La Coordination latino-américaine des organisations de la campagne
(CLOC) pour la région andine, qui regroupe différentes
organisations paysannes et indigènes de Bolivie, Colombie, Équateur,
Pérou et Venezuela a organisé le IIème Forun andin
qui sest tenu à Lima, Pérou, du 21 au 23 octobre
de cette année. Le Forum a publié une déclaration
finale dans laquelle il exprime ses critiques à légard
de politiques néolibérales et rappelle ses choix fondamentaux
pour un développement agricole respectueux des peuples et traditions
indigènes. Cest la dernière partie de la déclaration
finale sur les choix en matière de politique agricole, que nous
publions ci-dessous. Le texte intégral est paru dans http://www.movomientos.org/
Nous peuples andins, en particulier ruraux
et indigènes, qui sommes issus dune histoire ancestrale,
qui avons les mêmes racines culturelles et qui sommes ensemble
victimes du modèle néolibéral, en ce IIème
Forum andin, nous sommes fiers de présenter les alternatives
suivantes :
1 - Construire un authentique ensemble régional des peuples et
nations de lespace andin, qui ne se réduise pas à
de simples relations commerciales et qui assume lagriculture comme
lune des bases fondamentales pour la construction dun marché
intégré, juste et solidaire. Il sagit également
de transformer ce processus dintégration en un renforcement
de notre identité. Cest à partir de ce regroupement
régional que nous rechercherons une relation juste et équitable
avec la CAN [Communauté andine, regroupant Bolivie, Colombie,
Equateur, Pérou et Venezuela] et le MERCOSUR [Marché
commun du Sud, regroupant Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay,
avec pour membres associés Chili et Bolivie], une relation
qui traite, comme elles doivent lêtre, les différences
ainsi que les divers degrés de développement, tout en
affirmant ce que nous avons en commun. Cest dans cette direction
que sorientent des alternatives nouvelles telles que lALBA
(Alliance latino-américaine bolivarienne dAmérique).
2 - Par delà toute règle commerciale quelle quelle
soit, nous donnons la primauté à la souveraineté
de nos peuples, nations et pays et à leur sécurité
alimentaire ; et cest en nous plaçant dans cette perspective
que nous proclamons que lagriculture est la substance même
de la vie et du patrimoine de nos peuples ; de même que nous revendiquons
la protection de notre biodiversité et par-dessus tout de nos
semences. Ce qui vient dêtre dit est intimement lié
à la nécessité de promouvoir des réformes
agraires intégrales car cest une revendication de lensemble
des mouvements paysans qui va beaucoup plus loin que la simple redistribution
des terres. Cest dans ce sens que nous proposons détablir
des conditions politiques, économiques et sociales différentes
de celles qui prédominent dans le cadre de lOMC (Organisation
mondiale du commerce), afin que puissent sexprimer ces aspirations
de nos peuples.
3 - Que de nouvelles politiques macro-économiques créent
lenvironnement favorable au développement interne et au
combat contre la pauvreté. Un des aspects de ces propositions
est la mise en application de politiques différenciées
centrées sur le bien-être et le progrès des communautés
paysannes, indigènes et des petits producteurs, et qui saccompagnent
de prix et de systèmes de commercialisation justes, de financement,
de sécurité juridique sur le territoire des communautés
paysannes et indigènes, et enfin, dinvestissements publics
en faveur de la productivité et du secteur social (santé,
éducation, habitat
)
4 - Nous soutenons les propositions aptes à contribuer au bien-être
des producteurs, selon lesquelles chaque pays de lespace andin
est en droit de protéger la production alimentaire nationale.
Cest aussi pour cela que nous rejetons la politique de dumping
que cautionne lOMC et nous appuierons les politiques susceptibles
de corriger les distorsions dans les prix à léchelle
internationale, lesquelles sont la conséquence de la politique
de subventions pratiquées par les pays développés.
5 - Nous proposons une nouvelle politique agricole andine qui apporte
une solution générale pour les productions clés
nécessaires au développement de nos pays. Dans ce sens
nous proposons que dans la zone andine, leau ne soit ni privatisée
ni donnée en concession, respectant ainsi sa qualité de
bien commun. Concernant le café, qui traverse aujourdhui
une grave crise des prix au niveau international, nous proposons la
constitution dun fond de stabilisation, avec lapport des
exportateurs et de lÉtat, afin daméliorer
les prix. De la même manière, et dans la mesure où
cest la culture principale des producteurs andins, on doit fixer
des prix équitables accompagnés de mécanismes de
garantie pour la pomme de terre.
6 - Nous nous engageons à défendre nos ressources naturelles
et à freiner les processus de privatisation dont le seul but
est de satisfaire la voracité des transnationales minières,
productrices dénergie ou dhydrocarbures. Nous soutenons
des alternatives de développement intégral du secteur
agricole et rejetons la simple exploitation des matières premières
minières ; nous nous attacherons à promouvoir le respect
du principe de précaution dans la protection des écosystèmes.
7 - Nous revendiquons le droit de renégocier la dette extérieure
afin de disposer des ressources nécessaires au progrès
et au bien-être de nos peuples ; nous proposons également
de reconvertir cette dette extérieure en actions de développement
du secteur social, de la productivité et de la protection de
lenvironnement.
8 - Nous peuples agricoles, paysans et indigènes, nacceptons
pas et même rejetons les plans géopolitiques et militaires,
tel que le Plan Colombie que veut imposer limpérialisme
nord-américain sous prétexte de narcotrafic. Nous rejetons
les plans déradication forcée des cultures de coca
parce quils détruisent notre mère la terre et violent
les droits humains des peuples. Nous revendiquons le droit à
la consommation traditionnelle et ancestrale des feuilles de coca tout
comme nous condamnons les mafias de narcotrafiquants organisées
à partir des grands centres de consommation de cocaïne qui
se trouvent dans les pays développés.
Traduction DIAL.
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