Haïti

Population

7 656 166 (estimation juillet 2004)

Superficie (en km2)

27 750

Groupes ethniques

Afro-Haïtiens 95%, mulâtres et blancs 5%

Religions

catholiques romains 80%, protestants 16% (baptistes 10%, pentecôtistes 4%, adventistes 1%, autres 1%), autres 3%, sans religion 1% (1982). Un peu moins de la moitié de la population pratique le Vodou.

Chef de gouvernement

Président par intérim Boniface ALEXANDRE (depuis le 29 février 2004)

Taux de croissance

0% (estimation 2003)

PIB par habitant (en US$)

1 600 (estimation 2003)

Taux de mortalité infantile

74,38‰

Alphabétisme
(Hommes / Femmes de plus de 15 ans sachant lire et écrire)

52,9% (54,8% / 51,2%) (estimation 2003)

Chômage

chômage et sous-emploi largement répandus – plus de 2/3 des actifs n’ont pas d’emploi formel (estimation 2002)

Population
sous la ligne de pauvreté

80% (estimation 2003)

Février 2004

Dimanche 29 février, le président haïtien Jean-Bertrand Aristide démissionnait et quittait son pays vers l’Afrique, après plusieurs semaines d’affrontements ayant provoqué plus de 80 morts et devant l’avancée des rebelles cherchant à prendre le pouvoir. Le Front révolutionnaire de libération nationale a continué son avancée atteignant Puerto Principe lundi 1er mars. Les rebelles sont d’anciens membres de l’armée qui avait réalisé en 1991 un coup d’État sanglant contre Aristide. La Communauté du Caraïbe (CARICOM) s’est réuni mardi 2 mars lors d’un sommet d’urgence pour analyser la situation.

Mars 2004

Le 29 février, le président haïtien Jean-Bertrand Aristide quittait son pays vers Bangui, capitale du Centrafrique dans des circonstances peu claires. Avant de quitter Bangui pour Kingston, la capitale de la Jamaïque, l’ancien président a fait déposer une plainte devant un tribunal français, accusant les gouvernements états-uniens et français de l’avoir forcé à l’exil dans une sorte de coup d’État feutré. Le premier ministre jamaïquain, Percival Patterson a justifié sa décision d’accueil par des raisons humanitaires : l’ancien président haïtien pourra se réunir avec sa famille et décider avec elle de leur futur lieu de séjour. Le premier ministre intérimaire haïtien, Gérard Latortue, a rappelé son ambassadeur à Kingston et annoncé qu’il allait reconsidérer sa relation avec la Communauté des Caraïbes (CARICOM) dont son pays est l’un des 15 membres.

Le nouveau premier ministre haïtien bénéficie du soutien des Etats-Unis, mais sa décision de n’inclure dans le gouvernement aucun membre du parti Lavalas, considéré comme le principal parti politique du pays – c’était aussi le parti de l’ancien président –, restreint considérablement sa base de soutien dans le pays.

La CARICOM a réclamé de manière réitérée que l’ONU réalise une enquête indépendante sur les conditions du départ de l’ancien président Aristide. L’ONU a fait savoir qu’elle était disposée à le faire si elle recevait une demande formelle allant en ce sens. Les Etats-Unis et la France font de leur côté pression sur la CARICOM pour éviter que celle-ci ne présente la demande.

Avril 2004

La Communauté des Caraïbes, réunie samedi 27 mars, a rejeté la demande du gouvernement états-unien de reconnaître le nouveau gouvernement installé après la chute de Jean-Bertrand Aristide. Elle s’est proposée de demander à l’assemblée générale de l’ONU d’ouvrir une enquête sur les conditions du départ du président Aristide en février 2004. Une première demande du même type, adressée au Conseil de sécurité – où la France et les Etats-Unis disposent du droit de veto – avait été accueillie froidement.

Mai 2004

Les pluies torrentielles de la dernière semaine de mai ont provoqué de graves inondations durant lesquelles sont mortes plus de 800 personnes alors qu’environ 13 000 sont portées disparues. Dans ces circonstances, l’aide économique promise par l’Union européenne, en particulier la France, les Etats-Unis, la Banque interaméricaine de développement (BID) et le Programme mondial d’alimentation de l’ONU est plus que jamais nécessaire. Mais les fonds arrivent lentement.

Juin 2004

Les 15 petits Etats des Caraïbes, regroupés au sein du CARICOM maintiennent leur exigence d’une enquête sur les conditions de la chute de l’ancien président haïtien. Mardi 8 juin, l’assemblée de l’Organisation des Etats américains (OEA), réunie du 6 au 8 juin à Quito, adoptait, sur leur proposition, une résolution qui ouvre la possibilité d’une enquête.

Un Cadre de coopération intérimaire (CCI) a été élaboré durant 6 semaines par un groupe d’experts dont la majorité provient d’institutions comme l’Agence pour le développement international, des Etats-Unis, et la Banque mondiale. Le plan, d’orientation économique néolibérale, propose des privatisations, l’installation de nouvelles zones franches, le développement du tourisme et des exportations agricoles. Ce document publié début juin servira de base aux discussions lors de la « Conférence d’engagement » qui se tiendra les 19 et 20 juillet à Washington et réunira des représentants du gouvernement d’Haïti et de la communauté internationale des donateurs.

Juillet-août 2004

Une conférence tenue à la mi-juillet dans les bureaux de la Banque mondiale à Washington s’est conclue sur l’annonce du montant des subventions qui seront finalement octroyées à Haïti pour couvrir son déficit budgétaire, commencer la restauration des services de base et relancer l’économie du pays. Haïti recevra 1 100 millions de dollars, 160 millions de plus de ce qui avait été demandé, sous la forme de prêts et de donations durant les deux prochaines années. Dans sa conférence de presse finale, le ministre haïtien de l’économie et des finances, Henri Bazin, a remercié les donateurs et déclaré qu’il espérait que les engagements seraient honorés.

Septembre 2004

Des groupes d’anciens soldats de l’armée haïtienne, dissoute il y a 10 ans pour violations des droits humains, occupent depuis début septembre des commissariats et d’autres édifices publics à Petit-Goave, Cap-Haïtien, Saint-Marc, Hinche, ainsi que plusieurs autres localités du plateau central d’Haïti. Outre les groupes criminels, il y a désormais 3 corps armés sur l’île : les anciens soldats, la Police nationale haïtienne et les 2 750 casques bleus de l’ONU.

L’ancien président d’Haïti, Jean Bertrand Aristide continue à réclamer au gouvernement français le remboursement des 90 millions de francs-or qu’Haïti a dû verser à Paris entre 1838 et 1883 en compensation pour les investissements et les terres des colons français. Economistes et historiens considèrent que ce paiement est un des facteurs qui firent d’Haïti le pays le plus pauvre d’Amérique.

Octobre 2004

Le 30 septembre, date anniversaire du premier coup d’Etat contre Aristide, des centaines de personnes manifestèrent pour réclamer son retour et furent réprimées par la police. Les affrontements causèrent la mort de 3 ou 4 policiers et de quelques civils. Le lendemain, apparaissaient les corps décapités de 3 policiers et des partisans d’Aristide déclaraient qu’avait commencé « l’opération Bagdad » – en référence aux décapitations réalisées par des groupes armés en Irak – et qu’elle continuerait jusqu’au retour de l’ancien président au pouvoir. Depuis lors, les rues de Port-au-Prince, la capitale, sont le théâtre d’affrontements récurrents, qui ont déjà provoqué plus de 60 morts, dont 9 policiers. Les forces de l’ONU s’affrontent désormais directement avec les rebelles, souvent très bien armés. L’ambiance tendue et les combats font craindre une guerre civile.

Rédaction : Nicolas Pinet.
En cas de reproduction, mentionner la source Dial.