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AMÉRIQUE
LATINE
Les négociations
du douzième Sommet hispano-américain, qui sest tenu durant
la troisième semaine de novembre en République Dominicaine, ont
achoppé sur la question des subventions agricoles. Une résolution,
proposée par les gouvernements latino-américains, prévoyait
leur élimination progressive. LEspagne et le Portugal sy
sont opposés.
La Cour interaméricaine
des droits humains, organisme dépendant de lOrganisation des États
américains (OEA), voit son fonctionnement entravé par des problèmes
budgétaires. Elle ne siège actuellement que quatre fois par an,
alors que le nombre de cas qui lui sont soumis justifierait une session permanente.
Le Conseil permanent de lOEA vient de lui attribuer 600 000 dollars supplémentaires,
destinés à lamélioration de ses infrastructures.
Des organisations de la société civile et des syndicats ont manifesté
jeudi 31 octobre dans Quito pour protester contre la tenue de la septième
réunion des ministres des affaires étrangères et du commerce
des 34 pays qui participent aux négociations de la ZLÉA (Zone
de libre échange des Amériques). LAssemblée continentale
des peuples [indigènes] des Amériques, qui sest réunie
le 1er octobre dans la capitale équatorienne a, dans sa déclaration
finale, exhorté les gouvernements de la région à refuser
la ZLÉA. Laccord, selon eux, accentuera lexploitation outrancière
des ressources naturelles et la dégradation de lenvironnement.
Durant la réunion, les États-Unis ont commencé à
faire pression pour que soit accepté le principe de protection de la
propriété intellectuelle pharmaceutique. Cette politique va contre
les décisions prises par la Quatrième conférence ministérielle
de lOrganisation mondiale du commerce (OMC), qui, dans la déclaration
de Doha, a réaffirmé le droit des pays à prendre toutes
les mesures nécessaires pour favoriser laccès universel
aux médicaments notamment par lélaboration de produits
génériques moins coûteux. Les négociations achoppent,
là aussi, sur la question des subventions agricoles. Létape
finale des négociations aura lieu au Mexique (Puebla) à partir
de mars 2003.
AMÉRIQUE
CENTRALE
L'enjeu
que représentent les négociations commerciales avec les États-Unis,
qui devraient débuter en janvier 2003, pousse les pays de l'isthme à
laisser de côté leurs différents frontaliers. Le Costa Rica
et le Nicaragua ont ainsi décidé de congeler pour trois ans leurs
revendications respectives.
CÔNE SUD
Les ministres de la Justice
et de l'Intérieur des pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay,
Uruguay), de la Bolivie et du Chili ont proposé, vendredi 8, un accord
prévoyant l'obtention, par les ressortissants d'un des pays, du droit
de résidence dans n'importe lequel des pays du groupe. L'accord devrait
être conclu définitivement lors du sommet prévu à
Brasilia le 6 et 7 décembre. Il permettrait de régulariser la
situation de centaines de mille d'immigrants illégaux et de développer
l'aspect social d'une coopération jusque là surtout commerciale.
ARGENTINE
Le gouvernement argentin n'a pas honoré, jeudi 14 novembre, l'échéance
du paiement de sa dette à la Banque mondiale (BM), réglant seulement
la somme équivalent aux intérêts. À long terme, la
décision pourrait profiter aux autres pays endettés, en assouplissant
leur marge de manuvre vis-à-vis du FMI et de la BM. À court
terme, cela devrait permettre au gouvernement de poursuivre les programmes sociaux
mis en place.
Depuis fin 1998 se multiplient les coopératives de travailleurs reprenant
la gestion de leurs entreprises en faillite, avec l'aval de la justice. On en
compte désormais un peu moins de 150, représentant plus de 10
000 travailleurs. Autre nouveauté, une loi impose désormais un
quota de 30 % de femmes dans les listes de candidats aux fonctions syndicales
directives.
La crise de représentativité politique continue : dans les derniers
sondages, les intentions de vote blanc ou nul - le vote est obligatoire - dépassent
largement celles attribuées aux candidats respectifs.
BRÉSIL
Un des premiers problèmes que rencontrera le nouveau président,
pris entre sa volonté de maintenir l'équilibre budgétaire
et ses engagements sociaux, concernera l'augmentation du salaire minimum. Actuellement,
13 millions de retraités du système de retraite étatique
et les employés de quelque 5 500 municipalités reçoivent
ce salaire.
En octobre a été réalisée la première récolte
de quinoa, céréale originaire des pays andins et considérée
par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO)
comme l'aliment idéal : elle est riche en protéines et de culture
facile. Un des débouchés entrevus serait l'alimentation animale.
CHILI
Un autre cas de corruption, dénommé caso coimas - cas des pots-de-vins
-, implique 5 députés de la Concertation (l'alliance de partis
qui gouverne depuis 1990). L'affaire met en cause la crédibilité
de la coalition et menace la majorité gouvernementale à la Chambre
des députés. Si la Cour suprême ne revient pas sur la décision,
les 5 députés resteront exclus des travaux législatifs,
et la différence de sièges avec l'opposition ne serait plus alors
que d'un siège.
COLOMBIE
Des centaines de milliers de travailleurs et d'organisations sociales ont manifesté,
jeudi 30 octobre, pour protester contre les projets de réforme du gouvernement
d'Alvaro Uribe. Ces réformes prévoient notamment un assouplissement
des lois sur le travail, une prolongation de la durée de la vie active,
ainsi qu'un plan de rigueur budgétaire. Elles résultent en partie
des exigences du FMI. Les sondages de popularité, à cent jours
de l'accession au pouvoir du nouveau président, sont cependant plutôt
en sa faveur, passant de 69 % le 7 août à 74 % 100 jours après.
L'adhésion de la Colombie au traité de Rome, qui a créé
le Tribunal pénal international (TPI), est effective depuis le premier
novembre. Le TPI est désormais responsable de juger les auteurs de génocides,
de crimes de guerre et crimes contre l'humanité dans 77 pays, si la législation
nationale n'y pourvoit pas. En Colombie, les jugements pour crimes de guerre
n'entreront en vigueur que dans sept ans.
Le lundi 11 novembre ont été enlevés par les Forces armées
révolutionnaires de Colombie (FARC) Mgr Jorge Jiménez, président
du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM) et le père
Desiderio Orguela qui l'accompagnait. Ils ont été libérés
au cours d'une opération de l'Armée colombienne le 15 novembre.
Le groupe paramilitaire de droite, Autodéfenses unies de Colombie (AUC),
a annoncé l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu à durée
indéterminée, à compter du 7 décembre. L'Église
catholique, par la voix du cardinal Darío Castrillón, a salué
l'initiative.
CUBA
Le gouvernement a ordonné, fin octobre, la libération du dissident
Oscar Elías Biscet González, condamné en février
2000 à trois ans de prison, pour sa participation à une manifestation
de protestation contre le régime.
Les représentants de Cuba et de l'Union européenne ont affiché,
après s'être réunis à Copenhague le 4 novembre, leur
volonté de continuer le dialogue initié en décembre 2001
à La Havane, malgré leurs divergences en matière de droits
humains et de pluralité politique.
La 57ème session de l'Assemblée générale de l'ONU
a approuvé, pour la onzième fois, une motion présentée
par Cuba pour la onzième année consécutive et indiquant
la nécessité de mettre fin au blocus.
ÉQUATEUR
Le colonel à la retraite, Lucio Gutiérrez, a remporté le
second tour des élections présidentielles, dimanche 24 novembre,
avec 54,4 % des voix contre 45,6 % pour son rival, le magnat de la
banane, Alvaro Noboa. Il souhaite constituer un gouvernement d'union nationale,
pour s'attaquer aux graves problèmes sociaux d'un pays où près
de 80 % de la population est considéré comme pauvre.
MEXIQUE
Les autorités mexicaines et les groupes indigènes ont indiqué
qu'ils continueront à réclamer, comme ils l'ont fait depuis 15
ans déjà, que l'Autriche rende au Mexique la coiffe de plumes
du dernier empereur aztèque, Moctezuma Xocoyotzin (1466-1520), malgré
leur nouveau refus, mardi 19 novembre.
Un tribunal militaire a initié fin octobre le procès de deux généraux
accusés de l'assassinat de 143 opposants politiques dans les années
1970. Les familles des victimes craignent que ce soit une façon de protéger
les accusés, jugés ici par d'anciens compagnons d'armes et amis,
de l'action de la justice civile.
NICARAGUA
La question de savoir si Arnoldo Alemán, député et ancien
président (1997-2002), doit être relevé de ses fonctions,
du fait des accusations de corruption qui pèsent contre lui paralyse
l'Assemblée législative, et cette inactivité préoccupe
la population. Le président actuel Enrique Bolaños n'a pas encore
osé appeler les députés à se prononcer, par crainte
de ne pas atteindre les 47 votes nécessaires.
PÉROU
La Cour suprême de Justice a demandé au Congrès de réévaluer
les lois anti-insurrectionnelles adoptées en 1992 par le gouvernement
de Fujimori dans sa lutte contre l'activisme du Sentier Lumineux et du Mouvement
révolutionnaire Tupac Amaru. Ces lois, qui permettent que des civils
soient jugés par des tribunaux militaires, dont les juges peuvent avoir
le visage masqué, apparaissent désormais comme peu respectueuses
des droits des accusés, comme l'a signalé la Cour interaméricaine
des droits humains (CIDH). La déclaration de la CIDH pourrait provoquer
de très nombreux recours en cassation concernant les condamnations effectuées
dans les années 1990.
L'année prochaine, le Pérou devrait payer plus de 2 000 millions
de dollars pour honorer sa dette extérieure. Le président actuel,
Alejandro Toledo, s'emploie à réunir les fonds, en sollicitant
de nouveaux prêts internationaux et en réorganisant les impôts.
Mais le paiement de la dette risque d'accentuer encore la récession économique.
Le gouvernement péruvien a mis en marche un programme financé
par les États-Unis et destiné à encourager les cultures
alternatives. Les paysans reçoivent 150 dollars par hectare de culture
de coca abandonné.
Industriels et agriculteurs péruviens font pression sur le gouvernement
pour qu'il donne la priorité à la Zone de libre échange
des Amériques (ZLÉA) vis-à-vis de la Communauté
andine de nations (CAN). Pour ceux-ci, les débouchés en termes
de marché seraient, dans le meilleur des cas, beaucoup plus vastes dans
le cadre de la ZLÉA ou même d'un accord commercial bilatéral
avec les États-Unis, que dans celui de la CAN.
Aux élections municipales et régionales du 17 novembre, la victoire
de l'opposition social-démocrate et de la gauche dans 24 des 25 districts
affaiblit encore la position du président Toledo et de son mouvement
Pérou Possible.
EL SALVADOR
Lors du treizième anniversaire de l'assassinat, le 16 novembre 1989,
de 6 prêtres jésuites, de leur employée et de sa fille,
par un bataillon de l'armée, le Bureau du procureur des droits humains
a fait parvenir au congrès une demande de dérogation de la loi
d'amnistie qui protège les auteurs intellectuels du crime.
URUGUAY
La Commission pour la paix, créée par le président Jorge
Battle pour enquêter sur les cas de disparition durant la dictature (1973-1984),
a présenté mercredi 30 octobre un rapport préliminaire
de ses deux années d'activité. Elle a déclaré que
l'État uruguayen assumera la responsabilité de la mort des 26
personnes retenues par le rapport.
Associations de la société civile, syndicats et groupes écologistes
ont organisé du vendredi 15 au dimanche 17 le Forum social Uruguay (FSU),
pour débattre de possibles alternatives au modèle actuel de mondialisation.
VENEZUELA
L'opposition a remis, lundi 4 novembre, au Conseil national électoral
(CNE), un million cinq cent mille signatures de citoyens réclamant l'organisation
d'un référendum destiné à mettre légalement
fin au mandat d'Hugo Chávez. Le secrétaire général
de l'Organisation des États américains, César Gaviria a,
quant à lui, réussi à asseoir des délégués
du gouvernement et de la Coordination démocratique de l'opposition autour
d'une table de négociations, qui s'emploie, sans succès jusqu'à
présent, à chercher une solution électorale négociée.
Le CNE a ratifié, vendredi 29 novembre, sa convocation à un référendum,
prévu pour le 2 février, malgré le verdict du Tribunal
suprême de justice, qui dénonce l'irrégularité du
procédé - la loi exige une majorité qualifiée des
4/5. L'opposition politique, les centrales syndicales et patronales ont appelé
à une quatrième grève générale le lundi 2
décembre.
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