ARGENTINE
Un incendie dans une discothèque de Buenos Aires jeudi 30 décembre
a provoqué la mort de 191 jeunes et blessé 700 autres, dont 21
étaient encore hospitalisés fin janvier – les portes de
secours étaient fermées et la majorité des victimes est
morte par asphyxie. Le chef du gouvernement de la capitale, Aníbal Ibarra,
a reconnu, vendredi 28, la part de responsabilité qui revient à
l’Etat, du fait des normes de contrôle obsolètes et s’est
engagé à indemniser les familles des victimes. Il a aussi fait
savoir que l’établissement n’était pas en règle,
qu’il avait autorisé l’accès à des mineurs,
et que le public était 3 fois plus nombreux que ce qui était permis.
Vendredi 14 janvier débutait à Madrid le procès de l’ancien marin militaire argentin, Adolfo Scilingo, accusé de génocide, tortures et terrorisme. L’ancien marin a confessé en 1996 avoir jeté à la mer 30 prisonniers politiques drogués au cours de deux « vols de la mort ». En 1997, il était venu volontairement en Espagne déclarer devant le juge Baltasar Garzón, espérant ainsi échapper à la prison. Il avait alors été détenu et le procès qui commence a donc lieu en Espagne. Les justices argentine et espagnole conduisent ensemble le procès durant lequel les témoins déclareront depuis Madrid et Buenos Aires – dans ce dernier cas, les dépositions se font dans un tribunal argentin et sont transmises par vidéoconférence.
BOLIVIE
Le président bolivien Carlos Mesa doit faire face depuis le début
du mois à une situation tendue. Le 30 décembre, date de la fin
du moratoire de 100 jours accordé aux entrepreneurs du transport, le
prix de l’essence et du diesel a été augmenté par
le gouvernement de 10 et 23%, respectivement. Durant le 1er gouvernement de
Gonzalo Sánchez de Lozada (1993-1997), la Bolivie avait fixé le
prix de vente de ses hydrocarbures sur le marché interne au niveau des
prix internationaux, avec l’objectif d’attirer les investissements
étrangers durant le processus de privatisation de la production pétrolière.
La décision met fin à 5 années de subventions accordées
au secteur des transports et réduit les subventions à la seule
vente du gaz liquide à usage domestique. Dans les jours qui suivirent,
les manifestations d’opposition à la mesure se sont multipliées,
notamment dans la ville de Santa Cruz de la Sierra au centre du pays. Dimanche
9 janvier, le président déclarait qu’il démissionnerait
plutôt que d’avoir à réprimer par la force les manifestants.
Mercredi 19, le gouvernement décrétait une baisse de 6% du prix
du diesel mais la mesure était accueillie par de nouvelles manifestations
et occupations d’édifices publics. Vendredi 21, alors qu’avait
lieu une nouvelle manifestation massive d’organisations civiques et patronales
dans la ville de Santa Cruz de la Sierra, les maires de 9 villes importantes
du pays (La Paz, El Alto, Oruro, Potosí, Tarija, Cochabamba, Sucre, Trinidad
et Cobija) rendaient publique une déclaration de défense de la
démocratie. Les maires considèrent que les chefs d’entreprise
et les dirigeants civiques de Santa Cruz veulent empêcher la réalisation
de l’Assemblée constituante, qui doit avoir lieu cette année
et l’approbation d’une nouvelle loi sur les hydrocarbures qui taxera
plus fortement les multinationales pétrolières. Les organisations
patronales en conflit réclament aussi l’autonomie politique et
économique de la région de Santa Cruz, la plus riche du pays.
BRÉSIL
La croissance du PIB (Produit intérieur brut) et des exportations brésiliennes
a dépassé toutes les prévisions pour 2004. Le PIB a crû
de 5% et les exportations ont augmenté de 32% en comparaison de 2003
et cela malgré un contexte habituellement considéré comme
peu favorable – taux d’intérêts élevés,
politique d’ajustement fiscal et oscillations du real sur le marché
du change.
Le 4ème Forum social panamazonien (FSPA) s’est tenu du 18 au 22 janvier à Manaus, au nord-ouest du Brésil. Il a réuni plus de 8 000 représentants des populations vivant dans la région. Les questions touchant à l’environnement et à la défense des ressources naturelles occupaient une place centrale dans les dizaines de conférences, séminaires et ateliers du forum dont les grands thèmes étaient cette année « diversité, souveraineté et paix », une attention particulière étant portée aux grands projets et accords internationaux représentant une menace pour l’environnement et les peuples locaux.
Pour sa 5ème édition, le Forum social mondial est revenu à son lieu d’origine – Porto Alegre –, après s’être tenu en Inde en 2004. La rencontre, qui a eu lieu du 26 au 31 janvier, a reçu la visite du président brésilien Lula et du président vénézuélien Chavez.
CHILI
Mardi 4 janvier, la Cour suprême chilienne a rejeté par 3 voix
contre 2 le recours en cassation présenté par Pablo Rodríguez,
l’avocat d’Augusto Pinochet, le 13 décembre. Ce même
jour, le juge Juan Guzmán avait en effet ordonné la mise en examen
et la détention à domicile de l’ancien dictateur accusé
d’être l’auteur intellectuel de 9 enlèvements et d’un
homicide qualifié dans le cadre du Plan Condor, une opération
de répression organisée de façon conjointe par les dictatures
du Cône Sud (Argentine, Paraguay, Uruguay, Brésil et Chili).
Le général à la retraite, Manuel ‘Mamo’ Contreras, âgé de 75 ans et chef de la Direction nationale du renseignement (DINA – le principal organisme répressif de la dictature) entre 1974 et 1978 est retourné en prison, vendredi 28 janvier, pour purger une peine de 12 ans à laquelle il a été condamné pour l’enlèvement et la disparition en 1975 de Miguel Angel Sandoval, un jeune militant du Mouvement de gauche révolutionnaire (MIR). Le verdict, ratifié par la Cour suprême le 17 novembre, ordonne la détention de Contreras ainsi que de 4 anciens responsables de la DINA. Le général à la retraite s’est refusé à paraître devant les tribunaux pour être notifié de sa condamnation et le juge dut envoyer les forces de l’ordre l’arrêter chez lui.
Le premier ministre socialiste espagnol, José Luis Rodríguez Zapatero a effectué fin janvier une visite dans le Cône Sud dont la dernière étape fut le Chili, après le Brésil et l’Argentine. A cette occasion, il s’est réuni avec le président chilien, Ricardo Lagos, et le futur président uruguayen, Tabaré Vázquez, qui prendra ses fonctions le 1er mars. Le premier ministre espagnol a fait part de sa volonté d’aider au rapprochement de l’Union européenne et de l’Amérique latine. Lagos et Vázquez insistèrent de leur côté sur la nécessité de donner un contenu plus fortement politique au Marché commun du Sud (Mercosur).
COLOMBIE
L’enlèvement d’un guérillero colombien des FARC (Forces
armées révolutionnaires de Colombie) le 13 décembre à
Caracas – la capitale vénézuélienne –, où
il vivait depuis plus d’un an, a créé une forte tension
entre les deux gouvernements. Rodrigo Granda, numéro 2 dans la structure
internationale des FARC et chargé des relations extérieures de
la guérilla, a officiellement été arrêté le
14 dans la ville de Cúcuta, au nord-est de la Colombie. Mais des enquêteurs
vénézueliens ont mis en évidence qu’il avait été
séquestré la veille en plein centre de Caracas. Le vice-président
colombien, Francisco Santos et le ministre de la défense, Jorge Uribe,
ont reconnu à la mi-janvier que Bogota avait payé des chasseurs
de primes pour capturer Rodrigo Granda, ce qui n’a fait que renforcer
la tension. Le président vénézuélien a alors exigé
des excuses de son homologue colombien, Álvaro Uribe, et menacé
de mettre un terme à l’ensemble des programmes de coopération
et de commerce. Selon le journal colombien El Tiempo, le désamorçage
du conflit serait le résultat du travail de médiation du gouvernement
cubain : Castro aurait, à la demande d’Uribe, envoyé son
ministre des affaires étrangères Felipe Pérez Roque se
réunir avec le président vénézuelien puis avec son
homologue colombien les 21 et 22 janvier. Le 27, les ministres des affaires
étrangères des deux pays se réunissaient à Lima
et vendredi 28 la présidence colombienne publiait un communiqué
qui, sans présenter d’excuses, exprimait « son entière
disposition à réviser les faits » concernant la détention
de Granda pour que, « s’ils ont parus malvenus au Venezuela, ils
ne se répètent pas ». Le gouvernement vénézuélien
a alors exprimé sa satisfaction et déclaré que le communiqué
ouvrait « le chemin à des relations très positives ».
Il a été décidé que le président Uribe se
rendrait au Venezuela le 3 février.
HONDURAS
Le 23 décembre dans la ville de San Pedro Sula, au nord du pays, un autobus
était intercepté et attaqué par plusieurs hommes armés.
Dans l’attaque moururent 28 passagers, dont 6 enfants et 16 femmes. Les
autorités accusent la Mara Salvatrucha, une bande de jeunes délinquants
qui serait en guerre contre un autre groupe, la Mara 18. Trois des chefs présumés
de la bande ont été détenus. Mardi 28, le Congrès
législatif a aussi voté à l’unanimité, sur
demande du Pouvoir exécutif, des réformes légales qui autorisent
la garde-à-vue de suspects durant 72 heures et font passer les peines
pour les délits d’association illicite de 20 à 30 années
de prison. Les ONG de droits humains du pays ont dénoncé les mesures
qu’elles considèrent comme un bond en arrière.
MEXIQUE
Pendant le mois de janvier, une centaine de personnes ont été
assassinées dans des affaires en lien avec le trafic de drogue. Les groupes
de trafiquants, qui sont au moins au nombre de 7, fournissent 70% de la cocaïne
consommée sur le marché états-unien. La vague de violence
a commencé à la fin décembre, avec l’assassinat dans
une prison de haute-sécurité du frère d’un trafiquant
de drogue par un autre prisonnier. Le gouvernement décida alors de renforcer
les contrôles dans les prisons et de durcir les conditions d’emprisonnement
des narcotrafiquants qui, comme le reconnaissent les autorités, continuent
à contrôler leurs affaires depuis leurs cellules. Les gardes ont
été renforcées et des détachements militaires massifs
ont été envoyés sur les lieux. Les narcotrafiquants ont
réagi en faisant assassiner le 20 décembre 6 employés de
la prison de haute sécurité de Matamoros, au nord du pays. Ce
même jour, un avocat des narcotrafiquants était assassiné
et le directeur d’une des prisons de Puebla se suicidait, apparemment
sous la pression des mafias.
VENEZUELA
Le président Hugo Chávez a terminé l’année
2004 par un voyage officiel en Chine, qui concluait 4 mois de politique extérieure
très active durant lesquels le Venezuela a signé des accords avec
la Colombie, l’Espagne, la Libye, la Russie, l’Iran, le Qatar, la
République dominicaine, le Paraguay, la Bolivie, le Chili, le Brésil
et Cuba dans les secteurs de l’énergie, de l’agriculture
et des télécommunications. Durant cette troisième visite
officielle en Chine, après celles de 1999 et 2001, le président
accompagné de 9 ministres et de chefs d’entreprises de divers secteurs
a signé 8 nouveau accords bilatéraux, concernant notamment la
participation de la Corporation nationale de pétrole de Chine (CNPC)
à l’exploitation d’un champ de 15 puits de pétrole
situé à l’est du Venezuela. A son retour à Caracas
le président a exprimé son enthousiasme devant les résultats
obtenus.
Plus de
12 000 détenus dans vingt prisons du pays ont réalisé en
janvier une grève de la faim pour obliger l’Etat à accélérer
les procédures juridiques et à utiliser plus communément
les mécanismes juridiques déjà en place et destinés
à faciliter la remise en liberté. Ils ont obtenu gain de cause
et cessé leur grève.
Rédaction : Nicolas Pinet.
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