L'ACTUALITÉ
EN BREF mars 2003 |
Amérique latine - Amérique centrale - Argentine - Brésil - Chili - Colombie - Cuba - Mexique - Venezuela |
AMÉRIQUE
LATINE
La dernière phase
des négociations de la ZLÉA (Zone de libre échange des
Amériques) a débuté lundi 12 mars à Puebla, près
de Mexico. D’ici fin 2004, les 34 pays du continent américain –
à l’exception de Cuba – prévoient d’aboutir
à un accord, qui pourrait entrer en vigueur en 2005.
Face aux
préparatifs de guerre, puis au conflit en Irak, les différents
pays d’Amérique latine ont exprimé leur soutien ou leur
opposition à une décision unilatérale. Le Chili et le Mexique
– détenant tous deux un siège provisoire au Conseil de sécurité
de l’ONU – le Brésil, le Pérou, le Venezuela et Cuba
ont déclaré avec plus ou moins de fermeté leur opposition
à une guerre déclenchée sans le soutien de l’ONU,
et ce, malgré les pressions des États-Unis. L’Argentine
a fait savoir qu’elle ne participerait d’aucune façon à
l’effort militaire. La Colombie, l’Honduras, le Nicaragua, Panama
et El Salvador ont manifesté leur soutien à la politique états-unienne.
AMÉRIQUE
CENTRALE
Dans les
capitales politiques et économiques du Guatemala, du Honduras, du Nicaragua,
du Costa Rica et du Salvador, la pollution atmosphérique dépasse
le seuil maximum défini par l’Organisation mondiale de la santé
(OMS). Ce problème affecte plus de 80 millions de Latino-américains,
selon la Commission économique pour l’Amérique latine et
les Caraïbes (CEPAL), causant des troubles de santé parfois mortels
(asthme, allergies, infections respiratoires…).
ARGENTINE
Le gouvernement argentin s’est engagé auprès du FMI (Fonds
monétaire internationale) à indemniser les banques des pertes
provoquées par la crise économique et financière qui a
éclaté en décembre 2001. Cet accord a déclenché
de fortes critiques, des épargnants notamment, qui ne voient pas pourquoi,
parmi tous les sinistrés, les banques auraient droit à un régime
de faveur. Près de 400 000 épargnants, dont les comptes en dollars
sont bloqués depuis 2001, pourront finalement récupérer
leurs avoirs en dollars et non en pesos argentins dévalués. Mercredi
5 mars, la Cour suprême de justice a déclaré inconstitutionnelle
la conversion forcée des dépôts en monnaie nationale dévaluée.
Fin mars, le gouvernement vient de s’engager à débloquer
les dépôts des 20 % des épargnants toujours concernés
par le corralito (petite barrière).
La grève générale des ouvriers ferroviaires réclamant une hausse de salaires, mercredi 12 mars, marque le retour des revendications, après une décennie plutôt calme, du fait de la stabilité des prix – parité peso-dollar – et du taux élevé du chômage. À l’inverse, la dévaluation a fortement réactivé le marché de l’industrie cinématographique et publicitaire, redevenue fortement compétitive et attractive.
Le 24 mars
1976, jour anniversaire du coup d’État de 1976, une manifestation
massive a parcouru les rues de Buenos Aires, réclamant justice et condamnation
des militaires impliqués dans des cas de torture et disparition et s’opposant
à la guerre en Irak.
BRÉSIL
Face au lent développement de systèmes de télévision
digitale en Europe, aux États-Unis et au Japon, le gouvernement de Luiz
Inácio Lula se propose de mettre au point son propre système de
diffusion, plutôt que choisir un des systèmes déjà
existants, ce qui augmenterait le coût. L’idée serait de
s’associer avec notamment la Chine, l’Argentine, le Chili et l’Inde
pour mettre au point un système qui prenne en compte la spécificité
des pays en développement. Le Brésil a aussi investi dans la production
d’alcool combustible, qui, mélangé à l’essence
ordinaire, doit aider à réduire l’émission de gaz
à effet de serre. La guerre en Irak et la possible entrée en vigueur
du Protocole de Kyoto, signé en 1997, – il entrera en vigueur au
second semestre 2003 si la Russie le ratifie – pourrait accroître
rapidement la demande sur le marché international.
Le gouvernement
est en train d’adopter une série de mesures pour lutter contre
le travail esclave.
CHILI
Le président chilien, Ricardo Lagos, a atteint, mardi 12 mars, la moitié
de son mandat de 6 ans. Les succès au niveau international – accords
de libre échange avec les États-Unis, l’Europe… –
contraste avec la détérioration de l’image de son gouvernement
à l’intérieur du pays. La première semaine de mars
éclatait en effet un quatrième scandale financier en six mois,
l’affaire Corfo-Inverlink – détournement de fonds mettant
en cause des institutions publiques. Le président a profité de
cette date symbolique pour remanier son cabinet.
COLOMBIE
La décision du gouvernement d’augmenter la concentration du défoliant
utilisé pour détruire les champs de coca a provoqué la
réaction des mouvements écologistes et des autorités locales
qui se plaignent des effets des fumigations sur les habitants et sur l’environnement.
Ils soulignent aussi que les fumigations ne font que déplacer les cultures
de coca vers l’intérieur où les paysans créent de
nouveaux champs.
Mercredi
12 mars, les ministres de la Défense et des Affaires étrangères
des pays de la Communauté andine (Équateur, Pérou, Colombie
et Venezuela) se sont montrés favorables à la proposition colombienne
de renforcer leur coopération pour mettre au point des mesures « antiterroristes »
communes et contrôler plus efficacement le trafic de drogue – source
supposée de financement des guérillas – dans les zones frontalières.
Le Brésil et Panama, qui ne font pas partie de la Communauté,
assistèrent à la réunion en tant qu’observateurs.
CUBA
Des groupes d’opposants, illégaux mais tolérés
dans une certaine mesure par le gouvernement socialiste, ont interrogé
quelque 35 000 personnes au sujet des articles d’une Lettre ouverte sur
les droits humains. Un peu moins de 2 000 se sont opposés à l’article
en faveur de la suppression de la peine de mort, et 700 environ à l’article
concernant la liberté de mariage (sans égard pour le sexe des
conjoints), dans un pays où le rejet de l’homosexualité
reste cependant fortement ancré.
Fidel Castro, âgé de 76 ans, vient d’être réélu pour la sixième fois président des Conseils d’État et de ministres, premier secrétaire du Parti communiste et commandant en chef des Forces armées, invalidant du même coup les rumeurs évoquant la cession de la charge de président du Conseil des ministres au vice-président, Carlos Lage.
Paul Nielson, un des membres de la Commission de l’Union européenne a effectué dans l’île un voyage de 5 jours, début mars. L’objectif principal du voyage était d’inaugurer le premier bureau permanent de la Commission européenne, doté du statut diplomatique et chargé de développer les relations bilatérales. Les négociations ont achoppé jusqu’à présent sur la question de la démocratie et des droits humains.
Vendredi 14 mars, le gouvernement cubain a refusé d’autoriser la visite de la représentante du Haut Commissaire des Nations unies pour les droits humains, Christine Chanet, chargée d’évaluer la situation humanitaire du pays. Le chancelier cubain Felipe Pérez Roque a expliqué que son pays rejette depuis son origine la résolution présentée par l’Uruguay et le Pérou en 2002. Cela avait alors provoqué un accident diplomatique entre Cuba et l’Uruguay, qui finirent par rompre leurs relations.
Les relations
entre Cuba et les États-Unis traversent une période de tension,
depuis que le gouvernement cubain a décidé, mardi 18 mars, de
limiter les mouvements du personnel de la Section des intérêts
états-uniens, un bureau diplomatique basé à La Havane.
Son responsable durant les 6 derniers mois, James Cason, est accusé d’
« activités conspiratrices » et de fomenter la
« subversion ». Dans les jours qui suivent, au moins 75
activistes antigouvernementaux ont été arrêtés. Cela
pourrait provoquer une nouvelle condamnation au sein de la Commission des droits
humains des Nations unies et ralentir les négociations avec l’Union
européenne.
MEXIQUE
Des conversations sont actuellement en cours entre le gouvernement et les représentants
des petits exploitants agricoles. Les deux partis espèrent arriver à
un accord vers la mi-mars. Le secrétaire à l’Agriculture,
Javier Usabiaga a déclaré que le gouvernement « répondrait
seulement aux propositions viables » et que les termes de l’Accord
de libre-échange nord-américain (ALENA), signé en 1994
entre le Canada, les États-Unis et le Mexique, n’étaient
pas négociables. Les représentants des petits paysans espèrent
obtenir des mesures de protection temporaire et la mise en place de nouvelles
politiques visant à sortir les agriculteurs de la pauvreté qui
touche 90 % des 25 millions de personnes vivant en secteur rural.
Les élections
qui ont eu lieu, dimanche 9 mars, dans l’État de México,
le plus peuplé du pays, contrastèrent avec les élections
générales de l’année 2000, premières élections
multipartites depuis 72 ans. Le taux de votants n’a été
que de 37 % – contre 64 % en 2000 – et l’élection
des maires et des députés s’est effectuée dans un
climat de violence et de dénonciations de fraude. Les résultats,
au niveau de l’État, qui représente 14,2 % des 56 millions
de votants du pays, sont assez proches de ceux de l’année 2000
: Le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), allié au Parti
vert, a obtenu 34 % des voix, le Parti action nationale (PAN), du président
Vicente Fox, 28 % et le Parti de la révolution démocratique
(PRD), plus à gauche, 23 %. Le PAN a diminué son score par
rapport à 2000.
VENEZUELA
La capitale et d’autres villes importantes sont soumises à un rationnement
strict de l’eau, du fait de la baisse critique des réserves. La
sécheresse qui se prolonge depuis 2001 est la cause de la pénurie,
récurrente dans l’histoire du pays.
Le 20 février, le juge pénal de Caracas, Maikel Moreno, avait délivré un ordre de détention contre les dirigeants de l’opposition antichaviste, accusés notamment de rébellion civile, trahison à la patrie, et instigation à la délinquance. Quelques jours plus tard, les charges furent levées par des tribunaux supérieurs, mais la décision n’affecta pas Carlos Ortega, président de la Confédération des travailleurs du Venezuela (CTV) qui avait demandé asile à l’ambassade du Costa Rica. Son départ en exil, jeudi 27 mars, marque la fin d’une période de grande tension politique, l’opposition semblant accepter désormais la proposition du gouvernement de convoquer un référendum révocatoire dans les délais que prévoient la Constitution. La population vénézuélienne semble maintenant vouloir se concentrer sur les issues possibles à la crise économique et sociale aggravée par les 63 jours de grève.
Selon une
déclaration du président Chávez, début mars, l’entreprise
pétrolière d’État PDVSA atteindrait une production
de 2,8 millions de barils par jour, rejoignant ainsi peu à peu le niveau
de production antérieur à la grève.
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