L'ACTUALITÉ
EN BREF septembre 2004 |
Amérique latine - Amérique centrale - Mercosur - Argentine - Bolivie - Brésil - Chili - Colombie - Costa Rica - Équateur - Haïti - Mexique - El Salvador - Venezuela |
AMÉRIQUE LATINE
La diminution rapide du nombre de catholiques de la région, où
vivent un peu moins de la moitié des 1 milliard 71 millions de catholiques
du monde est un sujet de préoccupation pour le Vatican. Au Brésil,
pays du monde où vivent le plus grand nombre de catholiques – 100
millions parmi ses 182 millions d’habitants –, environ 500 000 personnes
abandonnent chaque année cette religion. Au Mexique, second pays au monde
pour ce qui est du nombre de catholiques, un phénomène similaire
est en cours : les croyants qui professent cette religion ne sont plus que 88%
des 102 millions d’habitants, soit 10% de moins qu’il y a 50 ans.
AMÉRIQUE CENTRALE
Au Honduras, 9 personnes meurent assassinées chaque jour, 8 en El
Salvador, et 14 au Guatemala. La majorité de ces crimes est attribuée
par les autorités aux bandes de jeunes, les « pandillas »
ou « maras », auxquelles appartiennent quelque
300 000 jeunes centraméricains. Mais la violence est aussi le fait de
la police ou de groupes armés non officiels qui cherchent à exterminer
les pandillas. Chaque semaine sont retrouvés des cadavres mutilés
de jeunes gens.
Durant la
première moitié de l’année 2004, les autorités
mexicaines ont déporté vers leurs pays d’origine environ
100 000 émigrants, qui tentaient de rejoindre les Etats-Unis par voie
de terre, en traversant le Mexique. La précaire situation économique
et sociale des pays d’Amérique centrale (El Salvador, Guatemala,
Honduras, Nicaragua) contribue à l’augmentation constante de l’émigration.
MERCOSUR
Les dernières offres commerciales échangées par le Mercosur
et l’Union européenne ont déçu les deux participants.
Pour le Mercosur, l’offre européenne est en retrait vis-à-vis
des propositions précédentes. Et certains gouvernements européens
considèrent que les concessions du Mercosur en termes d’ouverture
des marchés sont insuffisantes. Après 9 ans de négociations,
les conflits d’intérêts de part et d’autres semblent
présenter un obstacle infranchissable. Seul un changement de contexte,
comme par exemple la réactivation des négociations de la Zone
de libre-échange des Amériques (ZLEA), pourrait peut-être
débloquer la situation.
ARGENTINE
Mercredi 1er septembre, alors qu’il allait faire l’objet d’une
accusation formelle ce même jour au Sénat, 15 chefs d’accusation
pesant contre lui, le juge de la Cour suprême, Adolfo Vázquez,
a présenté sa démission. C’est le quatrième
magistrat qui abandonne ses fonctions depuis la prise de fonctions du président
Kirchner il y a 15 mois. La Cour suprême, composée traditionnellement
de 5 membres avait été élargie en 1991 à 9 membres
par Carlos Menem, alors président (1989-1999). Il avait ainsi obtenu
une majorité en sa faveur, ce qui lui permit d’obtenir le soutien
de la Cour sur des questions douteuses, assurant notamment l’impunité
de fonctionnaires impliqués dans des affaires de corruption.
La mairie d’Atamisqui, une petite ville de 3 000 habitants située au nord de l’Argentine, dans la province de Santiago del Estero, est occupée depuis 24 jours pour empêcher le retour dans ses fonctions du maire Roberto Brandán, jugé pour plusieurs affaires, mais libéré, « faute de preuves », par les tribunaux qui, selon le ministère de la justice de la Nation, font preuve d’une « absence complète » d’indépendance. L’Etat fédéral est déjà intervenu 6 mois plus tôt pour mettre un frein à la « grave détérioration institutionnelle » du district.
Lundi 27
septembre, la Centrale des travailleurs argentins (CTA), qui réunit des
syndicats du secteur public et des syndicats de professeurs et d’instituteurs
refusant d’appartenir à la Confédération générale
du Travail (CGT), liée aux secteurs les plus à droite du Parti
Justicialiste, organisait avec d’autres organisations sociales et de défense
des droits humains une journée de manifestation à Buenos Aires
et dans quelques-unes des provinces. Les manifestants réclamaient le
soutien du gouvernement et des autorités provinciales à un projet
de loi destiné à annuler les procédures judiciaires dont
font l’objet 4 800 personnes pour des délits supposés, liés
à la participation à des manifestations.
BOLIVIE
Lundi 27 septembre, l’affrontement entre les cultivateurs de coca de la
réserve naturelle Isiboro Sécure, du département central
de Cochabamba, et les militaires chargés de détruire les plantations
a provoqué un mort parmi les paysans et 15 blessés, dont 4 soldats.
Le dirigeant des cultivateurs de coca de la région tropicale, le député
Evo Morales, leader du Mouvement vers le socialisme (MAS) a obtenu en négociant
avec le président Carlos Mesa, mercredi 29, l’indemnisation de
la famille du défunt et la suspension pour 4 jours de l’éradication.
Depuis, les paysans et leurs familles montent la garde à quelque distance
des campements militaires.
BRÉSIL
Le Brésil est plongé dans un vaste mouvement de grèves
en ce début de 2ème semestre. Les salariés considèrent
que la reprise économique est favorable au renouveau des revendications,
après 10 ans de réduction du pouvoir d’achat. Les fonctionnaires
du Pouvoir judiciaire de l’Etat de São Paulo ont repris le travail
fin septembre, après 91 jours d’arrêt des activités
– ils ont obtenu une augmentation de salaire de 14,5%. Les employés
bancaires ont décidé de prolonger leur grève initiée
il y a deux semaines et les salariés de la compagnie aérienne
VASP ont fait grève mardi 28 et mercredi 29 septembre pour réclamer
le paiement de leurs arriérés de salaire.
CHILI
Jeudi 30 septembre, les forces armées chiliennes rendaient hommage au
général Carlos Prats, à l’occasion du 30ème
anniversaire de son assassinat à Buenos Aires, un an après le
coup d’Etat du 11 septembre 1973. Commandant en chef des forces armées
entre octobre 1970 et août 1973 et partisan du respect de la constitution,
il présenta sa démission le 23 août 1973 après avoir
fait l’objet d’attaques personnelles répétées.
Il suggéra à Salvador Allende le nom d’Augusto Pinochet
comme potentiel successeur digne de confiance. Jeudi 30 toujours, l’ancien
dictateur était soumis à des examens psychiatriques pour déterminer
si son état de santé permettait son inculpation dans le procès
des crimes du Plan Condor, une opération de répression menée
de façon conjointe par les différentes dictatures du Cône
sud. De son côté, le Service des impôts a présenté
une plainte contre l’ancien général auprès du juge
Sergio Muñoz pour évasion et fraude fiscales et les avocats Carmen
Hertz et Alfonso Insunza ont fait de même avec une accusation d’enrichissement
illicite.
COLOMBIE
A la mi-septembre, une marche indigène ayant pour destination la ville
de Cali, au sud-ouest du pays, a parcouru plus de 100 kms et réuni plus
de 65 000 personnes. La marche, qui prenait la forme d’un congrès
itinérant et s’arrêtait dans chaque localité pour
siéger et débattre, avait été convoquée par
le peuple Nasa pour, d’une part, protester contre la proposition de réforme
constitutionnelle qui doit permettre la réélection du président
Alvaro Uribe et, d’autre part, rejeter les traités de libre-échange
dont les négociations sont en cours. Communautés noires, paysans
et syndicalistes ont répondu à la convocation et participé
à la marche.
COSTA RICA
Divers groupes de la société civile, avec l’appui de
députés et de personnalités officielles, réclament
la démission du nouveau secrétaire général de l’Organisation
des Etats américains (OEA) et ancien président du pays (1998-2002),
Miguel Angel Rodríguez, impliqué dans une affaire de pots-de-vin
qu’aurait payés la compagnie française de télécommunications,
Alcatel.
ÉQUATEUR
Une centaine d’habitants de la provincseptentrionale de Sucumbíos
se sont rendus à Quito, la capitale, jeudi 31 septembre et vendredi 1er
octobre pour demander au ministère des affaires étrangères
qu’il exige du gouvernement colombien que les fumigations avec des herbicides
sur les plantations de coca et de pavot s’arrêtent à 10 kms
de la frontière. La Fédération internationale des droits
humains (FIDH) a présenté de son côté, mercredi 30,
un Amicus Curiae (ami de la cour) au Tribunal constitutionnel de Quito
pour soutenir la demande faite par la Fédération d’organisations
paysannes du secteur frontalier et la Confédération des nationalités
indigènes d’Equateur (CONAIE) questionnant les moyens mis en place
par l’Etat pour protéger ses citoyens des effets des fumigations.
Le recours de la FIDH se présente sous la forme d’une étude
scientifique détaillant les effets des différents herbicides sur
les personnes et l’environnement.
HAÏTI
Des groupes d’anciens soldats de l’armée haïtienne,
dissoute il y a 10 ans pour violations des droits humains, occupent depuis début
septembre des commissariats et d’autres édifices publics à
Petit-Goave, Cap-Haïtien, Saint-Marc, Hinche, ainsi que plusieurs autres
localités du plateau central d’Haïti. Outre les groupes criminels,
il y a désormais 3 corps armés sur l’île : les anciens
soldats, la Police nationale haïtienne et les 2 750 casques bleus de l’ONU.
L’ancien
président d’Haïti, Jean Bertrand Aristide continue à
réclamer au gouvernement français le remboursement des 90 millions
de francs-or qu’Haïti a dû verser à Paris entre 1838
et 1883 en compensation pour les investissements et les terres des colons français.
Economistes et historiens considèrent que ce paiement est un des facteurs
qui firent d’Haïti le pays le plus pauvre d’Amérique.
MEXIQUE
Vendredi 17 septembre, le gouvernement mexicain signait un Accord d’association
économique (AAE) avec le Japon, qui prévoit l’ouverture
progressive des barrières douanières de 2005 à 2014. C’est
le 12ème accord de libre-échange signé par le Mexique sans
pour autant que l’on puisse dire que l’économie et la population
aient vraiment bénéficié des accords précédents
: entre 1992 et 2002, le Produit intérieur brut (PIB) a augmenté
de seulement 0,96% par an et plus de la moitié des 100 millions d’habitants
vivent en dessous du seuil de la pauvreté. C’est le premier accord
du Japon avec un pays d’Amérique latine. Ce dernier espère
ainsi commencer à pénétrer les marchés des pays
du sous-continent.
EL SALVADOR
Le 4 septembre, le militaire Alvaro Saravia a été condamné
aux Etats-Unis où il résidait pour avoir fait partie du groupe
ayant planifié l’assassinat de Mgr Oscar Romero, archevêque
de San Salvador, exécuté en mars 1980. C’est la première
condamnation prononcée à ce sujet, tous les autres coupables étant
toujours en liberté.
VENEZUELA
Fort de sa victoire au référendum du 15 août, Hugo Chávez
a annoncé la création de 3 nouveaux ministères dans le
secteur socio-économique : un ministère du logement, un ministère
de l’alimentation et un ministère du « pouvoir populaire
» qui regroupe une vingtaine d’organismes publics chargés
d’octroyer des crédits aux particuliers et aux entreprises. Le
président a aussi exigé « l’application stricte de
la Loi des terres contre le latifundio » et augmenté le budget
destiné aux plans spéciaux d’alimentation, de santé
et d’éducation, qu’il souhaite « convertir progressivement
en institutions de base du nouvel Etat social ». La politique d’investissements
publics met en avant 2 projets-phares, la création d’une nouvelle
ligne aérienne, Conviasa, et d’une nouvelle compagnie de téléphone,
CVG Telecom. Le prix de vente du pétrole, qui constitue 50% des revenus
de l’Etat et se vend actuellement 50% plus cher que ce que le budget prévoyait,
donne pour l’instant au gouvernement les moyens de sa politique.
Rédaction : Nicolas Pinet.
En cas de reproduction, mentionner la source Dial.