ÉQUATEUR
troisième trimestre 2002-année 2003


AOÛT-SEPTEMBRE 2002
Le chancelier équatorien (responsable des Affaires étrangères) Heinz Moeller a suggéré, lors d'un voyage en Colombie que l'Équateur pourrait servir de médiateur dans le conflit colombien. La proposition, dans le contexte de la campagne pour les élections présidentielles du 20 octobre, a déclenché une forte polémique, les différents candidats à la succession de Gustavo Noboa prenant fermement position en faveur ou contre la proposition.

Le tribunal constitutionnel équatorien vient d'autoriser (5 septembre) la candidature d'un leader indigène, Antonio Vargas. Une semaine avant, le Tribunal électoral suprême avait annulé sa candidature après avoir constaté que parmi les 81 000 signatures nécessaires à la création d'un nouveau parti, un bon nombre était fausses ou répétées. Entre 1996 et 2001, Antonio Vargas a été président de la CONAIE (Confederación de Nacionalidades Indígenas), l'organisation sociale la plus importante du pays, où 30 % de la population est indigène. Mais suite à des accusations lui reprochant de ne pas respecter les résolutions collectives et de passer des accords avec le gouvernement sans demander l'avis de l'organisation, il a été démis de ses fonctions, et ne compte donc pas sur l'appui de la CONAIE pour les élections. Cette dernière a préféré s'allier avec des secteurs sociaux et politiques de gauche et de centre gauche et soutenir la candidature du colonel Lucio Gutiérrez qui avait dirigé avec Vargas la révolte de janvier 2000 contre le président d'alors Jamil Muhuad, au pouvoir depuis 1998 (Ce dernier avait été remplacé par le vice-président Gustavo Noboa.) Ni l'un ni l'autre des candidats ne sont donnés comme favoris.




OCTOBRE 2002
Le premier tour des élections présidentielles équatoriennes, le 20 octobre, a laissé deux candidats en lice pour le second tour, prévu le 24 novembre, Lucio Gutiérrez (20,28 %), candidat de gauche radicale soutenu aussi par la CONAIE, la Confédération de nationalités indigènes d'Équateur, et Gustavo Noboa (17,41 %), entrepreneur bananier et fondateur du Parti rénovateur institutionnel Action nationale, qui réunit des groupes ayant quitté les partis traditionnels de gauche et de droite.

Les organisations de droits humains équatoriennes ont demandé au gouvernement de rejeter l'accord proposé par les États-Unis et visant à ce que le pays accorde l'immunité aux citoyens étatsuniens devant la Cour pénale internationale (CPI). À la différence des États-Unis, l'Équateur a signé le traité de Rome, à l'origine de la CPI.


NOVEMBRE 2002
Le colonel à la retraite, Lucio Gutiérrez, a remporté le second tour des élections présidentielles, dimanche 24 novembre, avec 54,4 % des voix contre 45,6 % pour son rival, le magnat de la banane, Alvaro Noboa. Il souhaite constituer un gouvernement d'union nationale, pour s'attaquer aux graves problèmes sociaux d'un pays où près de 80 % de la population est considéré comme pauvre.



DÉCEMBRE 2002
Le nouveau président élu en novembre, Lucio Guttiérrez, occupera son poste à partir du 15 janvier. Il a déclaré à la presse que son gouvernement inclurait certains dirigeants indigènes ou de la société civile. La dirigeante quichua Nina Pacari pourrait ainsi être la future ministre des affaires étrangères.



JANVIER 2003
Le nouveau président élu, Lucio Gutiérrez, a déclaré lors de sa cérémonie d'investiture, mercredi 15 janvier, que priorité serait donnée à la lutte contre la pauvreté et la corruption, à l'amélioration de la compétitivité et à la recherche de la sécurité alimentaire, citoyenne, sociale, juridique et environnementale. Pour ce faire, il compte proposer une réforme soumise à référendum. La désignation des dirigeants indigènes Nina Pacari et Luis Macas aux ministères des Relations extérieures et de l'Agriculture, constitue, aux dires de la première, « une reconnaissance des peuples qui, historiquement, ont toujours été relégués ».



FÉVRIER 2003
Le président équatorien, Lucio Gutiérrez, a déclaré « vouloir devenir un des meilleurs alliés des États-Unis dans [leurs] secteurs d'intérêt commun ». Il a aussi appelé à soutenir le président colombien Alvaro Uribe, signé une Déclaration de principes avec le FMI (Fonds monétaire international), et prépare l'ouverture du secteur pétrolier aux investissements étrangers. La Confédération des nationalités indigènes (CONAIE) reproche au président de ne pas tenir ses promesses électorales et de mettre en place des politiques néo-libérales. Lors de son assemblée nationale, mardi 18 février, elle a résolu de lui donner un mois pour changer de politique économique. Dans le cas contraire, elle lui retirera son soutien et engagera les actions qui lui sembleront adéquates, ce qui n'exclut pas la possibilité d'un soulèvement indigène.



MARS 2003

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AVRIL 2003
Les discussions autour de la question de l’ouverture au secteur privé de l’entreprise publique Petroecuador divisent le gouvernement et les organisations qui le soutiennent. La concession de quelques gisements importants qui fait partie du programme du ministre de l’énergie et des mines, soutenu par le conseil d’administration de l’entreprise, se heurte à l’opposition des délégués des travailleurs. Le mouvement indigène, un des soutiens du gouvernement, a lui aussi fait savoir qu’il y était opposé. Le pétrole est la principale source de revenus de l’Équateur, constituant 30 % du budget de l’État.




MAI 2003
L’augmentation des immigrés colombiens (et péruviens), s’est accompagnée d’une recrudescence de xénophobie.

Les poursuites judiciaires engagées contre ChevronTexaco, une entreprise pétrolière multinationale, ont, mercredi 7 mai, été transférées par la justice états-unienne vers la Cour suprême de la ville de Nueva Loja, au nord du pays. Les poursuites ont été engagées il y a 9 ans par des représentants de quelque 30 000 indigènes et paysans affectés par l’exploitation pétrolière. La Cour vient de charger le ministère des Affaires étrangères des démarches nécessaires à la comparution du président de la multinationale.



JUIN 2003
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JUILLET-AOÛT 2003
Fin juillet, la République Dominicaine a accédé à la demande de l’ancien président d’Équateur, Gustavo Noboa, lui octroyant l’asile politique. Ce dernier, élu vice-président en 1998 et devenu chef du gouvernement après la destitution de Jamil Mahuad le 21 janvier 2000 – de janvier 2000 à janvier 2003 –, est accusé de corruption. Jamil Muhuad, confronté à des accusations similaires, avait lui aussi déjà choisi l’exil.

La Confédération de nationalités indigènes d’Équateur (CONAIE) a décidé de rompre le dialogue avec le gouvernement de Lucio Gutiérrez, accusé de trahir le programme de l’alliance politico-sociale qui l’a porté au pouvoir en janvier 2003. Les ministres issus du mouvement indigène ont quitté le gouvernement, et leurs députés sont passés dans l’opposition. Le président ne peut donc plus compter que sur le soutien parlementaire des 6 représentants de son parti, le Parti société patriotique 21 janvier (PSP), et sur le soutien circonstanciel du Parti social chrétien (PSC), situé à droite de l’échiquier (25 députés, sur un total de 100).

La CONAIE a déclaré qu’Alvaro Uribe – le président colombien était en visite à Quito vendredi 22 août –, était « persona no grata » dans le pays : « son gouvernement attente à la dignité des peuples indigènes de son pays. En prétendant inclure l’Équateur dans le conflit colombien, il attente aussi contre notre souveraineté et notre dignité ».



SEPTEMBRE 2003
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OCTOBRE 2003

Après neuf ans de conflit judiciaire dans les tribunaux états-uniens, le litige présenté par des communautés indigènes équatoriennes accusant l’entreprise pétrolière ChevronTexaco de graves dégâts environnementaux lors de son exploitation (1967-1990) des gisements situés dans les provinces de Sucumbíos et Orellana, au nord-est du pays, a été transféré à la Cour supérieure de justice de la ville de Nueva Loja, au nord du pays. Le 7 mai, le président du tribunal a accepté la plainte et devant l’échec d’une tentative de conciliation, le tribunal a commencé à entendre les deux partis depuis le 21 octobre. L’accusation, chargé de représenter 30 000 paysans et indigènes, réclame une compensation d'un milliard de dollars et l’élimination de 600 décharges de déchets pétroliers.



NOVEMBRE 2003
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DÉCEMBRE 2003

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Rédaction : Nicolas Pinet.
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