L'ACTUALITÉ
EN BREF mai 2003 |
Amérique latine - Amérique du Sud - Mercosur - Argentine - Bolivie - Chili - Colombie - Cuba - Équateur - Guatemala - Mexique - Nicaragua - Paraguay - El Salvador - Venezuela |
AMÉRIQUE
LATINE
Du 28 avril au premier
mai s’est tenue, à Buenos Aires, une rencontre pour la « Mondialisation
de la vie pleine ». Convoquée par le Conseil latino-américain
des Églises (CLAI en espagnol), sous les auspices du Conseil mondial
des Églises, la rencontre a réuni plusieurs centaines de délégués
des églises évangélistes, et publié une déclaration
« Les églises évangéliques disent basta »
critiquant sévèrement le modèle économique néo-libéral
et proposant une série de changements. Elles prétendent représenter
15 à 20 % de la population d’Amérique latine.
La XIIème
conférence de chefs d’État d’Amérique latine,
d’Espagne et du Portugal (novembre 2002) a chargé l’ancien
président brésilien Fernando Henrique Cardoso de constituer une
équipe pour étudier les modalités d’une plus grande
présence internationale de la communauté ibéroaméricaine.
Ce groupe de réflexion propose la création d’un secrétariat
général permanent, et prévoit la constitution d’une
union politique. La prochaine réunion de chefs d’État est
prévue pour le 14 et 15 novembre, en Bolivie.
AMÉRIQUE DU SUD
Les attentats du 11 septembre 2001, le déclenchement de la « guerre
contre le terrorisme », et la réanimation du Traité
interaméricain d’assistance réciproque (TIAR) ont renforcé
les discussions sur la sécurité dans la région. Mais il
n’y a pas, pour l’instant, d’accord en la matière pas
plus qu’il n’y a de doctrine militaire commune.
Le gouvernement
équatorien s’est donné comme priorité le renforcement
de la Communauté andine de nations (CAN – Bolivie, Colombie, Équateur,
Pérou et Venezuela) et son intégration avec le Mercosur (Marché
commun du sud). Va dans ce sens la visite du président équatorien
Lucio Gutiérrez à son homologue brésilien, Luiz Inácio
Lula da Silva, le 26 mai. Selon les déclarations de la ministre des Relations
extérieures, Nina Pacari, l’accession à la présidence
de la CAN de l’Équateur, en juin, devrait permettre de mettre en
place les bases d’une future monnaie commune, de porter plus d’attention
au développement social des pays du bloc, de renforcer le rôle
du Parlement andin et le processus d’intégration du sous-continent.
MERCOSUR
Le président uruguayen, Jorge Batlle, en visite officielle à Brasilia,
lundi 12 mai, s’est associé à la volonté de son homologue
brésilien de renforcer le Mercosur, laissant de côté ses
efforts pour développer une relation bilatérale avec les États-Unis.
Il a proposé en outre, hors communiqué officiel, la négociation
d’un accord commercial entre le Mercosur et les États-Unis, alternative
nommée « Quatre plus un » – proposition qui fait son
chemin au sein du gouvernement brésilien, conscient des difficultés
et des risques de la ZLÉA (Zone de libre-échange des Amériques).
ARGENTINE
Peu après le premier tour des élections présidentielles,
Néstor Kirchner, candidat donné favori, a effectué un bref
voyage au Brésil et au Chili, et rencontré les présidents
des deux pays. L’entrevue avec le chef d’État chilien, Ricardo
Lagos, a évoqué la nécessité du renforcement politique
du Mercosur et du développement des liens bilatéraux.
L’ancien président argentin, Carlos Menem (1989-1999) a déclaré, mercredi 14 mai, qu’il se retirait de la compétition électorale. Son concurrent, gouverneur de la province austral de Santa Cruz, était donné pour vainqueur par les enquêtes avec plus de 40 % d’avance. Néstor Kirchner, membre de l’aile gauche du Parti justicialiste, assume donc officiellement la présidence à partir du dimanche 25 mai. Il aura à conquérir par sa pratique gouvernementale la légitimité électorale dont l’a privé la défection Carlos Menem, l’empêchant de remporter une large victoire au second tour.
La grâce
présidentielle octroyée par le président sortant, Eduardo
Duhalde, au militaire rebelle Mohamed Alí Seineldín, qui avait
commandé un soulèvement d’une partie de l’armée
contre le gouvernement de Menem – en 1990 –, à l’ancien
leader guérillero Enrique Gorriarán Merlo, ainsi qu’à
7 militaires et 16 civils qui ont participé à des actes de violence
politique à la fin des années 80 et au début des années
90 a déclenché de vives critiques, y compris de la part du nouveau
président.
BOLIVIE
Lundi 28 avril, le président bolivien, Gonzalo Sánchez de Lozada,
accompagné de 9 de ses ministres, rendait visite à son homologue
brésilien. Dans un communiqué commun, les deux présidents
ont souligné l’importance du commerce du gaz naturel bolivien dans
« l’alliance stratégique entre les deux pays ». Depuis
l’inauguration d’un gazoduc en juillet 1999, la valeur des exportations
boliviennes vers le Brésil a été multipliée par
18. Les deux pays se proposent de réviser le contrat qui régit
actuellement les exportations boliviennes de gaz, dans un sens plus favorable
au Brésil.
Les 12 et
13 février, de violents affrontements opposaient policiers et militaires,
sur la place Murillo de la Paz, où se trouvent les sièges des
pouvoirs exécutifs et législatifs, provoquant la mort de 29 personnes,
civils et militaires. Les policiers se sont mutinés le 11 février
pour protester contre l’intention du gouvernement d’appliquer un
impôt de 12,5 % sur les salaires de plus de 130 dollars et réclamer
des augmentations de salaires. La mutinerie a été réprimée
par l’armée. Dans les semaines qui suivirent, le gouvernement a
demandé à l’OEA (Organisation des États américains)
une enquête sur les événements. Le rapport, publié
mi mai, considère les policiers responsables des violences de février.
Son intégrité a été mise en question par l’opposition
(Evo Morales), les policiers, divers groupes humanitaires et certains des hommes
politiques appuyant le gouvernement.
CHILI
C'est la seconde fois en un mois que des membres de l'armée ou de la
brigade des stupéfiants sont impliqués dans des affaires de corruption
révélant l'existence de liens avec des narco-traficants. Ces deux
cas viennent ternir l'image d'un pays considéré traditionnellement
comme le moins corrompu d'Amérique latine.
COLOMBIE
Début mai, lors d’une attaque par l’armée, dix otages,
avec parmi eux Guillermo Gaviria, ancien ministre de la Défense et son
conseiller de paix, Gilberto Echeverri ont été exécutés
par les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie). Les
familles des otages des FARC et un groupe d’ONG ont réclamé
de nouveau, mardi 6 mai, au gouvernement et à la guérilla de trouver
rapidement un accord humanitaire.
CUBA
Mardi 13 mai, le gouvernement des États-Unis a déclaré
persona non grata à 7 fonctionnaires du Bureau des intérêts
cubains à Washington, leur donnant 10 jours pour quitter le pays. 7 autres
diplomates de la délégation cubaine devant l’ONU, qui siège
à New York, devront eux aussi retourner à Cuba : ils ont été
accusés, lundi 12, d’activités nuisant aux États-Unis.
Le gouvernement cubain a qualifié la mesure d’« acte irrationnel
de vengeance » et a déclaré qu’il « prendrait
le temps nécessaire » pour répondre à la «
provocation ».
Cuba a retiré de nouveau sa demande d’adhésion à l’Accord de Cotonou pour la coopération entre l’Union européenne (UE) et le Groupe de pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). En réaction aux peines sévères appliquées par le régime à 70 dissidents et à l’exécution des trois personnes qui avaient tenté de détourner une embarcation vers les États-Unis, la Commission européenne avait décidé le 30 avril de reporter sine die l’évaluation de la demande cubaine, qui aurait dû normalement être présentée au Conseil des ministres de l’UE en juin.
Le 20 mai,
les cubains anticastristes exilés aux États-Unis célèbrent
leur Jour de l’indépendance, en souvenir du 20 mai 1902, jour où
fut proclamé la République de Cuba, après 3 ans d’intervention
militaire états-unienne. Avant de se retirer, les États-Unis avaient
imposé l’ajout d’un amendement à la Constitution qui
les autorisaient à intervenir chaque fois que cela leur paraîtrait
nécessaire. Le traditionnel message du président états-unien
en ce jour s’est limité à exprimer « l’espoir
que le peuple cubain puisse jouir bientôt des mêmes libertés
et droits » que les états-uniens, sans annoncer de nouvelles mesures
contre le gouvernement cubain. Cependant, ce même jour, un avion diffusant
TV Martí, créée dans les années 1980 pour diffuser
des informations anticastristes, est passé au large de la côte
nord de l’île interrompant les émissions des chaînes
de diverses provinces. Des coupures de courant auraient apparemment minimisé
l’impact de ces transmissions.
ÉQUATEUR
L’augmentation des immigrés colombiens (et péruviens), s’est
accompagnée d’une recrudescence de xénophobie.
Les poursuites
judiciaires engagées contre ChevronTexaco, une entreprise pétrolière
multinationale, ont, mercredi 7 mai, été transférées
par la justice états-unienne vers la Cour suprême de la ville de
Nueva Loja, au nord du pays. Les poursuites ont été engagées
il y a 9 ans par des représentants de quelque 30 000 indigènes
et paysans affectés par l’exploitation pétrolière.
La Cour vient de charger le ministère des Affaires étrangères
des démarches nécessaires à la comparution du président
de la multinationale.
GUATEMALA
Mercredi 7 mai, la Quatrième Cour d’appel a exempté de toute
culpabilité trois des officiers accusés d’avoir ordonné
en 1990 l’assassinat de l’anthropologue Myrna Mack. Le verdict,
dénoncé par des fonctionnaires de l’ONU, des diplomates
et des organisations luttant en faveur des droits humains, met en question la
crédibilité du système judiciaire et le processus de paix
initié en 1996.
MEXIQUE
Le président Vicente Fox a déclaré lundi 28 mai, devant
plus de 1 000 invités que la signature de l’Accord national pour
la campagne marque le début d’une nouvelle ère pour le secteur,
qui concentre 75 % de la pauvreté du pays. Mais l’Union nationale
des organisations régionales agricoles autonomes (UNORCA), qui s’est
refusé à signer l’accord, reproche à l’Accord,
tout comme d’autres analystes, d’être superficiel. L’accord,
souscrit après quatre mois de dialogues et de mobilisations des paysans,
énonce les promesses du gouvernement mais ne précise pas d’où
et quand viendront les fonds.
La mort
de 17 immigrants illégaux, rendue publique mercredi 14 mai dans l’État
du Texas, est pour le Mexique un témoignage de plus de l’urgence
de trouver un accord migratoire avec les États-Unis. Le président
Vicente Fox cherche depuis le début de son mandat, fin 2000, à
obtenir la légalisation des plus de 4 millions d’immigrants mexicains
sans papiers qui travaillent dans le pays voisin. Mais le gouvernement états-unien
a augmenté sa résistance traditionnelle à un accord global
sur l’immigration depuis que le Mexique, membre non permanent du Conseil
de sécurité de l’ONU, a refusé de soutenir l’invasion
de l’Irak.
PARAGUAY
Le nouveau président élu, Nicanor Duarte Frutos entrera en fonction
le 15 août. Le vice-président élu, Luis Castiglioni, accompagné
d’un groupe d’experts, s’est rendu à États-Unis
du 26 au 30 mai pour renégocier avec divers organismes internationaux
les conditions d’octroi de crédits bloqués par la Banque
mondiale (BM) et la Banque interaméricaine de développement (BID)
qui considèrent que le Paraguay n’apporte pas les contreparties
locales attendues.
EL SALVADOR
À la fin du mois d’avril, les autorités états-uniennes
ont prolongé jusqu’en janvier 2005 le Statut de protection temporaire
(TPS en anglais) permettant aux quelque 82 000 Honduriens et 5 000 Nicaraguayens
de rester dans le pays. Le Statut de protection temporaire a été
établi en 1990 et permet de délivrer des permis de séjour
temporaires aux étrangers qui ne peuvent rentrer dans leur pays pour
cause de conflits, catastrophes naturelles et autres situations extraordinaires.
Quelque 260 000 Salvadoriens sont quant à eux encore dans l’expectative,
menacés de devoir quitter le pays si aucune prolongation de leur permis
de séjour n’intervient d’ici au 9 juillet.
VENEZUELA
Le premier mai, journée internationale des travailleurs, a été
l’occasion de deux manifestations. La première, convoquée
par la Confédération de travailleurs du Venezuela (CTV) a réuni
des dizaine de milliers d’opposants, et marqué le retour de la
contestation dans la rue, après 3 mois de reflux. Les partisans de Hugo
Chávez se réunirent eux aussi et durant la manifestation fut annoncée
la création d’une nouvelle centrale syndicale, l’Union nationale
des travailleurs qui affirme représenter quelque 1 200 organisations
de base, contre 2 300 pour la CTV. Un manifestant de l’opposition a été
tué.
Le secrétaire
général de la OEA, César Gaviria, responsable de la Table
de négociation et d’accords entre opposition et gouvernement travaille
sur un texte s’inspirant des propositions de l’un et l’autre
bord, et qui devrait être plus bref que le document en 25 points adopté
le 11 avril par la Table de dialogue. La délégation du gouvernement
cherche à transférer la négociation vers le parlement et
pourrait accepter de signer si l’application des résolutions du
document était confié aux pouvoirs publics, l’opposition
souhaite que la Table de négociations continue à fonctionner.
En cas de reproduction, mentionner la source Dial.