L'ACTUALITÉ
EN BREF décembre 2003 |
Amérique latine - Amérique centrale - Amérique du Sud - Argentine - Bolivie - Brésil - Chili - Colombie - Guatemala - Haïti - Mexique - Nicaragua - Paraguay - Uruguay - Venezuela |
AMÉRIQUE LATINE
En juin 2004, lors de l’Assemblée générale de
l’Organisation des États américains (OEA) qui se tiendra
à Quito, devra être élu le nouveau Secrétaire général
de l’institution, en remplacement le colombien César Gaviria, qui
occupe actuellement le poste. Trois candidats s’opposent déjà
: le costaricain Miguel Angel Rodríguez, qui déclare bénéficier
du soutien de la majorité des pays, le ministre de l’Intérieur
chilien, Miguel Insulza, dont la candidature est soutenue par le Brésil
et l’Argentine, et l’actuel président de El Salvador, Francisco
Flores, proche du gouvernement Bush et soutenu par les États-Unis, membre
de poids de l’OEA.
AMÉRIQUE CENTRALE
Le Guatemala, El Salvador, le Honduras et le Nicaragua ont conclu, mercredi
17 décembre, des accords de libre-échange avec les États-Unis.
Le Costa Rica a refusé l’ouverture du marché des télécommunications
et des assurances – qui sont actuellement monopoles d’État
–, que réclamait, lors des dernières négociations,
le groupe mené par Robert Zoellick, le représentant des États-Unis.
Le ministre du commerce extérieur costaricain, Alberto Trejo, a finalement
choisi de ne pas signer l’accord. Les discussions reprendront en janvier
2004.
AMÉRIQUE DU SUD
Réunis à Montevideo, la capitale uruguayenne, les chanceliers
(ministres des affaires étrangères) du Mercosur (Argentine,
Brésil, Paraguay, Uruguay) et de la Communauté andine (Bolivie,
Colombie, Équateur, Pérou, Venezuela) ont signé, mardi
16 décembre, un accord d’ouverture économique qui prévoit
la formation d’une zone de libre-échange entre les deux blocs de
pays d’ici à 10 ans. L’accord devrait donner plus de poids
à la région dans les négociations avec les États-Unis
et l’Union européenne. Deux rondes de négociations viendront
prolonger et compléter l’accord. La première aura lieu fin
janvier au siège du Secrétariat général de la Communauté
andine, à Lima, la seconde à Buenos Aires, durant la dernière
semaine de février.
ARGENTINE
Mercredi 10 décembre, l’Argentine fêtait ses vingt ans de
démocratie ininterrompue, depuis que Raúl Alfonsín (1983-1989)
reçut l’écharpe présidentielle des mains de Reynaldo
Bignone, dernier dictateur du régime militaire (1976-1983). Deux ans
après la démission du président Fernando de la Rua (1999-2001),
l’économie du pays est en nette reprise et l’optimisme est
de mise, même si subsistent de graves problèmes : fort taux de
chômage, pourcentage important de la population confrontée à
la pauvreté et hausse massive de l’insécurité. Le
président Néstor Kirchner bénéficie d’un fort
soutien de la population : selon l’institut de sondages Equis, il jouit
d’une image positive chez 88% des Argentins. Il semble donc avoir réussi,
par sa politique, à consolider une légitimité que la défection
de Carlos Menem au second tour des élections présidentielles –
il était donné largement perdant –, lui avait dérobée.
BRÉSIL
Le Congrès brésilien a approuvé mardi 9 décembre
une loi interdisant le port d’armes aux personnes sans autorisation spéciale.
Le nouveau Statut de désarmement prévoit aussi d’interdire
la vente d’armes si la population ratifie la mesure lors du référendum
qui sera organisé en octobre 2005. Selon un sondage réalisé
en octobre par l’institut Sensus, 74,1% de la population est favorable
à l’interdiction de la vente. Plus de 40 000 Brésiliens
meurent chaque année des suites de coups de feu. Le vote du Congrès
fait écho aux mobilisations qui avaient réuni des dizaines de
milliers de personnes dans plusieurs villes du pays.
Le directoire national du Parti des travailleurs (PT), réuni à
Brasilia à la midécembre, a décidé – par 55
voix contre 27 – d’expulser du parti les quatre parlementaires qui
se sont opposés à la politique économique adoptée
par le gouvernement du président Luiz Inácio Lula da Silva et
aux réformes qui, selon eux, « trahissent les principes du
PT ». Ils avaient notamment voté contre la réforme
du système de retraite.
La politique
économique orthodoxe du gouvernement, faite d’ajustement fiscal
et monétaire, a réussi à réduire l’inflation
et à stabiliser les taux de change. La balance commerciale présente
un solde positif de 24 milliards de dollars et les exportations ont augmenté
de 20%. De ce fait, la balance des paiements (qui mesure le commerce des biens
et des services mais aussi le flux des investissements) enregistre, fait inhabituel,
un excédent de près de 3 milliards de dollars. Mais le succès
macro-économique a eu pour contrepartie une récession, avec un
fort taux de chômage (entre 12 et 13%) et une baisse de 13% des revenus
des travailleurs. Malgré tout, le président Lula conserve sa popularité
: le dernier sondage du journal Folha de Sao Paulo, réalisée
du 8 au 15 décembre, lui confère 42% d’évaluations
« excellente » et « bonne », et
41% de « correcte », résultats similaires au sondage
de mars. 15% considèrent « mauvais » ou « catastrophique »
son gouvernement, contre 10% en mars.
CHILI
La ministre de relations extérieures, Soledad Alvear, du Parti démocrate
chrétien, et la ministre de la défense, Michelle Bachelet, du
Parti socialiste, apparaissent actuellement comme les candidats potentiels les
plus populaires pour les élections présidentielles de décembre
2005. Dans quelques enquêtes, la popularité de la ministre de la
défense dépasse même celle du président actuel, Ricardo
Lagos, ou celle du maire de Santiago, Joaquín Lavín, leader de
l’Alliance pour le Chili, l’opposition de droite. Les élections
municipales d’octobre 2004 permettront à la Concertation pour la
démocratie, actuellement au pouvoir, et à l’Alliance pour
le Chili, de mesurer leurs forces.
COLOMBIE
Selon la CODHES (Organisme colombien de conseil pour les droits humains et le
déplacement forcé), près de 15 000 personnes ont fui la
Colombie, entre janvier et septembre 2003, à cause de la violence des
guérilleros, des paramilitaires et des narcotrafiquants, se réfugiant
dans les pays voisins. En Équateur, quelque 8 000 colombiens ont demandé
asile cette année, et le nombre de réfugiés a été
multiplié par 36 depuis 2000.
Le nouveau maire de Bogota, Luis Eduardo Garzón, a inauguré son mandat avec le lancement du programme « Bogota sans faim », qui prévoit l’installation de cantines populaires permanentes pour lutter contre la dénutrition. Les enfants, les femmes enceintes ou avec des enfants à allaiter, les déplacés de guerre, les personnes âgées et les sans domicile fixe sont les secteurs prioritaires d’une série de mesures d’assistance.
La nouvelle
loi antiterroriste, approuvée par le Sénat mercredi 10 décembre,
par 67 votes contre 28, préoccupe les divers organismes de droits humains.
Elle autorise l’armée à procéder à des arrestations
pour un maximum de 36 heures, à procéder à des perquisitions
et à intercepter des communications sans contrôle judiciaire préalable.
Un registre comprenant des données privées de tous les habitants
du pays sera créé, auquel pourront avoir accès les autorités
militaires. L’armée pourra exercer des fonctions de police judiciaire,
avec notamment la pratique d’interrogatoires. Les acquis de la loi 589,
votée en 2000, sur la disparition forcée, qui prévoit des
mécanismes destinés à favoriser la prévention et
l’éradication de cette pratique, sont remis en cause par la nouvelle
norme. Le Comité contre la torture de l’ONU a demandé au
gouvernement, dans une recommandation du 18 novembre, de reconsidérer
son projet d’adopter des mesures qui octroieraient « des facultés
de police judiciaire à l’armée, permettant des interrogatoires
et des détentions durant des périodes prolongées sans contrôle
judiciaire ». Le comité a donné un délai d’un
an au gouvernement pour qu’il rende compte du respect de la recommandation.
GUATEMALA
La Coordination nationale d’organisations paysannes (CNOC) a organisé
en 2003 plus d’une douzaine de manifestations dans la capitale et en province,
pour réclamer une meilleure répartition des terres. 1% de la population
possède 86% des meilleures terres cultivables alors que 96% des 11,2
millions d’habitants possèdent un peu moins de 14% des terres et
que 500 000 familles paysannes vivent en dessous du seuil de pauvreté
par manque de terres cultivables. Selon les chiffres du CNOC, le Fonds de terres
(Fontierras) de l’État a remis à des paysans 162 parcelles
depuis 1997, ce qui représente moins de 5% des 5 000 demandes enregistrées.
Daniel Pascual, le dirigeant du CNOC, accuse le président Alfonso Portillo
de tenir un double discours et de ne pas respecter les Accords de paix. Parmi
les 11 accords de 1996, qui mirent fin à 36 ans de guerre civile, l’Accord
de développement économique et agraire prévoyait la répartition
des terres. Il a été enterré par les autorités et
la puissante Chambre de l’agro, qui réunit les grands propriétaires.
Dimanche
28 décembre, au second tour des élections présidentielles,
a été élu Oscar Berger, le candidat du parti de droite,
la Grande alliance nationale (GANA), avec 54,1% des voix, contre 45,8% pour
Alvaro Colom, le candidat du parti de centre droit, l’Unité nationale
de l’espérance (UNE). Le nouveau président assumera ses
fonctions le 14 janvier, prenant la suite d’Alfonso Portillo, du Front
républicain guatémaltèque (FRG). Face à un Congrès
divisé – avec 47 députés de la GANA, 44 du FRG, 32
de la UNE, 17 du Parti d’avancée nationale, et 6 de l’Alliance
nouvelle nation (de gauche), pour un total de 158 –, le président
devra gouverner sur la base de vastes accords politiques.
HAÏTI
Depuis l’assassinat d’Amiot Métayer, le port de Gonaïves
est le lieu d’affrontements incessants. Les attaques de la police contre
Raboteau, le quartier du groupe ont provoqué des dizaines de morts, principalement
des passants. À une semaine du bicentenaire de l’indépendance
de la première république noire, le 1er et 2 janvier 2004, les
prêtres de la localité déploraient l’absence de respect
des droits humains dont ils accusaient directement Aristide en lui demandant
de faire un « geste patriotique » et de démissionner.
MEXIQUE
En décembre 2000, au moment de sa prise de fonctions, le nouveau président
Vicente Fox avait demandé à l’ONU de réaliser une
étude sur la situation des droits humains dans le pays, avec l’intention
de mettre en place un plan d’ampleur en la matière. Le rapport,
élaboré par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les droits
humains, a été présenté au président, lundi
8 décembre. Le diagnostic sur la situation des droits humains au Mexique,
de 226 pages et comprenant 32 recommandations réclame des mesures urgentes
contre la misère, l’inefficacité de la justice, les disparitions,
les tortures, les mauvais traitements, l’éducation insuffisante
et la discrimination.
NICARAGUA
Dimanche 7 décembre, la juge pénale Juana Mendez prononçait
son verdict contre l’ancien président Arnoldo Alemán (1997-2002)
accusé de blanchiment d’argent, de fraude, de fraude électorale
et d’incitation au délit. L’ancien président et leader
du Parti libéral constitutionaliste, actuellement au pouvoir, a été
condamné à 20 ans de prison et à une amende de 17,4 millions
de dollars. Il lui est aussi interdit d’occuper des charges publiques.
PARAGUAY
Mercredi 3 décembre, le Sénat fit connaître sa décision
de supprimer 14 des 20 délits dont étaient accusés 3 ministres
de la Cour suprême. Vendredi 12, il votait la destitution de deux des
accusés, déclarés coupables d’avoir violé
la Constitution, d’interférer dans les fonctions du pouvoir législatif
et de commettre des actes de corruption (par 44 et 43 voix sur 45). Le troisième
magistrat accusé présenta sa démission ce même jour,
avant le début de session du Sénat. Fin octobre, 2 des 9 juges
avaient déjà présenté leur démission, un
troisième l’ayant fait début décembre. Les 3 derniers
membres de la Cour suprême ont intégré plus récemment
l’institution et n’étaient pas soumis au jugement.
URUGUAY
Dimanche 7 septembre, le référendum organisé autour du
projet de loi prévoyant d’ouvrir à des capitaux privés
l’entreprise publique monopoliste d’importation et de raffinage
d’hydrocarbures ANCAP s’est soldé par une nette victoire
du non (62,21% des suffrages valides) sur le oui (35,42%). Le résultat
s’explique en partie par le discrédit du gouvernement de Jorge
Battle, après la débâcle économique du milieu d’année
2002, mais aussi, par une opposition de fond des Uruguayens aux privatisations.
En 1992, un autre référendum avait déjà rejeté,
avec plus de 70% des voix, les principaux articles d’un projet de loi
sur les entreprises publiques, et notamment ceux qui devaient permettre de privatiser
les télécommunications. À la même époque,
le président du pays voisin, Carlos Menem (1989-1999) procédait
à des privatisations massives.
VENEZUELA
La Coordination démocratique, qui rassemble les partis et les groupes
de la société civile opposés à la politique d’Hugo
Chávez, a réuni du vendredi au lundi 1er décembre, dans
2 700 centres répartis dans tout le pays les signatures nécessaires
au référendum révocatoire du mandat présidentiel
et de celui de 35 députés de la majorité. Selon la Coordination,
ils auraient réussi à collecter 3 328 000 signatures. Pour que
soit validée la procédure du référendum, le Conseil
national électoral devra vérifier les signatures réunies.
S’il y en a 2 402 423 valides, soit une de plus que 20% des inscrits,
un référendum sera organisé en août 2004. Hugo Chávez
devrait quitter le gouvernement si le nombre de votants réclamant son
départ dépasse celui de ses défenseurs, ainsi que les 3
757 763 votes qui l’avaient élu en 2000. La possibilité
d’un référendum révocatoire avait été
incorporée à la Constitution élaborée sous l’impulsion
de l’actuel président et approuvée en 1999.
Rédaction : Nicolas Pinet.
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