GUATEMALA
troisième trimestre 2002-année 2003


AOÛT-SEPTEMBRE 2002
---



OCTOBRE 2002
Un tribunal de Guatemala a condamné jeudi 3 octobre un colonel à la retraite à 30 ans de prison pour l'assassinat, en 1990, de l'anthropologue Myrna Mack. C'est la première fois qu'un ancien membre de la hiérarchie militaire est condamné pour les violations de droits humains commises pendant la guerre civile qui déchira le Guatemala pendant 36 ans (1960-1996).

Dans un rapport présenté devant une commission du Congrès des États-Unis, l'actuel secrétaire d'État pour l'hémisphère occidental, Otto Reich, met en cause le gouvernement guatemaltèque d'Alfonso Portillo, dénonçant ses liens avec le trafic de drogue et la corruption. Le rapport a déclenché une véritable tempête politique dans le pays.



NOVEMBRE 2002
---



DÉCEMBRE 2002
Le pays célébrait, dimanche 29 décembre, le sixième anniversaire des accords de paix de 1996, qui mirent fin à 36 ans de guerre civile. Mais la situation de la société guatémaltèque continue à être problématique. La criminalité reste aujourd'hui la menace principale pour la vie de la population et les violations des droits humains continuent à augmenter. 60 % des 12 millions d'habitants vivent dans la pauvreté, les indigènes, qui constituent plus de la moitié de la population, sont discriminés et l'activité économique stagne. La violence risque encore de s'accroître en 2003, avec les élections présidentielles.

L'actuel président, Alfonso Portillo, est accusé, à l'intérieur et à l'extérieur de son pays, de persécutions contre des membres d'organisations de droits humains, d'actes de corruption et du non-respect des accords de paix de 1996. L'Union européenne l'a menacé de suspendre ses programmes de coopération s'il ne présente pas, d'ici à début mars, des progrès significatifs en matière de lutte contre la corruption ainsi que de nouvelles mesures économiques.



JANVIER 2003
Jeudi 16 janvier, le procureur des Droits humains de l'État guatémaltèque, Sergio Morales, a proposé au président Alvaro Portillo et au Congrès la création d'une Commission d'investigation des organismes illégaux et des groupes clandestins de sécurité, constituée de représentants de la communauté internationale et de fonctionnaires nationaux. Le projet cherche à mettre fin à la hausse des violences exercées contre des membres d'organisations de défense des droits humains.



FÉVRIER 2003
La Cour interaméricaine des Droits humains a initié dans la seconde quinzaine de février un procès contre l'État guatémaltèque, considéré responsable de l'assassinat de Myrna Mack, une anthropologue guatémaltèque. Cette dernière avait été tuée devant son bureau, le 11 septembre 1990, par un sous-officier de l'armée active.



MARS 2003

---




AVRIL 2003
---




MAI 2003

Mercredi 7 mai, la Quatrième Cour d’appel a exempté de toute culpabilité trois des officiers accusés d’avoir ordonné en 1990 l’assassinat de l’anthropologue Myrna Mack. Le verdict, dénoncé par des fonctionnaires de l’ONU, des diplomates et des organisations luttant en faveur des droits humains, met en question la crédibilité du système judiciaire et le processus de paix initié en 1996.



JUIN 2003
La Loi des langues nationales, approuvée par le Congrès le 7 mai, et entrée en vigueur le 26, maintient l’espagnol comme langue officielle du pays mais reconnaît 23 langues autochtones, dont la majorité est née il y a plus de 4 000 ans. Les 12 millions de guatémaltèques, dont 65 % sont descendants des mayas, pourront avoir accès à l’éducation, la justice, à l’attention sanitaire et autres services dans leurs propres langues.

L’ancien dictateur Efraín Ríos Montt, a été élu fin mai candidat présidentiel du Front républicain guatémaltèque (FRG), parti actuellement au pouvoir. Le Département d’État états-unien (ministère des affaires étrangères) a fait savoir, dans une déclaration inusuelle, qu’il lui serait difficile de maintenir de bonnes relations avec le Guatemala si ce candidat était élu. C’est la première fois depuis longtemps que Washington rejette explicitement la candidature d’un membre d’un parti de droite. Le 6 juin, le Registre des citoyens a refusé l’inscription de Ríos Montt comme candidat présidentiel, ce dernier étant arrivé au pouvoir en 1982 par un coup d’État, cas de figure interdit par la Constitution en vigueur. Les dirigeants de son parti ont indiqué qu’ils feraient appel.



JUILLET-AOÛT 2003
Mercredi 30 juillet, la Cour de constitutionnalité a obligé le Tribunal suprême électoral à inscrire l’ancien dictateur Efraín Ríos Montt (1982-1983) comme candidat du Front républicain guatémaltèque, actuellement au pouvoir, pour les élections présidentielles du 9 novembre (voir L’actualité en bref de juin 2003). 4 des 7 juges de la Cour ont autorisé la candidature en dépit du fait que la Constitution en vigueur précise que les personnes ayant participé à un coup d’État – comme c’est le cas de Ríos Montt – ne pourront pas se porter candidat à la présidence.




SEPTEMBRE 2003
---



OCTOBRE 2003

Le 9 novembre auront lieu de manière concomitante le premier tour de l’élection présidentielle, les élections parlementaires et municipales. La campagne, dominée par les partis de droite, se déroule dans des conditions de violence et d’incertitude. Un des facteurs d’agitation est la candidature du général Efraín Ríos Montt, ancien dictateur (1982-1983) accusé de violations des droits humains, et appuyé par le parti conservateur actuellement au pouvoir, le Front Republicain guatémaltèque (FRG). La Grande alliance nationale (GANA), intégrée par le Parti patriotique, le Mouvement révolutionnaire et le Parti de solidarité nationale, trois partis de droite, et son candidat, Oscar Berger, avocat et chef d’entreprise de 56 ans, sont donnés favoris. Dans la dernière enquête de l’institut de sondages Vox Latina, Berger terminait premier, avec 38 % des consultés, suivi de Alvaro Colom, candidat de l’Union nationale de l’espoir, de centre droit, avec 18 %, et de Ríos Montt, avec 11,4 %. Le deuxième tour, qui doit se réaliser le 28 décembre, devrait donc opposer Berger et Colom. Le vainqueur prendra ses fonctions le 14 janvier 2004, pour 4 ans, succédant à Alfonso Portillo, le président actuel.



NOVEMBRE 2003
Dimanche 9 novembre, le premier tour des élections présidentielles – les deuxièmes depuis les accords de paix qui marquèrent la fin de 36 ans de guerre civile (1996) – a vu la victoire d’Oscar Berger, candidat de la Grande alliance nationale (GANA), parti de droite, avec un peu moins de 40% des voix, suivi du candidat de centre-droit, Alvaro Colom, avec 28% des voix et de l’ancien dictateur Efraín Ríos Montt (17%). Le second tour, qui aura lieu en décembre, opposera donc deux candidats de droite. L’annonce de la défaite électorale de Ríos Montt, le candidat du parti au pouvoir, a été reçue avec soulagement par les organisations humanitaires qui lui reprochent d’être un des principaux responsables des nombreux massacres des paysans qui eurent lieu au début des années 1990.



DÉCEMBRE 2003

La Coordination nationale d’organisations paysannes (CNOC) a organisé en 2003 plus d’une douzaine de manifestations dans la capitale et en province, pour réclamer une meilleure répartition des terres. 1% de la population possède 86% des meilleures terres cultivables alors que 96% des 11,2 millions d’habitants possèdent un peu moins de 14% des terres et que 500 000 familles paysannes vivent en dessous du seuil de pauvreté par manque de terres cultivables. Selon les chiffres du CNOC, le Fonds de terres (Fontierras) de l’État a remis à des paysans 162 parcelles depuis 1997, ce qui représente moins de 5% des 5 000 demandes enregistrées. Daniel Pascual, le dirigeant du CNOC, accuse le président Alfonso Portillo de tenir un double discours et de ne pas respecter les Accords de paix. Parmi les 11 accords de 1996, qui mirent fin à 36 ans de guerre civile, l’Accord de développement économique et agraire prévoyait la répartition des terres. Il a été enterré par les autorités et la puissante Chambre de l’agro, qui réunit les grands propriétaires.

Dimanche 28 décembre, au second tour des élections présidentielles, a été élu Oscar Berger, le candidat du parti de droite, la Grande alliance nationale (GANA), avec 54,1% des voix, contre 45,8% pour Alvaro Colom, le candidat du parti de centre droit, l’Unité nationale de l’espérance (UNE). Le nouveau président assumera ses fonctions le 14 janvier, prenant la suite d’Alfonso Portillo, du Front républicain guatémaltèque (FRG). Face à un Congrès divisé – avec 47 députés de la GANA, 44 du FRG, 32 de la UNE, 17 du Parti d’avancée nationale, et 6 de l’Alliance nouvelle nation (de gauche), pour un total de 158 –, le président devra gouverner sur la base de vastes accords politiques.


Rédaction : Nicolas Pinet.
En cas de reproduction, mentionner la source Dial.