ARGENTINE
Les banques ont commencé depuis début octobre à rouvrir
progressivement l'accès aux comptes bloqués depuis décembre
2001. Mais les retraits se font avec la nouvelle parité du peso - en
décembre 2001, un peso valait un dollar ; le premier octobre, un dollar
valait 3,70 pesos -, ce qui a provoqué la colère des épargnants,
qui se sentent trahis par l'État, et ont entamé des poursuites
judiciaires.
BRÉSIL
Le 30 septembre, des menaces de la part de groupes organisés de narco-traficants
ont paralysé une grande partie de Rio de Janeiro. Ces groupes entendaient
réagir contre les nouvelles conditions de détention d'un de leurs
chefs : après avoir découvert que celui-ci continuait à
diriger les opérations depuis sa prison, l'administration pénitentiaire
lui a imposé dans une autre prison des conditions de détention
plus strictes.
Au premier
tour des élections présidentielles le 6 octobre, Luiz Inácio
Lula da Silva, dit Lula, candidat du PT (Parti des travailleurs) a obtenu 46,4
% des voix et José Serra, dauphin de l'actuel président, a obtenu
23,2 %. Le second tour des élections présidentielles, dimanche
27 octobre, a confirmé les résultats que le premier tour laissait
attendre : Luiz Inácio Lula da Silva, a été élu
avec 61,3 % des voix face à José Serra (38,7 %). Il prendra officiellement
ses fonctions en janvier 2003. Le PT devient le premier groupe parlementaire
à la Chambre des députés de Brasilia avec 91 sièges
sur 513, et la troisième force au Sénat avec 14 sièges
sur 81. Il n'a remporté qu'un poste de gouverneur sur la totalité
des 14 États.
CHILI
C'est la seconde fois en un mois que des membres de l'armée ou de la
brigade des stupéfiants sont impliqués dans des affaires de corruption
révélant l'existence de liens avec des narco-traficants. Ces deux
cas viennent ternir l'image d'un pays considéré traditionnellement
comme le moins corrompu d'Amérique latine.
Deux projets de loi importants sont actuellement en cours d'élaboration.
Des responsables de groupes de défense des minorités sexuelles
travaillent avec le gouvernement à un projet de réforme de la
Constitution qui permettrait une condamnation plus explicite de la discrimination
sexuelle. Les discussions parlementaires autour du projet d'une Loi de divorce
continuent et devraient aboutir dans la première moitié de l'année
prochaine, malgré l'opposition de l'Église catholique. Le Chili
est actuellement la seule démocratie occidentale où le divorce
n'existe pas légalement.
Le commandant
en chef de l'armée de l'air, le général Patricio Rios,
a présenté le 13 octobre sa démission, après que
des poursuites judiciaires ont été entamées contre lui
et qu'un groupe parlementaire a annoncé son intention d'initier un processus
d'accusation constitutionnelle. Mis en cause pour dissimulatyion d'informations,
il avait jusqu'à présent conservé ses fonctions. Cette
crise vient étayer la volonté du gouvernement de réformer
la constitution pour rendre au président de la République le pouvoir
qu'il avait - avant 1973 - de destituer les commandants en chef des corps d'armée.
COLOMBIE
Le nouveau président colombien, Alvaro Uribe, a effectué fin septembre
un bref séjour aux États-Unis, au cours duquel il a obtenu pour
son pays le bénéfice de la loi étatsunienne sur la Promotion
commerciale andine et l'éradication des drogues (ATPDEA) - approuvée
par le Congrès le 6 août - qui prévoit l'exemption de taxes
pour les exportations d'une liste de produits en échange d'efforts réalisés
par les pays andins pour éradiquer le trafic de drogue. Le président
Bush cherchait aussi à conclure un traité bilatéral qui
assurerait l'immunité devant la Cour pénale internationale des
citoyens étatsuniens séjournant en Colombie. Jusqu'à présent,
Uribe a seulement réaffirmé son engagement à accorder l'immunité
aux civils et militaires impliqués dans la lutte contre le trafic de
drogue et pour le renforcement des institutions colombiennes, comme c'est le
cas depuis 40 ans.
Dans le
sud du pays, les fumigations s'intensifient, avec l'appui des États-Unis
et malgré la demande de suspension qu'a présentée le bureau
de Défense du peuple, qui a reçu plus de 6 500 plaintes d'habitants
de la région concernant la destruction de leurs cultures légales
ou des problèmes de santé résultant des fumigations. Celles-ci
concernent désormais non plus seulement les cultures illégales
industrielles mais aussi les petites exploitations de moins de trois hectares.
CUBA
Le traité de proscription des armes nucléaires en Amérique
latine et dans les Caraïbes, connu sous le nom de Traité de Tlatelolco,
vient d'être ratifié (23 octobre) par le gouvernement cubain, qui
l'avait signé en 1995. Entré en vigueur en 1969, ce traité
prévoit, entre autres choses, l'interdiction d'expérimenter, d'utiliser,
de fabriquer ou de stocker des armes nucléaires dans le sous-continent
; il s'applique désormais à l'ensemble des pays de la zone.
Fin septembre s'est tenue à La Havane une « foire agro-alimentaire des États-Unis » où étaient présentes quelque 288 entreprises du pays voisin. La vente des produits agro-alimentaires des États-Unis a repris en novembre 2001, au vu des dégâts effectués par le cyclone Michelle. Pendant la foire, d'autres contrats ont été signés, et l'intérêt commercial en jeu est une pression supplémentaire en faveur de l'abolition du blocus.
Le prix
Sajarov des droits humains et de la liberté de pensée a été
décerné par le Parlement européen à l'opposant cubain,
Oswaldo Payá, marquant ainsi l'appui européen aux revendications
de libéralisation politique et de respect des droits humains dans l'île.
ÉQUATEUR
Le premier tour des élections présidentielles équatoriennes,
le 20 octobre, a laissé deux candidats en lice pour le second tour, prévu
le 24 novembre, Lucio Gutiérrez (20,28 %), candidat de gauche radicale
soutenu aussi par la CONAIE, la Confédération de nationalités
indigènes d'Équateur, et Gustavo Noboa (17,41 %), entrepreneur
bananier et fondateur du Parti rénovateur institutionnel Action nationale,
qui réunit des groupes ayant quitté les partis traditionnels de
gauche et de droite.
Les organisations
de droits humains équatoriennes ont demandé au gouvernement de
rejeter l'accord proposé par les États-Unis et visant à
ce que le pays accorde l'immunité aux citoyens étatsuniens devant
la Cour pénale internationale (CPI). À la différence des
États-Unis, l'Équateur a signé le traité de Rome,
à l'origine de la CPI.
GUATEMALA
Un tribunal de Guatemala a condamné jeudi 3 octobre un colonel à
la retraite à 30 ans de prison pour l'assassinat, en 1990, de l'anthropologue
Myrna Mack. C'est la première fois qu'un ancien membre de la hiérarchie
militaire est condamné pour les violations de droits humains commises
pendant la guerre civile qui déchira le Guatemala pendant 36 ans (1960-1996).
Dans un
rapport présenté devant une commission du Congrès des États-Unis,
l'actuel secrétaire d'État pour l'hémisphère occidental,
Otto Reich, met en cause le gouvernement guatemaltèque d'Alfonso Portillo,
dénonçant ses liens avec le trafic de drogue et la corruption.
Le rapport a déclenché une véritable tempête politique
dans le pays.
MEXIQUE
La justice mexicaine enquête actuellement sur l'assassinat de centaines
d'opposants politiques dans les années 1960, 1970 et 1980, alors que
le PRI (Parti révolutionnaire institutionnel) était au pouvoir.
La Cour suprême de justice s'est prononcée en faveur de l'enquête
sur la répression passée. Vicente Fox, l'actuel président
de la république - premier président depuis 70 ans à être
issu d'un autre parti que le PRI - a nommé un procureur spécial
en charge de l'enquête.
URUGUAY
Un ancien ministre de la dictature qui dura en Uruguay de 1973 à 1985
vient d'être condamné (18 octobre) à des peines de prison
pour la disparition en 1976 d'Elena Quinteros, enlevée de force du jardin
de l'Ambassade du Venezuela où elle cherchait à se réfugier.
C'est la première fois qu'une condamnation a lieu pour des crimes contre
l'humanité commis pendant la dictature militaire.
VENEZUELA
Durant tout le mois d'octobre, la tension a continué à monter,
malgré la visite début octobre du secrétaire général
de l'Organisation des États américains (OEA), César Gaviria,
pour essayer de renouer le dialogue entre le gouvernement et les forces de l'opposition,
et freiner le processus actuel de bipolarisation. Le 10 octobre, une grande
manifestation, convoquée par la Coordination démocratique, qui
réunit 34 partis politiques et organisations civiles d'opposition, défilait
dans Caracas, suivie trois jours plus tard d'une autre manifestation de la part
des partisans de Hugo Chávez, le président actuel. Le 21 octobre,
les organisations syndicales et d'entrepreneurs avaient appelé à
une grève générale de protestation. Le lendemain, quatorze
haut gradés de l'armée vénézuélienne, qui
avaient déjà appuyés la tentative de coup d'État
d'avril, se déclaraient en rébellion contre le président
Chávez, appelait à la désobéissance civile et invitait
la population à se rendre le soir même sur la place Altamira, située
dans un quartier de classe moyenne de Caracas. L'appel, qui n'a pas été
suivi par les militaires, a rassemblé un nombre important de personnes
venues soutenir les insurgés. Une autre visite de Gaviria devrait cette
semaine essayer une nouvelle fois de désamorcer la crise, en cherchant
à restaurer le dialogue.
En cas de reproduction, mentionner la source Dial.