PÉROU
troisième trimestre 2002-année 2003


AOÛT-SEPTEMBRE 2002
Mi août, les autorités suisses ont décidé de restituer au gouvernement péruvien 77,5 millions de dollars déposés dans des banques suisses sous le nom de Vladimir Montesinos et d'autres anciens hauts fonctionnaires péruviens accusés de corruption et d'autres délits graves. C'est la deuxième fois en quelques mois que le gouvernement rend à un pays latinoaméricain des fonds indûment perçus et déposés dans des banques de la confédération helvétique. En juin déjà, la justice avait mis à la disposition des tribunaux mexicains 114 millions de dollars déposés sur des comptes au nom de Raúl Salinas de Gortari - le frère de l'ancien président mexicain Carlos Salinas de Gortari (1988-1994), accusé de corruption et de trafic de drogue - et de son épouse. Une enquête est actuellement menée sur des comptes qui pourraient appartenir à l'ancien président argentin, Carlos Menem (1989-1999) et à quelques-uns de ses proches.

La Loi de promotion commerciale andine et d'éradication des drogues (ATPDEA), promulguée aux États-Unis le 6 août 2002 facilite les importations venant de Bolivie, de Colombie, de l'Équateur ou du Pérou à condition que reprennent les opérations d'éradication radicale de la culture des produits servant à la fabrication de drogues, comme la marijuana ou la coca. Pour beaucoup d'agriculteurs indigènes, la coca est leur unique source de revenus, depuis l'échec des cultures alternatives. On s'attend donc à un renouveau de tension si, comme le craignent les agriculteurs, le gouvernement entreprend de réactiver les actions contre la coca.




OCTOBRE 2002
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NOVEMBRE 2002
La Cour suprême de Justice a demandé au Congrès de réévaluer les lois anti-insurrectionnelles adoptées en 1992 par le gouvernement de Fujimori dans sa lutte contre l'activisme du Sentier Lumineux et du Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru. Ces lois, qui permettent que des civils soient jugés par des tribunaux militaires, dont les juges peuvent avoir le visage masqué, apparaissent désormais comme peu respectueuses des droits des accusés, comme l'a signalé la Cour interaméricaine des droits humains (CIDH). La déclaration de la CIDH pourrait provoquer de très nombreux recours en cassation concernant les condamnations effectuées dans les années 1990.

L'année prochaine, le Pérou devrait payer plus de 2 000 millions de dollars pour honorer sa dette extérieure. Le président actuel, Alejandro Toledo, s'emploie à réunir les fonds, en sollicitant de nouveaux prêts internationaux et en réorganisant les impôts. Mais le paiement de la dette risque d'accentuer encore la récession économique.

Le gouvernement péruvien a mis en marche un programme financé par les États-Unis et destiné à encourager les cultures alternatives. Les paysans reçoivent 150 dollars par hectare de culture de coca abandonné.

Industriels et agriculteurs péruviens font pression sur le gouvernement pour qu'il donne la priorité à la Zone de libre échange des Amériques (ZLÉA) vis-à-vis de la Communauté andine de nations (CAN). Pour ceux-ci, les débouchés en termes de marché seraient, dans le meilleur des cas, beaucoup plus vastes dans le cadre de la ZLÉA ou même d'un accord commercial bilatéral avec les États-Unis, que dans celui de la CAN.

Aux élections municipales et régionales du 17 novembre, la victoire de l'opposition social-démocrate et de la gauche dans 24 des 25 districts affaiblit encore la position du président Toledo et de son mouvement Pérou Possible
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DÉCEMBRE 2002
Le prêtre catholique Salvador Espinoza, âgé de 72 ans, a remporté le 17 novembre les élections dans la région de Huancavelica, une des plus pauvres au sud-ouest du pays, après avoir été désigné candidat, bon gré mal gré, par les communautés rurales enthousiastes. Il a dû quitter sa paroisse, après 32 ans de sacerdoce, la hiérarchie catholique n'autorisant pas la participation directe de prêtres à la politique. Il prendra ses fonctions dans la capitale régionale le premier janvier 2003.



JANVIER 2003
La décision du juge Jorge Barreto de rendre la liberté à l'ancien chef des services secrets, Vladimir Montesinos, du fait d'une erreur de procédure dans une des 60 affaires en cours d'instruction a déclenché un conflit politique d'importance entre, d'une part, le parti au pouvoir Pérou possible et son allié le Front indépendant moralisateur (FIM) et l'opposition d'autre part. La décision met en question l'intégrité du système judiciaire mais les avis divergent sur l'opportunité d'une intervention du pouvoir exécutif.

Le ministère de l'Éducation a engagé un dialogue avec des ONG du secteur de l'éducation autour du projet de réforme nécessaire à l'amélioration de la qualité et la réduction des inégalités dans l'effort en cours de scolarisation massive.



FÉVRIER 2003
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MARS 2003

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AVRIL 2003
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MAI 2003
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JUIN 2003
Le 12 mai, le personnel éducatif du pays s’est mis en grève réclamant une hausse de salaires. L’offre gouvernementale n’étant pas selon eux satisfaisante, la grève a continué. Le 27 mai, le président Alejandro Toledo, en poste depuis juillet 2001, déclarait l’état d’urgence dans 12 départements dont le contrôle interne était remis à l’armée. Le lendemain, au cours de manifestations de protestation, mourait au moins un étudiant, et 49 personnes étaient blessées. Les jours suivants, les manifestations continuent, minant l’autorité gouvernementale. Mardi 3 juin, une semaine après, quelque 30 000 personnes sortaient dans la rue à Lima pour manifester contre les mesures d’exception, demander la démission du ministère, la satisfaction de la revendication des enseignants et un changement de politique économique. Mercredi 5 juin, les autorités ont finalement trouvé un accord préliminaire avec les représentants du syndicat des enseignants. Quelques jours plus tard, des hommes fortement armés prenaient en otage les travailleurs d’une entreprise argentine de gaz naturel. L’annonce de leur libération, mardi 10 juin, est apparue comme une heureuse diversion pour le gouvernement.


JUILLET-AOÛT 2003
L’occupation du village septentrional de Huran Marca par des membres du Sentier lumineux, qui, après avoir mis en fuite la police, réunirent les habitants pour les haranguer, vient, après la prise d’otages des 71 travailleurs de l’entreprise argentine Techint, confirmer la reprise d’activités du mouvement maoïste.

La Commission Vérité et réconciliation (CVR) a remis fin août les 9 tomes et annexes de son rapport final au président Alejandro Toledo, après 22 mois de travail et la récollection de plus de 16 000 témoignages, recueillis dans plus de 530 localités. L’estimation de la CVR concernant le nombre de victimes est trois fois plus importante que celle donnée jusqu’à présent (69 280 morts ou disparus entre 1980 et 2000, dont les trois quarts de langue quechua). Selon la CVR, le principal responsable des morts et disparitions est le Sentier lumineux, avec 54 % des victimes, l’armée se voyant attribuer la responsabilité de 31 % des morts et disparitions. Le rapport dénonce aussi la responsabilité politique des présidents Fernando Belaúnde (1980-1985) et Alan García (1985- 1990), ainsi que la responsabilité pénale d’Alberto Fujimori (1990-2000), qui réside actuellement au Japon, échappant ainsi à la justice péruvienne.



SEPTEMBRE 2003
La Banque interaméricaine de développement (BID) a donné son accord, mercredi 10 septembre, à l’octroi d’un crédit de 135 millions de dollars destinés à la construction du gazoduc de Camisea, dont 60 % a déjà été réalisé, malgré les problèmes que le projet soulève en matière de respect de l’environnement et qui avaient motivé le refus de la Banque du commerce extérieur des États-Unis (Eximbank), une semaine plus tôt. Les organisations de la société civile impliquées dans la lutte contre le projet reprochent aux États-Unis d’avoir choisi de s’abstenir au lieu de voter contre, ce qui a pu inciter certains pays à voter en faveur du projet.



OCTOBRE 2003

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NOVEMBRE 2003
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DÉCEMBRE 2003

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Rédaction : Nicolas Pinet.
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