Venezuela

Population

25 017 387 (estimation juillet 2004)

Superficie (en km2)

912 050

Groupes ethniques

67% métisses, 21% blancs, 10% Afro-Vénézuéliens, 2% indigènes

Religions

catholiques romains se déclarant tels 96%, protestants 2%, autres 2%

Chef de gouvernement

Président Hugo CHÁVEZ FRIAS (depuis le 3 février 1999)

Taux de croissance

-9,2% (estimation 2003)

+18% (estimation 2004CEPAL)

PIB par habitant (en US$)

4 800 (estimation 2003)

Taux de mortalité infantile

22,99‰

Alphabétisme
(Hommes / Femmes de plus de 15 ans sachant lire et écrire)

93,4% (93,8% / 93,1%) (estimation 2003)

Chômage

18% (estimation 2003)

Population
sous la ligne de pauvreté

47% (estimation 1998)

Janvier 2004

Vendredi 23 janvier, des dizaines de milliers de manifestants, opposants et partisans du gouvernement d’Hugo Chávez, ont défilé dans les rues de Caracas pour accélérer le travail de vérification des signatures recueillies en vue de la convocation d’un référendum. Le président du Conseil national électoral (CNE), Francisco Carrasquero, déclarait ce même jour à des correspondants étrangers que la vérification prendra fin entre le 13 et le 17 février. Les sondages réalisés depuis la fin de la recollection des signatures font apparaître désormais une majorité de « ni-ni », de personnes qui ne sont ni chavistes convaincus, ni opposants fermes. Mardi 27, le CNE a fait connaître sa décision d’accepter que des observateurs de l’Organisation des États américains (OEA) et du Centre Jimmy Carter participent à la vérification des signatures collectées. Des représentants de l’un et l’autre camp surveillent aussi la révision.

Février 2004

Depuis le 27 février, des barricades ont été élevées dans une douzaine de quartiers de classe moyenne de Caracas ainsi que dans certaines villes de province, et les opposants au président Chávez s’affrontent avec violence aux forces de l’ordre déployées par le gouvernement. Les manifestants protestent contre la décision du Conseil national électoral (CNE) : par trois voix contre deux, ce dernier a choisi, mercredi 25 février, de placer en observation plusieurs centaines de milliers de signatures présentées en décembre par l’opposition pour demander un référendum sur le mandat présidentiel. Le CNE exprime des doutes quant à l’authenticité de ces signatures et donnera aux électeurs la possibilité de confirmer durant le mois de mars s’ils ont signé ou non. Une marche « de défense des signatures » a réuni des milliers d’opposants vendredi 27 février à Caracas, certains d’entre eux cherchant à pénétrer le périmètre de sécurité autour de la Conférence du Groupe des 15, s’affrontant à la Garde nationale. Dimanche 29, le président Chávez a réuni sur l’autoroute principale de Caracas quelque 150 000 partisans, venus des différentes régions du pays et affirmé son intention d’utiliser la fermeté. Le CNE cherche une issue à la crise, sur la base des propositions présentées par l’Organisation des États américains (OEA) et le Centre Carter.

Mars 2004

Mardi 2 mars, le Conseil national électoral (CNE) a annoncé dans un rapport préliminaire, que des 3 086 013 signatures présentées par l’opposition, 1 832 493 ont été considérées comme valides et 1 109 590 ont été mises en observation et devront être soumises à un processus de ratification. L’opposition devra donc ratifier 603 590 signatures pour obtenir les 20% des inscrits nécessaires à la convocation d’un référendum révocatoire. Le processus de réparation devait être organisé, fin mars, dans plus de 2000 centres répartis dans tout le pays, sous contrôle d’observateurs envoyés par l’Organisation des États américains (OEA) et le Centre Carter pour la paix.

Mercredi 3 mars, après plusieurs jours de manifestations, de blocages de rues et d’affrontements entre la Garde nationale et les opposants au président Chávez, qui manifestèrent d’abord pour faire pression sur le Conseil national électoral puis pour protester contre sa décision d’invalider une partie des signatures, les troubles ont progressivement cessé. Les affrontements ont provoqué au moins 7 morts, des dizaines de blessés et des centaines de détenus.

La Salle électorale du Tribunal suprême de justice a accepté, lundi 15 mars, un recours de protection présenté par la coalition de l’opposition, et annulé la décision du CNE concernant les signatures. Mais les partisans d’Hugo Chávez firent immédiatement appel de la décision devant la Salle constitutionnelle du même tribunal. Cette dernière, par 3 votes sur 5, ordonna alors de suspendre la décision de la Salle électorale, réclamant la remise immédiate du dossier d’instruction.

La préparation des élections régionales et municipales prévues pour le 1er août semble constituer un intermède dans les revendications de l’opposition en faveur du référendum. Mardi 23 mars, les candidats de l’opposition pour les 23 gouvernements des États et les 335 mairies du pays ont concouru aux bureaux du CNE pour s’y inscrire, après que les candidats de la majorité actuelle ont fait de même les jours précédents. L’opposition est divisée quant à l’attitude à tenir vis-à-vis de ces échéances, et considère que sa participation fait le jeu de la majorité en donnant l’apparence d’une démocratie qui fonctionne.

Avril 2004

Début avril, l’ambassadeur vénézuélien devant l’Organisation des États américains (OEA) a accusé une nouvelle fois les Etats-Unis d’ingérence dans les affaires internes de son pays.

Le Conseil national électoral a fixé aux 28, 29 et 30 mai la procédure de ratification des signatures considérées douteuses parmi les 3,5 millions de signatures réunies par la coalition de l’opposition pour convoquer un référendum révocatoire. Si l’opposition valide 525 118 signatures supplémentaires, le référendum sera organisé le 8 août. Le scrutin doit être organisé avant le 19 août pour que, en cas de défaite du président, il quitte son poste et que soient organisées de nouvelles élections. Après le 19, une défaite d’Hugo Chávez entraînerait son départ et remplacement par le vice-président désigné par celui-là. L’opposition a fait savoir, mercredi 28 avril, qu’elle acceptait la procédure.

Mai 2004

Dimanche 9 mai, les autorités vénézuéliennes arrêtaient 86 paramilitaires colombiens vêtus d’uniformes de l’armée vénézuelienne dans une propriété d’un membre de l’opposition, aux alentours de la capitale. Depuis lors, 16 autres Colombiens ont été arrêtés, plusieurs propriétés de chefs d’entreprise et de politiques liés à l’opposition ont été perquisitionnées et une dizaine d’officiers, dont 4 appartenant à l’armée d’active ont été arrêtés. Selon le gouvernement, les paramilitaires avaient été conduits aux environs de Caracas par des opposants extrémistes pour participer à une opération visant des installations militaires et divers fonctionnaires et dirigeants politiques. Pour certains dirigeants de l’opposition, anciens ministres de la défense et conducteurs de programmes télévisés, il s’agit d’un « show monté par Chávez » pour détourner l’attention du processus de référendum révocatoire de son mandat.

Du vendredi 28 au dimanche 30 mai était organisée la procédure de ratification des 1,2 million de signatures considérées douteuses par le Conseil national électoral. Quelque 2 600 centres répartis dans tout le pays étaient mis à la disposition des électeurs désirant ratifier leur signature s’ils font partie des 1,2 million de personnes dont la signature a été considérée comme douteuse, ou bien la retirer s’ils sont parmi les 1,9 million de personnes dont la signature a été validée. De la procédure, et du verdict final du Conseil national électoral, dépendra la convocation, ou non, d’un référendum révocatoire du mandat présidentiel d’Hugo Chávez en août 2005.

Juin 2004

Le Conseil national électoral (CNE) a fait savoir, jeudi 3 juin, que la coalition de l’opposition avait dépassé le quorum minimum de 2 436 083 signatures et que le référendum aurait donc bien lieu. La date en a été fixée au 15 août. La demande qui sera faite aux 12,5 millions d’électeurs sera la suivante : « êtes-vous d’accord de laisser sans effet le mandat populaire octroyé par le biais d’élections démocratiques légitimes au citoyen Hugo Rafael Chávez Frías comme président de la république bolivarienne du Venezuela pour la période présidentielle actuelle ? » Si le mandat de Chávez est révoqué, le vice-président, José Vicente Rangel, assumera le pouvoir et des élections seront organisées dans les 30 jours suivants.

Juillet-août 2004

Dimanche 15 août avait lieu le référendum par lequel les électeurs devaient décider de la permanence ou non d’Hugo Chávez à la présidence. La population est accourue massivement aux urnes. Le résultat, d’abord dénoncé par l’opposition accusant le gouvernement de fraude, mais confirmé par les observateurs de l’OEA (Organisation des Etats américains) et du centre Carter, fut de 58,93% de non – de refus de la révocation du mandat présidentiel – et 41,07% de oui. Le président restera donc en fonction jusqu’à la fin de son mandat, en janvier 2007.

Septembre 2004

Fort de sa victoire au référendum du 15 août, Hugo Chávez a annoncé la création de 3 nouveaux ministères dans le secteur socio-économique : un ministère du logement, un ministère de l’alimentation et un ministère du « pouvoir populaire » qui regroupe une vingtaine d’organismes publics chargés d’octroyer des crédits aux particuliers et aux entreprises. Le président a aussi exigé « l’application stricte de la Loi des terres contre le latifundio » et augmenté le budget destiné aux plans spéciaux d’alimentation, de santé et d’éducation, qu’il souhaite « convertir progressivement en institutions de base du nouvel Etat social ». La politique d’investissements publics met en avant 2 projets-phares, la création d’une nouvelle ligne aérienne, Conviasa, et d’une nouvelle compagnie de téléphone, CVG Telecom. Le prix de vente du pétrole, qui constitue 50% des revenus de l’Etat et se vend actuellement 50% plus cher que ce que le budget prévoyait, donne pour l’instant au gouvernement les moyens de sa politique.

Octobre 2004

Le vice-président vénézuélien, José Vicente Rangel, en visite à Moscou, a conclu une série d’accords de coopération économique et technologique et acheté 40 hélicoptères russes qui devraient être livré dans les mois qui viennent à l’armée vénézuélienne. Des compagnies russes ont fait part de leur projet d’investir 500 millions de dollars dans une usine d’alumine au sud-est du Venezuela et de participer par des apports de capitaux et de technologie à divers projets concernant notamment le pétrole et le gaz. L’initiative participe de la politique d’ « alliances stratégiques » avec la Russie et la Chine qu’entend développer le président Chávez.

Dimanche 31 octobre était organisée l’élection des gouverneurs des 22 Etats (sur 23) et de 333 mairies. Les résultats définitifs seront connus jeudi 4 novembre. Selon les résultats partiels communiqués par le CNE (Conseil national électoral), lundi 1er novembre, 20 des 22 gouverneurs élus seraient chavistes. En ce qui concerne les mairies, il n’y a pas encore de chiffres déterminés, mais diverses sources reconnaissent que sur les plus de 200 mairies détenues par l’opposition, un bon nombre va passer aux mains des chavistes. Dans le district de la capitale, Freddy Bernal, un proche d’Hugo Chávez, a été réélu, et la mairie principale de la ville est passée des mains de l’opposition aux mains des chavistes. Après une participation massive lors du référendum d’août, c’est l’abstention cette fois qui a été massive – plus de 55% des électeurs ne sont pas allés voter.

Novembre 2004

Le juge chargé de l’enquête sur le coup d’Etat manqué d’avril 2002, Danilo Anderson, est mort à la mi-novembre dans l’explosion de sa voiture qui avait été piégée avec des explosifs. Le président Hugo Chávez a alors annulé son voyage à San José de Costa Rica où il devait participer au Sommet ibéro-américain. Les présidents du Parlement, du pouvoir judiciaire, les autorités électorales, les députés et les dirigeants de tous les partis politiques, les medias, les porte-parole de l’Eglise catholique et l’armée se sont joints au gouvernement pour condamner l’attentat tout en demandant à la population de garder le calme.

Alí Rodriguez, qui était président de l’entreprise nationale Pétroles du Venezuela (PDVSA), a été nommé ministre des affaires étrangères. Pour le gouvernement, il s’agit de renforcer l’importance du pétrole dans la diplomatie vénézuélienne en impulsant une alliance stratégique avec l’Amérique latine et les Caraïbes, et en se préparant à un possible durcissement de la position états-unienne – Condoleezza Rice, la nouvelle secrétaire d’Etat de Washington travaillait elle aussi dans le secteur pétrolier. Le ministre de l’énergie, Rafael Ramírez, a pris la tête de PDVSA. Sa double fonction devrait favoriser un renforcement du contrôle du gouvernement sur l’entreprise, en lui permettant notamment d’utiliser certains de ses revenus pour des projets sociaux extrabudgétaires. « La nouvelle PDVSA sera un instrument au service des objectifs stratégiques que se propose l’Etat vénézuélien » a déclaré le nouveau président du groupe.

Le président Hugo Chávez a réalisé un voyage en Espagne, avant de continuer, mercredi 24, vers la Libye. La visite a été l’occasion de sceller une « alliance progressiste » avec le chef du nouveau gouvernement espagnol, le socialiste José Luis Rodríguez Zapatero et de poser les bases d’échanges commerciaux entre les entreprises des deux pays. Les déclarations de l’actuel ministre espagnol des affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, reprochant à l’ancien premier ministre José Maria Aznar, du Parti populaire, d’avoir soutenu la tentative de coup d’Etat d’avril 2002 contre le président vénézuelien ont déclenché une violente polémique au sein du monde politique espagnol. Le président Chávez a de son côté appuyé les dires du ministre.

Décembre 2004

Plusieurs centaines d’intellectuels et d’artistes d’une cinquantaine de pays se sont réunis début décembre à Caracas pour exprimer leur soutien au président Chávez, « passer à l’offensive contre l’impact dévastateur des actions impérialistes » dans le monde et affronter « la pensée unique de la globalisation néo-libérale, promue par la puissance hégémonique » (les Etats-Unis). Etaient notamment présents José Saramago, prix Nobel de la littérature en 1998, Adolfo Pérez Esquivel, autre prix Nobel (de la paix), le poète nicaraguayen – ancien prêtre et guérillero – Ernesto Cardenal, l’économiste brésilien Theotonio dos Santos, les écrivains espagnols Alfonso Sastre et Ramón Chau, le ministre cubain de la culture, Abel Prieto, le chanteur-compositeur cubain Pablo Milanés, l’acteur états-unien Danny Glover, Fidel Castro Díaz-Balart, le fils du président cubain, Ignacio Ramonet et Bernard Cassen, du Monde Diplomatique et d’Attac, respectivement.

Une nouvelle loi régulant le contenu des émissions de radio et télévision a été votée, mardi 8 décembre, grâce aux voix des 87 députés de la majorité (sur les 165 que compte l’Assemblée nationale). La Loi de responsabilité sociale à la radio et la télévision a été promulguée le lendemain par le président, avant de partir pour Cuzco (voir brèves du Mercosur). Le texte a rencontré l’opposition des patrons de la radio et de la télévision, qui, dans leur majorité sont plus proches de l’opposition, du Syndicat des travailleurs de la presse et d’organismes internationaux comme la Société interaméricaine de la presse, l’Association interaméricaine de radiodiffusion et Human Rights Watch, un organisme de protection des droits humains basé à Washington. Destinée notamment à protéger les enfants et adolescents des images de violence et de sexe qui abondent sur les chaînes de télévision, elle interdit aussi la diffusion de messages qui « promeuvent, font l’apologie ou incitent à la guerre, au délit ou à l’altération de l’ordre public, soient discriminatoires ou promeuvent l’intolérance religieuse, soient contraires à la sécurité de la nation ». Les critiques de la loi font valoir que les atteintes à la sécurité de la nation seront fonction des critères subjectifs et partisans des fonctionnaires de la Commission nationale des télécommunications et que la loi promeut la censure et l’autocensure : les responsables des émissions préféreront s’autocensurer plutôt que de risquer d’encourir des sanctions.


Un autre changement majeur s’est produit mercredi 15 avec l’extension du nombre des membres du Tribunal suprême de justice, qui passe de 20 à 32. Les 17 nouveaux juges – 12 nouveaux postes et 5 postes vacants – ont été élus par l’Assemblée nationale unicamérale, mais avec les seuls votes de la majorité, l’opposition rejetant la désignation. Diverses organisations de droits humains, nationales et internationales, ont critiqué l’élection des nouveaux juges à la majorité simple : cela laisse craindre que la justice ne devienne partisane et que l’autonomie du pouvoir judiciaire ne soit réduite à néant.

Rédaction : Nicolas Pinet.
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