AMÉRIQUE LATINE
troisième trimestre 2002-année 2003


AOÛT-SEPTEMBRE 2002
Le bilan des améliorations survenues dans les dix ans qui séparent le Sommet de la terre qui s'était tenu à Rio de Janeiro en 1992 et celui de Johannesburg (Afrique du Sud) en 2002 - appelé aussi Rio + 10 - n'est pas très encourageant.
La conscience de la fragilité de l'environnement a augmenté, des mesures de protection ont été adoptées, et la participation de la société civile s'est affermie. Les institutions démocratiques de la région se sont consolidées, créant des conditions favorables à l'investissement, au développement économique, et, potentiellement, à la diminution de la pauvreté et du chômage. Ces éléments pourraient permettre d'avancer sur la voie du développement durable.
Mais la pauvreté reste très présente, touchant 44 % des latinoaméricains selon les chiffres de la CEPAL, la région est toujours la première au monde pour ce qui est de l'inégalité des revenus et la détérioration de l'environnement s'est accentuée. Les années 90, placées à leur début sous le signe de l'optimisme - retour à la démocratie dans de nouveaux pays, volonté de laisser derrière la « décennie perdue » des années 80 - apparaissent désormais comme une autre étape d'un développement qui peine à avancer.




OCTOBRE 2002
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NOVEMBRE 2002
Les négociations du douzième Sommet hispano-américain, qui s’est tenu durant la troisième semaine de novembre en République Dominicaine, ont achoppé sur la question des subventions agricoles. Une résolution, proposée par les gouvernements latino-américains, prévoyait leur élimination progressive. L’Espagne et le Portugal s’y sont opposés.

La Cour interaméricaine des droits humains, organisme dépendant de l’Organisation des États américains (OEA), voit son fonctionnement entravé par des problèmes budgétaires. Elle ne siège actuellement que quatre fois par an, alors que le nombre de cas qui lui sont soumis justifierait une session permanente. Le Conseil permanent de l’OEA vient de lui attribuer 600 000 dollars supplémentaires, destinés à l’amélioration de ses infrastructures.

Des organisations de la société civile et des syndicats ont manifesté jeudi 31 octobre dans Quito pour protester contre la tenue de la septième réunion des ministres des affaires étrangères et du commerce des 34 pays qui participent aux négociations de la ZLÉA (Zone de libre échange des Amériques). L’Assemblée continentale des peuples [indigènes] des Amériques, qui s’est réunie le 1er octobre dans la capitale équatorienne a, dans sa déclaration finale, exhorté les gouvernements de la région à refuser la ZLÉA. L’accord, selon eux, accentuera l’exploitation outrancière des ressources naturelles et la dégradation de l’environnement. Durant la réunion, les États-Unis ont commencé à faire pression pour que soit accepté le principe de protection de la propriété intellectuelle pharmaceutique. Cette politique va contre les décisions prises par la Quatrième conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui, dans la déclaration de Doha, a réaffirmé le droit des pays à prendre toutes les mesures nécessaires pour favoriser l’accès universel aux médicaments – notamment par l’élaboration de produits génériques moins coûteux. Les négociations achoppent, là aussi, sur la question des subventions agricoles. L’étape finale des négociations aura lieu au Mexique (Puebla) à partir de mars 2003.




DÉCEMBRE 2002
Lors du premier Sommet des femmes indigènes qui s'est tenu à Oaxaca, au sud du Mexique, début décembre, l'assemblée s'est accordée sur le boycott de la ZLÉA (Zone de libre-échange des Amériques). Les participantes ont déclaré que les divers accords d'intégration portaient atteinte à la dignité des peuples et des femmes indigènes.

Selon une étude réalisée par la Consultoría pour les drois humains et le déplacement (Codhes), une ONG colombienne, près de 500 000 Latino-Américains quittent chaque année leur pays, pour aller chercher, le plus souvent dans les pays de l'hémisphère Nord, une amélioration de leur situation. Ce phénomène a pris une nouvelle ampleur depuis 1990 et n'épargne aucun pays de l'Amérique latine ou des Caraïbes. L'envoi d'argent des expatriés représente des sommes de plus en plus considérables, constituant pour quelques pays plus de 10 % du PIB (produit intérieur brut).

Le Chili remplacera la Colombie, à partir du premier janvier 2003, au Conseil de sécurité de l'ONU, devenant, pour deux ans, l'un des 10 membres non permanents du conseil. Le président du Chili, Ricardo Lagos, a déclaré le 19 décembre qu'il chercherait à représenter, avec l'aide du Mexique - autre membre non permanent jusque fin 2003 - les positions de l'Amérique latine au Conseil de sécurité.



JANVIER 2003
Le Panorama de l'insertion internationale de l'Amérique latine et des Caraïbes 2001-2002, présenté jeudi 23 janvier par la CEPAL, met en évidence une diminution du commerce intrarégional, et particulièrement au sein du Mercosur (Marché commun du Sud). La tendance devrait cette année s'inverser à la hausse, d'après les pronostics de la CEPAL, profitant notamment du ralentissement de la crise argentine et de l'importance accordée au renforcement du Mercosur par la nouvelle équipe gouvernementale brésilienne.



FÉVRIER 2003
Mardi 11 février, les États-Unis ont proposé aux 33 autres pays qui participent aux négociations de la ZLÉA (Zone de libre échange des Amériques) d'éliminer progressivement, d'ici à 5 ans, toutes les barrières douanières sur les produits textiles et les vêtements. Le gouvernement de George W. Bush a déclaré qu'il prévoyait aussi d'éliminer les taxes sur près des deux tiers des biens industriels et de consommation importés par les États-Unis une fois que la ZLÉA entrerait en vigueur.

Les envois d'argent effectués par des ressortissants des Caraïbes ou d'Amérique latine installés dans les pays du Nord ont augmenté de 17,6 % en un an, atteignant la somme de 32 000 millions de dollars en 2002, selon la BID (Banque interaméricaine de développement). C'est la région du monde qui reçoit le plus d'envois d'argent (un tiers du total), c'est donc aussi la région d'origine d'un grand nombre d'immigrants cherchant une situation meilleure.



MARS 2003

La dernière phase des négociations de la ZLÉA (Zone de libre échange des Amériques) a débuté lundi 12 mars à Puebla, près de Mexico. D’ici fin 2004, les 34 pays du continent américain – à l’exception de Cuba – prévoient d’aboutir à un accord, qui pourrait entrer en vigueur en 2005.

Face aux préparatifs de guerre, puis au conflit en Irak, les différents pays d’Amérique latine ont exprimé leur soutien ou leur opposition à une décision unilatérale. Le Chili et le Mexique – détenant tous deux un siège provisoire au Conseil de sécurité de l’ONU – le Brésil, le Pérou, le Venezuela et Cuba ont déclaré avec plus ou moins de fermeté leur opposition à une guerre déclenchée sans le soutien de l’ONU, et ce, malgré les pressions des États-Unis. L’Argentine a fait savoir qu’elle ne participerait d’aucune façon à l’effort militaire. La Colombie, l’Honduras, le Nicaragua, Panama et El Salvador ont manifesté leur soutien à la politique états-unienne.



AVRIL 2003
Selon une étude de la CEPAL (Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes), le chômage a atteint le chiffre le plus haut de l’histoire de la région en 2002 – 9,1 % –, deux millions de personnes ayant perdu leur emploi durant l’année. Les réductions massives d’emplois de la part des grandes multinationales installées dans la région en sont une des causes – en 2001, 40 % des 50 plus grandes multinationales annonçaient des suppressions de postes.

Le deuxième Forum sur Sida et MST (maladies sexuellement transmissibles) s’est tenu à La Havane durant la seconde semaine d’avril. Les participants ont dénoncé le manque d’accès aux médicaments antirétroviraux considérés à l’heure actuelle comme les plus efficaces contre le virus. Selon les données de l’ONU, 170 000 personnes reçoivent actuellement ce traitement, principalement au Brésil, où, de même qu’en Argentine, au Costa Rica, à Cuba et en Uruguay, l’État assure un accès gratuit aux médicaments. Mais au Belize, en Bolivie, en Équateur, à El Salvador, au Guatemala, au Honduras, en Jamaïque, au Nicaragua, au Panama, au Pérou, et en République Dominicaine, le traitement fait défaut à plus de 55 000 personnes (données de 2001).



MAI 2003

Du 28 avril au premier mai s’est tenue, à Buenos Aires, une rencontre pour la « Mondialisation de la vie pleine ». Convoquée par le Conseil latino-américain des Églises (CLAI en espagnol), sous les auspices du Conseil mondial des Églises, la rencontre a réuni plusieurs centaines de délégués des églises évangélistes, et publié une déclaration « Les églises évangéliques disent basta » critiquant sévèrement le modèle économique néo-libéral et proposant une série de changements. Elles prétendent représenter 15 à 20 % de la population d’Amérique latine.

La XIIème conférence de chefs d’État d’Amérique latine, d’Espagne et du Portugal (novembre 2002) a chargé l’ancien président brésilien Fernando Henrique Cardoso de constituer une équipe pour étudier les modalités d’une plus grande présence internationale de la communauté ibéroaméricaine. Ce groupe de réflexion propose la création d’un secrétariat général permanent, et prévoit la constitution d’une union politique. La prochaine réunion de chefs d’État est prévue pour le 14 et 15 novembre, en Bolivie.



JUIN 2003
La visite à Brasilia du délégué au commerce états-unien, Robert Zoellick, le 27 et 28 mai, dans le cadre des négociations de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA) a mis en évidence les différences de conception de l’accord : le Brésil demande des réductions aux subventions agricoles états-uniennes, les États-Unis accepteraient de discuter cette réduction dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), à condition que l’Union européenne et le Japon s’engagent à faire de même. Le Brésil a proposé un accord 4 + 1 entre les quatre pays du Mercosur et les États-Unis, les États-Unis ont rejeté l’idée. Le Brésil se refuse à ouvrir à la concurrence quelques-uns de ses services, les États-Unis veulent accélérer l’ouverture de ce secteur.

Au sommet du G-8, organisé début juin, à Évian, ont été invités les présidents de 12 pays en voie de développement, dont le Mexique et le Brésil, chargés de représenter les pays d’Amérique latine. Selon l’accord conclu le 24 mai au Pérou, durant la réunion du Groupe de Rio – intégré par 19 pays latino- américains –, Lula et Fox ont réclamé la suppression des subventions et du protectionnisme sur les produits agricoles, et un soutien international pour renforcer la justice et la démocratie dans le sous-continent. Les deux pays se disputent le leadership politique et diplomatique de la région.

La 33ème assemblée de l’Organisation des États américains, qui s’est tenue début juin à Santiago du Chili, a adopté la « Déclaration de Santiago sur la démocratie et la confiance citoyenne », proposée par le Chili et qui appelle à « fomenter la crédibilité et la confiance citoyenne dans les institutions démocratiques » menacées par la corruption et l’impunité qui recouvre certains actions gouvernementales illicites. Les représentants des 34 pays semblent avoir choisi d’ignorer les priorités déclarés par le secrétaire d’État états-unien, Colin Powell : lutte contre le terrorisme et le trafic de drogue et condamnation du régime cubain, exclu de l’OEA depuis 1962.

Le groupe de Rio, durant sa réunion du 24 mai à Cusco, a accepté la proposition du président équatorien Lucio Gutiérrez, de demander au secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, d’exhorter les guérillas colombiennes à cesser les hostilités et à négocier une solution pacifique et définitive au conflit. L’initiative, nommée Consensus de Cusco, a été soutenue, le 10 juin, par l’Assemblée générale de l’OEA. Le groupe de Rio a déclaré que si l’effort de Kofi Annan échoue, il « cherchera, avec l’aide du secrétaire général de la ONU et en coordination avec le gouvernement de Colombie, d’autres alternatives de solution ».

Une entreprise états-unienne, ChoicePoint, collecte des informations sur les citoyens et les entreprises de pays d’Amérique latine et les vend à différents Bureaux du gouvernement, notamment aux Départements de Justice, de Transport et de Sécurité intérieure, ainsi qu’aux Bureaux des Alcools et du Tabac, des Armes à feu et des Explosifs. La firme a dû effacer de ses archives des données extraites des registres électoraux et concernant 75 millions de mexicains, après les plaintes du gouvernement de Vicente Fox. Sept pays latino-américains réalisent actuellement des enquêtes pour savoir qui fournit l’information et si ces opérations sont légales.



JUILLET-AOÛT 2003

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SEPTEMBRE 2003
Les évêques catholiques des pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay), de Bolivie et du Chili se sont réunis du 2 au 4 septembre à Montevideo, pour réfléchir aux défis que représente l’intégration de l’Amérique latine et pour analyser le projet de création de la ZLÉA (Zone de libre-échange des Amériques) d’un point de vue « éthique et moral ». Leurs principales objections à la ZLÉA sont qu’elle bénéficiera surtout aux pays les plus riches, comme le Canada et les États-Unis, au détriment des pays moins compétitifs, et qu’elle consolidera à l’échelle continentale un libéralisme « sauvage ».

La cinquième conférence ministérielle de l’OMC (Organisation mondiale du commerce), qui s’est tenue du 10 au 14 septembre à Cancún au Mexique et s’est soldée par un échec, semble marquer l’émergence d’un nouvel équilibre des forces entre les 146 pays membres. Quelques semaines avant la conférence a été créé le Groupe des 22 pays en voie de développement (G-22 – Argentine, Brésil, Bolivie, Chili, Chine, Colombie, Costa Rica, Cuba, Équateur, Égypte, El Salvador, Philippines, Guatemala, Inde, Mexique, Pakistan, Paraguay, Pérou, Afrique du Sud, Thaïlande, Turquie et Venezuela). L’initiative cherchait à constituer un contrepoids réel lors des négociations avec les États-Unis, l’Union européenne et le Japon. Le G-22 a exigé des pays du Nord qu’ils honorent leur engagement concernant la suppression des subventions agricoles avant d’aborder les autres points prévus en 2001 à Doha, ce qui a provoqué l’échec de la conférence.

Selon un rapport publié lundi 22 septembre par le Fonds d’éducation du Groupe de travail sur l’Amérique latine (LAWGEF), le Centre pour la politique internationale (CIP) et le Bureau de Washington pour l’Amérique latine (WOLA), l’aide militaire attribuée par les États-Unis à l’Amérique latine a été plus que multipliée par 3 durant les 5 dernières années. Les militaires colombiens constituaient en 2002 la moitié des latino-américains participants aux programmes états-uniens d’entraînement militaire.



OCTOBRE 2003

Une réunion de l’Organisation des États américains (OEA) sur le thème « Pauvreté, équité et inclusion sociale » s’est tenue début octobre sur l’île de Margarita, au Venezuela. La déclaration finale, nommée « Déclaration de Margarita », a été adoptée par les 34 gouvernements du continent (à l’exception de Cuba qui ne fait pas partie de l’OEA) vendredi 10 octobre. Les signataires s’engagent à combattre de forme urgente la pauvreté, l’exclusion sociale et les inégalités, priorité étant accordée aux groupes les plus vulnérables, les indigènes, les femmes et les enfants.

Lundi 27 et mardi 28 octobre étaient réunis à Mexico les chanceliers, ministres de la défense et autres représentants des 34 pays membres de l’OEA pour discuter des questions de sécurité et de défense à l’échelle continentale. Le document final, intitulé « Déclaration sur la sécurité des Amériques », et souscrit par les 34 pays, élargit considérablement la définition des menaces à la sécurité – incluant le terrorisme tout comme l’extrême pauvreté, les catastrophes naturelles comme les violations des droits humains. Chaque pays jugera quelles sont les plus importantes et agira en conséquence.



NOVEMBRE 2003
Le rapport annuel du Latinobaromètre, qui organise des enquêtes dans les différents pays du sous-continent, indique que 80% des interrogés considèrent que la corruption a augmenté depuis l’année dernière. L’Assemblée générale de l’ONU (Organisation des Nations unies) a adopté, jeudi 30 octobre, une nouvelle convention prenant acte de la gravité de la situation et proposant diverses initiatives aux gouvernements et législateurs des pays du monde. La Convention contre la corruption pourra être ratifiée par les gouvernements lors d’une réunion organisée entre le 9 et le 11 décembre au Mexique.

Le dynamisme commercial de la Chine, entrée à l’OMC (Organisation mondiale du commerce) fin 2001, provoque des réactions contrastées selon les pays d’Amérique latine. Pour le Mexique, l’exportation massive de produits chinois à bas prix représente une concurrence très forte, notamment sur le marché états-unien, où la Chine vient de lui prendre sa place de second plus important fournisseur. Les ventes de la Chine sur le marché extérieur ont crû de 22 % en 2002, ce qui représente le taux de croissance le plus élevé du monde, plaçant le pays au rang de cinquième exportateur mondial. Des dizaines de maquilas (filiales de multinationales) implantées dans les zones franches mexicaines ont quitté le pays pour s’installer en territoire chinois : ces entreprises, qui employaient un peu plus d’un million de Mexicains en 2001, n’en emploient plus que 821 000. D’autres pays, comme l’Argentine, le Brésil et le Chili, ont vu leurs exportations de matières premières (fer, soja, cuivre) augmenter significativement sous l’effet de la demande chinoise. Et les importations de produits chinois ne représentent pas un danger pour eux du fait d’un taux de change favorable ou de l’absence de concurrence que représentent les produits importés pour la production locale.

Le treizième sommet ibéro-américain s’est réuni durant la deuxième semaine de novembre, dans la ville de Santa Cruz de la Sierra, en Bolivie. Les présidents et chefs d’État participants ont exprimé leur solidarité avec le pays invitant et créé un « Fonds d’assistance économique de libre disponibilité ». La déclaration finale souligne l’importance du maintien du système démocratique comme forme de gouvernement. Elle fait également état de l’urgence de la mise en place de politiques gouvernementales en faveur des secteurs les plus défavorisés. Durant la même semaine, divers leaders de mouvements sociaux latino-américains, dont notamment Evo Morales, député indigène et meneur de l’opposition qui a forcé à la démission le président Gonzalo Sánchez de Lozada, avaient organisé une Rencontre sociale alternative, qui a mis l’accent sur la défense des ressources énergétiques, le rejet de l’intégration commerciale, la fin de l’économie de marché et la revendication des terres indigènes. Ils réclamaient notamment la suspension des négociations commerciales avec les États-Unis au sujet de la ZLÉA (Zone de libre échange des Amériques - ALCA, selon le sigle espagnol).

La huitième conférence ministérielle des Amériques, qui débuta jeudi 20 novembre à Miami, s’est conclue le jour même, un jour plus tôt que ce qui était prévu, les ministres des 34 pays américains (tous, sauf Cuba), s’accordant sur la Déclaration finale. Les négociations sur la ZLÉA, qui devraient se conclure en janvier 2005 pour ensuite entrer en vigueur à la fin de la même année, étaient jusque là entravées par les divergences de conception du Brésil et des États-Unis. La Déclaration finale, préparée par les deux pays coprésidents, propose une version plus souple de l’accord, qui laisserait aux différents pays la liberté de choisir l’étendue de leurs engagements et de leur ouverture. Cette mesure permet ainsi de laisser de côté les points de friction entre les deux pays : les États-Unis se refusent à diminuer leurs subventions agricoles, qui réduisent artificiellement les prix et sont, comme le leur reproche le Brésil, une forme de concurrence déloyale ; ce dernier refuse d’introduire dans la ZLÉA des accords concernant les services, les commandes gouvernementales, les investissements étrangers et les droits de propriété intellectuelle. Le gouvernement veut en effet que ces derniers points soient discutés au sein de l’OMC (Organisation mondiale du commerce), où il compte des alliés de poids (Inde, Chine, Afrique du Sud). Mercredi 19 novembre se concluait aussi, dans la même ville, le Forum d’entrepreneurs des Amériques. Une dizaine des plus grands groupes industriels états-uniens a fait connaître son rejet de la « nouvelle vision de la ZLÉA » proposée par Washington et Brasilia. Cette même semaine, les organisations de la société civile opposées à la ZLÉA se réunissaient elles aussi à Miami, et donnaient à connaître leurs propositions en un document intitulé « Alternative pour les Amériques ».




DÉCEMBRE 2003

En juin 2004, lors de l’Assemblée générale de l’Organisation des États américains (OEA) qui se tiendra à Quito, devra être élu le nouveau Secrétaire général de l’institution, en remplacement le colombien César Gaviria, qui occupe actuellement le poste. Trois candidats s’opposent déjà : le costaricain Miguel Angel Rodríguez, qui déclare bénéficier du soutien de la majorité des pays, le ministre de l’Intérieur chilien, Miguel Insulza, dont la candidature est soutenue par le Brésil et l’Argentine, et l’actuel président de El Salvador, Francisco Flores, proche du gouvernement Bush et soutenu par les États-Unis, membre de poids de l’OEA.


Rédaction : Nicolas Pinet.
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