias « Ernesto Báez » et Ramón Isaza, trois des hommes les plus recherchés par la justice colombienne ont été autorisés par le gouvernement à quitter pendant 48 heures la zone de résidence pour venir s’exprimer devant le Congrès, mercredi 28 juillet. Salvatore Mancuso a déclaré qu’ils ne pouvaient pas être condamnés à des peines de prison pour leurs délits de trafic de drogue et les violations de droits humains, mais qu’il devrait y avoir cependant « réparation » pour les dégâts provoqués. Pendant ce temps, quelque 2 000 personnes manifestaient à l’extérieur pour réclamer justice et réparation. 60 autobus avaient aussi amené des personnes depuis El Llano, au sud de Bogotá, pour manifester sur cette même place en faveur des paramilitaires.

Un rapport de 1991 de l’Agence d’Intelligence de la Défense (DIA), organisme dépendant du Pentagone, impliquant l’actuel président Uribe dans le trafic de drogue, a été diffusé le 1er août par les Archives de sécurité nationale (NSA) de l’Université George Washington. Le 2 août, un porte-parole du département d’Etat états-unien, Adam Ereli intervenait pour désapprouver les accusations faites contre le président colombien. Selon lui, il n’y a pas d’informations crédibles qui permettent de corroborer l’affirmation et le rapport de 1991 n’avait pas été évalué par les autorités de l’Intelligence.

Septembre 2004

A la mi-septembre, une marche indigène ayant pour destination la ville de Cali, au sud-ouest du pays, a parcouru plus de 100 kms et réuni plus de 65 000 personnes. La marche, qui prenait la forme d’un congrès itinérant et s’arrêtait dans chaque localité pour siéger et débattre, avait été convoquée par le peuple Nasa pour, d’une part, protester contre la proposition de réforme constitutionnelle qui doit permettre la réélection du président Alvaro Uribe et, d’autre part, rejeter les traités de libre-échange dont les négociations sont en cours. Communautés noires, paysans et syndicalistes ont répondu à la convocation et participé à la marche.

Octobre 2004

Une Décision signée par l’Organisation nationale indigène de Colombie (ONIC) et l’Association des autorités indigènes de Colombie (AICO), qui réunit les « sages anciens », chefs spirituels des 90 peuples originaires colombiens, a fait savoir, début octobre, que les indigènes colombiens se refusent à recevoir des crédits ou des prêts, du BID (Banque interaméricaine de développement) notamment, ou tout type d’aide qui mettrait en danger leur diversité, leurs territoires, leur patrimoine culturel, leur sagesse ancestrale et la « cosmovision propre à chaque communauté ». Ils refusent d’être « impliqués dans les marchés formels, les circuits financiers ou l’économie de marché ». Ils acceptent par contre toute donation qui favorise leurs « processus d’organisation », l’affirmation de leur « autonomie et de leur identité » et la préservation de leurs « territoires, garanties et droits ». Ils acceptent aussi « la création de fonds spéciaux qui répondent aux exigences des peuples indigènes » en fonction de leurs « plans de vie », élaborés par chaque communauté réunie en assemblée, et qui correspondent à ce que la « culture occidentale » nomme « plans de développement ».

Novembre 2004

Le président colombien Alvaro Uribe a reçu Hugo Chávez, président du pays voisin, début novembre à Cartagena de Indias. La rencontre avait été organisée pour discuter plus avant des projets de gazoducs et oléoducs transfrontaliers qui doivent être construits dans les années à venir pour relier les zones productrices du côté atlantique avec les zones consommatrices du Pacifique asiatique et américain. Alors que les deux gouvernements font montre de fortes divergences politiques, leurs intérêts convergent pour ce qui est de la réalisation de projets touchant au transport du pétrole et du gaz naturel.

Décembre 2004

Des parlementaires de différents partis cherchent à promouvoir un projet de loi de vérité, justice et réparation destiné à réguler le processus de démobilisation des paramilitaires. Mais, si la loi passe, elle n’entrera pas en vigueur avant 6 mois et ne sera pas rétroactive. Dans l’intervalle, quelque 6000 paramilitaires, la moitié des effectifs présumés, devraient être démobilisés sans être inquiétés pour leurs actions passées. Le gouvernement cherche à démobiliser l’ensemble de ces troupes irrégulières d’ici à fin 2005.

Rédaction : Nicolas Pinet.
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