AOÛT-SEPTEMBRE
2002
Une commission
formée de représentants de l'Organisation des États américains
(OEA), du programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD) et
de l'organisme que préside l'ancien président des États-Unis,
Jimmy Carter, a passé la semaine du 9 au 15 septembre au Venezuela pour
dialoguer avec des dirigeants du gouvernement, de l'opposition et des organisations
de la société civile et aider à mettre en place un processus
de dialogue et de négociation entre le gouvernement et l'opposition,
ce qui ne semble pas chose facile. L'opposition veut que Chávez quitte
immédiatement le pouvoir. Le président refuse de quitter son poste
avant d'avoir fini son mandat, en 2006. Il accepte cependant de convoquer un
référendum révocatoire en août prochain, comme la
constitution approuvée en décembre 1999 le prévoit. Le
directeur du journal Tal Cual, ancien ministre de la Planification, Teodoro
Petkoff, observe que, jusqu'à maintenant, le gouvernement « a appelé
au dialogue, mais s'est refusé à dialoguer avec ses adversaires
les plus radicaux ». De son côté, l'opposition refusa d'assister
à une réunion avec Chávez convoquée par Carter lors
de sa visite en juillet. La tâche de la commission était donc loin
d'être simple.
Les événements d'avril 2002, lors de la tentative de coup d'État
qui avait renversé Chávez pour 48 heures ont fait 85 morts. Et
la Commission de la Vérité que le parlement prévoyait alors
de créer n'existe toujours pas. Les organisations de la société
civil y sont favorables, y voyant une condition nécessaire à la
reprise du dialogue, mais ni le gouvernement ni l'opposition ne s'est montré-e
très pressé-e de la mettre en place, sans doute parce qu'ils partagent
la responsabilité des morts survenues lors des troubles. Les organisations
de défense des droits humains envisagent de réaliser une enquête
indépendante et le Collège des avocats de Caracas a annoncé
mercredi 11 septembre qu'il créerait lui-même une Commission de
Vérité, appelant à un travail commun des défenseurs
des victimes d'avril.
OCTOBRE
2002
Durant
tout le mois d'octobre, la tension a continué à monter, malgré
la visite début octobre du secrétaire général de
l'Organisation des États américains (OEA), César Gaviria,
pour essayer de renouer le dialogue entre le gouvernement et les forces de l'opposition,
et freiner le processus actuel de bipolarisation. Le 10 octobre, une grande
manifestation, convoquée par la Coordination démocratique, qui
réunit 34 partis politiques et organisations civiles d'opposition, défilait
dans Caracas, suivie trois jours plus tard d'une autre manifestation de la part
des partisans de Hugo Chávez, le président actuel. Le 21 octobre,
les organisations syndicales et d'entrepreneurs avaient appelé à
une grève générale de protestation. Le lendemain, quatorze
haut gradés de l'armée vénézuélienne, qui
avaient déjà appuyés la tentative de coup d'État
d'avril, se déclaraient en rébellion contre le président
Chávez, appelait à la désobéissance civile et invitait
la population à se rendre le soir même sur la place Altamira, située
dans un quartier de classe moyenne de Caracas. L'appel, qui n'a pas été
suivi par les militaires, a rassemblé un nombre important de personnes
venues soutenir les insurgés. Une autre visite de Gaviria devrait cette
semaine essayer une nouvelle fois de désamorcer la crise, en cherchant
à restaurer le dialogue.
NOVEMBRE 2002
L'opposition a remis, lundi
4 novembre, au Conseil national électoral (CNE), un million cinq cent
mille signatures de citoyens réclamant l'organisation d'un référendum
destiné à mettre légalement fin au mandat d'Hugo Chávez.
Le secrétaire général de l'Organisation des États
américains, César Gaviria a, quant à lui, réussi
à asseoir des délégués du gouvernement et de la
Coordination démocratique de l'opposition autour d'une table de négociations,
qui s'emploie, sans succès jusqu'à présent, à chercher
une solution électorale négociée. Le CNE a ratifié,
vendredi 29 novembre, sa convocation à un référendum, prévu
pour le 2 février, malgré le verdict du Tribunal suprême
de justice, qui dénonce l'irrégularité du procédé
- la loi exige une majorité qualifiée des 4/5. L'opposition politique,
les centrales syndicales et patronales ont appelé à une quatrième
grève générale le lundi 2 décembre.
DÉCEMBRE
2002
La quatrième
grève générale de l'année a commencé le lundi
2 décembre. L'objectif est toujours d'obtenir le départ du président
Chavez, qui fut démocratiquement élu. Le 6, des tirs contre un
rassemblement en faveur des militaires insurgés ont provoqué aux
moins deux morts et une douzaine de blessés. La grève générale
crée des troubles d'approvisionnement alimentaire et financier - les
banques ont réduit leurs horaires et limitent les retraits. Le ralliement
progressif d'un bon nombre des gérants et d'employés de l'industrie
pétrolière a donné au conflit une nouvelle ampleur, malgré
l'ordre de reprendre l'activité émis, le 19 décembre, par
le Tribunal suprême de justice. Jeudi 26, les grévistes ont décidé
de continuer la grève, en dépit du licenciement de 90 gérants
grévistes. L'arrêt d'une grande partie de la production et du transport
maritime a pour conséquence une pénurie de combustible au niveau
national et une montée des prix du pétrole sur le marché
international. Malgré les protestations de l'opposition, le président
brésilien sortant, Fernando Henrique Cardoso, a commencé à
fournir du pétrole au pays voisin, et le nouveau président a déclaré
qu'il ferait de même. De son côté, la table de dialogue animée
par le secrétaire général de l'Organisation des États
américains (OEA), César Gaviria, n'a, pour l'instant, pas obtenu
de résultats probants.
JANVIER 2003
Dans un climat de
pénuries dues à la prolongation de la grève organisée
depuis le 2 décembre par l'opposition au président Chávez,
le nouveau président brésilien a proposé de créer
le Groupe des pays amis du Venezuela, pour aider à chercher une solution
à la crise du pays. La première réunion, avec la participation
du Chili, de l'Espagne, des États-Unis, du Mexique et du Portugal, a
eu lieu vendredi 24 janvier. Mercredi 22, le Tribunal suprême de justice
avait suspendu pour vices de procédure le référendum consultatif
convoqué par le Conseil national électoral pour le 2 février.
Ce même soir, le président Chávez annonçait la mise
en place, pendant une semaine, du contrôle des changes pour stabiliser
la monnaie nationale, le Bolivar. Le 23, des centaines de milliers de manifestants
chavistes défilaient dans la capitale, tandis que l'opposition organisait
des manifestations dans 23 villes de l'intérieur, suivies d'une concentration
massive à Caracas quelques jours plus tard. Les opposants sont divisés
quant à la stratégie à adopter. Le 29, la réouverture
avec des horaires normaux de la grande majorité des banques montre que
la fin de la grève s'amorce. Le ministère de l'Infrastructure
a lancé depuis un processus d'enquête concernant trois des quatre
principales chaînes privées de télévision, les accusant
d'incitation à la rébellion et à la violence, ce qui autoriserait
le retrait de leur permis de diffusion.
FÉVRIER
2003
Les
deux mois de grève contre le gouvernement d'Hugo Chávez ont entraîné
une vague de licenciements et la récession qui suit risque de faire encore
grimper le taux de chômage. Depuis le 6 février, le gouvernement
a mis en place un contrôle du change et des prix pour lutter contre la
crise économique.
Un groupe de jeunes journalistes vénézuéliens travaillant pour la presse, la radio ou la télévision vient de se former pour réfléchir sur le rôle des médias dans cette période de crise et de polarisation politique. Les intégrants ont choisi de nommer l'association « Ceux du milieu ».
Des sondages réalisés par deux instituts désignent Chávez comme largement perdant en cas de nouvelles élections ou d'un référendum. Les divisions de l'opposition se sont renforcées avec la décision de la majorité d'Action démocratique, une des forces principales du mouvement antichaviste, d'exiger la démission de son secrétaire général actuel, Rafael Marín, accusé d'affinité avec les militaires putschistes d'avril 2002.
Le gouvernement et l'opposition ont finalement signé, mardi 18 février, une « Déclaration contre la violence, pour la paix et la démocratie » dénonçant la violence verbale et l'intolérance et appelant de ses vux le respect des différences C'est la première réussite de la Table de dialogue animée depuis plus de 3 mois par le secrétaire général de l'Organisation des États américains (OEA), César Gaviria.
Les mandats
d'arrêt délivrés le 20 février par un tribunal de
Caracas contre deux leaders de l'opposition, le président de la centrale
patronale, Fedecámaras, Carlos Fernández, et celui de la
Confédération des travailleurs de Venezuela (CTV), Carlos Ortega,
ont ravivé les tensions politiques. Le premier a été détenu,
alors que le second a choisi de passer à la clandestinité. L'OEA,
les États-Unis, l'Espagne et la Colombie ont critiqué la décision
judiciaire. Dans ce contexte, les attentats aux explosifs contre le consulat
colombien et l'Agence de coopération espagnole, survenus dans la nuit
du 24 au 25 février, ont encore augmenté la violence du conflit.
MARS 2003
La capitale et d’autres villes importantes sont soumises à un rationnement
strict de l’eau, du fait de la baisse critique des réserves. La
sécheresse qui se prolonge depuis 2001 est la cause de la pénurie,
récurrente dans l’histoire du pays.
Le 20 février, le juge pénal de Caracas, Maikel Moreno, avait délivré un ordre de détention contre les dirigeants de l’opposition antichaviste, accusés notamment de rébellion civile, trahison à la patrie, et instigation à la délinquance. Quelques jours plus tard, les charges furent levées par des tribunaux supérieurs, mais la décision n’affecta pas Carlos Ortega, président de la Confédération des travailleurs du Venezuela (CTV) qui avait demandé asile à l’ambassade du Costa Rica. Son départ en exil, jeudi 27 mars, marque la fin d’une période de grande tension politique, l’opposition semblant accepter désormais la proposition du gouvernement de convoquer un référendum révocatoire dans les délais que prévoient la Constitution. La population vénézuélienne semble maintenant vouloir se concentrer sur les issues possibles à la crise économique et sociale aggravée par les 63 jours de grève.
Selon une
déclaration du président Chávez, début mars, l’entreprise
pétrolière d’État PDVSA atteindrait une production
de 2,8 millions de barils par jour, rejoignant ainsi peu à peu le niveau
de production antérieur à la grève.
AVRIL
2003
Début avril, le gouvernement a commencé à octroyer des
devises aux importateurs, 70 jours après avoir établi le contrôle
des changes, le 22 janvier. Les entreprises importatrices d’aliments ont
été les premières à en bénéficier.
Le contrôle des changes initial s’est transformé en une interdiction
d’acheter ou de vendre des devises, pour essayer de freiner la fuite des
capitaux durant la grève de décembre et janvier.
L’assassin
de trois opposants en décembre 2002 a été condamné,
mi avril, à un peu moins de 30 ans de prison. La décision du juge
a eu lieu alors que la table de négociation entre le gouvernement et
l’opposition, conduite par le secrétaire général
de l’Organisation des États américains (OEA), César
Gaviria, mettait au point les derniers détails d’un accord. Ce
dernier prévoyait, comme solution politique à la crise, l’organisation
d’un référendum sur la permanence au pouvoir du président
Chávez, qui pourra avoir lieu, conformément à la Constitution,
à partir d’août 2003.
MAI
2003
Le premier mai, journée
internationale des travailleurs, a été l’occasion de deux
manifestations. La première, convoquée par la Confédération
de travailleurs du Venezuela (CTV) a réuni des dizaine de milliers d’opposants,
et marqué le retour de la contestation dans la rue, après 3 mois
de reflux. Les partisans de Hugo Chávez se réunirent eux aussi
et durant la manifestation fut annoncée la création d’une
nouvelle centrale syndicale, l’Union nationale des travailleurs qui affirme
représenter quelque 1 200 organisations de base, contre 2 300 pour la
CTV. Un manifestant de l’opposition a été tué.
Le secrétaire
général de la OEA, César Gaviria, responsable de la Table
de négociation et d’accords entre opposition et gouvernement travaille
sur un texte s’inspirant des propositions de l’un et l’autre
bord, et qui devrait être plus bref que le document en 25 points adopté
le 11 avril par la Table de dialogue. La délégation du gouvernement
cherche à transférer la négociation vers le parlement et
pourrait accepter de signer si l’application des résolutions du
document était confié aux pouvoirs publics, l’opposition
souhaite que la Table de négociations continue à fonctionner.
JUIN
2003
Le gouvernement
et l’opposition ont signé, jeudi 29 mai, un pacte en 19 points
pour résoudre la crise politique par le biais de référendums
sur le mandat présidentiel et d’autres autorités. L’accord
a mis fin à la Table de négociation dirigée, depuis novembre
2002, par le secrétaire général de l’OEA, César
Gaviria, avec le soutien du Centre Carter, du Programme des Nations unies pour
le développement (PNUD), et du Groupe des pays amis. Le contrôle
des changes, instauré il y a 5 mois pour renflouer les réserves
de l’État, a pour effet de réduire substantiellement l’offre
légale de devises, ce qui a contribué au développement
d’un marché noir important.
Le contrôle des changes, instauré il y a 5 mois pour renflouer
les réserves de l’État, a pour effet de réduire substantiellement
l’offre légale de devises, ce qui a contribué au développement
d’un marché noir important.
JUILLET-AOÛT
2003
La Mission Robinson, vaste plan d’alphabétisation lancée
par le gouvernement Chávez avec l’aide de Cuba et la participation
initiale de quelque 50 000 volontaires, prévoit d’atteindre plus
d’un million d’illettrés. Le programme inclut des mesures
pour stimuler les participants et les éducateurs allant du panier de
provisions à la priorité pour recevoir les crédits des
banques d’État destinés à la micro-entreprise. Les
paysans qui apprennent à lire et écrire seront prioritaires lors
de la remise de terres comme pour l’assistance technique et l’assignation
des crédits.
Le nombre de coopératives a crû de manière exponentielle durant ces dernières années, passant de 650 en 1998 (année de la première victoire présidentielle de Chávez) à 5 673 en juillet 2003, avec 40 912 demandes en attente. Cette croissance se doit en bonne partie à l’impulsion que s’efforce de lui donner le président Chávez en permettant l’accès à des prêts d’organismes financiers de l’État, à des taux plus avantageux que ceux du secteur privé, et avec plus de facilité et de rapidité. Dans son programme hebdomadaire de radio et télévision, « Allo Président », Hugo Chávez fait lui-même la promotion de cette forme d’organisation qu’il voudrait constituer en troisième secteur économique entre les entreprise privées et celles d’État.
En mars 2001, l’avocat Rafael Gavero avait demandé l’annulation de 16 articles du Code pénal traitant des délits d’injure, de diffamation et dénigrement des fonctionnaires et des pouvoirs publics. La Salle constitutionnelle du Tribunal suprême a décidé, à la mi juillet, d’en maintenir 12, ordonnant quelques modifications sur les 4 autres, malgré les recommandations en la matière de la Commission interaméricaine des droits humains qui considère que ces « lois sur l’outrage » attentent en général à la liberté d’expression et au droit à l’information.
La désignation des 5 membres du nouveau Conseil national électoral n’a pu être menée à bien par l’Assemblée nationale, comme le prévoit la Constitution : elle requiert en effet le vote des deux tiers de l’Assemblée, soit 110 de ses 165 députés, mais les 84 députés de la majorité gouvernementale et les 78 de l’opposition n’ont pu trouver un accord. Fin août, le Tribunal suprême de justice a donc désigné lui-même le nouveau Conseil électoral, et le gouvernement comme l’opposition se sont déclarés satisfaits de l’équilibre trouvé dans les nominations. Une des premières tâches du Conseil sera de décider de la suite à donner à la volonté de l’opposition de convoquer un référendum, la Constitution le permettant une fois atteinte la moitié du mandat présidentiel – ce qui est le cas depuis le 19 août. Il devra notamment statuer sur la validité des 3 millions de signatures réunies dans ce but par l’opposition.
Le gouvernement
a remis en 7 mois un million d’hectares de terres à quelque 41
000 familles, dans le cadre du processus de réforme agraire qui s’est
fixé pour objectif d’ici à 5 ans le transfert de 10 millions
d’hectares à 500 000 familles. Fin août commence la seconde
phase du processus, qui prévoit la répartition d’un autre
million d’hectares. La réforme rencontre l’opposition des
grands propriétaires et subsistent quelques foyers de violence.
SEPTEMBRE 2003
L’économie vénézuélienne devrait commencer
à sortir de la récession à la fin de l’année,
pour retrouver la croissance en 2004. Le PIB national, d’environ 100 000
millions de dollars, dont le quart est assuré par la production de pétrole,
diminuera de 10 à 11 % cette année, pour augmenter en 2004
de 5 %, selon les prévisions actuelles. Domingo Maza, directeur
de la Banque centrale a cependant mis en garde contre les obstacles que représentent
pour la récupération économique le contrôle des changes
et les faiblesses que montre encore l’industrie pétrolière.
Mercredi 17 septembre, le tribunal chargé du procès des 4 partisans du président Chávez accusés d’avoir ouvert le feu contre une manifestation de l’opposition le 11 avril 2002 les a relevés des accusations qui pesaient contre eux, par manque de preuves.
Le nouveau
Conseil national électoral a refusé, vendredi 12 septembre, la
demande de l’opposition concernant la convocation d’un référendum
révocatoire du mandat présidentiel d’Hugo Chávez
– présentée le 20 août –, considérant
que les 3,2 millions de signatures collectées ne remplissent pas certaines
conditions indispensables : l’en-tête des pétitions ne demandait
pas au Conseil de convoquer un référendum, comme l’exige
la loi, mais déclarait simplement : « Nous, qui signons ci-dessous,
avons décidé de convoquer un référendum… »,
ce qui a été considéré comme une usurpation. La
décision a été prise à 3 voix contre 2. Vendredi
26, le Conseil donnait à connaître le règlement élaboré
pour les demandes de référendum révocatoire, ainsi que
le calendrier à respecter. Le règlement, constitué de 65
articles, a été adopté à l’unanimité
des 5 membres. Les leaders de l’opposition ont annoncé qu’ils
formuleraient leur demande de référendum au plus tard le 29 février
2004, date à laquelle se terminent les 155 jours de démarches
administratives prévues par le Conseil.
OCTOBRE 2003
Les medias communautaires recevront en 2004 3,1 millions de dollars du gouvernement
d’Hugo Chávez, qui cherche à en faire une alternative à
la presse, la radio et la télévision commerciales. Les fonds seront
notamment affectés à la création d’une agence d’information
destinée exclusivement au secteur, et à l’installation d’une
plateforme technologique de transmission par satellite à disposition
des médias communautaires. L’opposition considère les médias
communautaires comme un bastion chaviste.
Après le programme Mercal, qui prévoyaient l’ouverture de plus de 100 centres de distribution d’aliments à prix réduits, le programme Barrio Adentro, qui a recruté des centaines de médecins cubains pour travailler dans les communautés pauvres de Caracas, et Robinson, un programme d’alphabétisation massive, a été lancé en octobre la Mission Sucre, plan d’accès massif à l’université. Le plan prévoit l’accès à l’université dans les 15 mois à venir de quelque 500 000 diplômés du secondaire qui n’ont pu accéder à l’éducation supérieure par faute de places. Le problème évoqué dans les milieux universitaires est de savoir si la qualité pourra aller de pair avec l’augmentation des effectifs.
Le Conseil
national électoral a fixé, mercredi 15 octobre, le délai
de recollection des 2,4 millions de signatures nécessaires à la
convocation d’un référendum révocatoire du mandat
présidentiel. Les signatures seront donc collectées du 28 novembre
au 1er décembre, le Conseil national disposant alors de 30 à 60
jours pour valider les signatures et de 60 jours de plus pour organiser le scrutin,
qui aurait lieu, si un nombre suffisant de signatures est collecté, à
la fin mars ou en avril 2004. Une procédure similaire sera aussi organisée,
comme le permet la Constitution, pour la révocation éventuelle
d’une petite moitié des parlementaires.
NOVEMBRE 2003
Le gouvernement vénézuelien a décidé, début
novembre, d’indemniser les familles des 45 personnes qui moururent aux
mains de soldats ou de policiers durant les émeutes de février-mars
1989, appelées Caracazo. En août 2002, la Cour interaméricaine
des droits humains avait exigé dans une résolution que le gouvernement
offre une réparation financière aux familles des victimes qui
avaient porté plainte contre l’État, et qu’il mette
en place des mesures légales, judiciaires et administratives –
ce qui n’a pas encore été fait. Le Caracazo se déclencha
lundi 27 février 1989, lorsque la décision du second gouvernement
de Carlos Andrés Pérez (1989-1993) de faire monter le prix de
l’essence entraîna une hausse des prix des transports urbains qui
fit éclater le malaise ambiant accumulé durant une décennie
de détérioration continue du niveau de vie. Les manifestations
de mécontentement donnèrent lieu à une avalanche de violence,
d’incendies de véhicules et de pillages. Le lendemain, le gouvernement
militarisa les villes, décréta l’état d’urgence
et imposa le couvre-feu. Si nombreux sont ceux qui moururent dans les pillages,
la majorité des personnes moururent à l’intérieur
même de leurs résidences après que furent suspendues, le
1er mars, les garanties constitutionnelles. Les estimations oscillent entre
300 et plus de 1 000 morts en quelques dizaines d’heures.
La procédure
de rassemblement des signatures nécessaires à la révocation
de divers mandats électifs a commencé, du vendredi 21 au lundi
24 novembre, par la collecte des signatures nécessaires à la révocation
du mandat de 38 députés de l’opposition. C’est la
manière qu’a choisi le Mouvement Cinquième République
(MVR), chaviste, pour réagir à la demande de référendum
révocatoire contre le président Hugo Chávez présentée
par l’opposition. La collecte des signatures par l’opposition (en
vue d’un possible référendum), qui a lieu du vendredi 28
novembre au lundi 1er décembre, semble elle aussi se passer dans le calme,
ce qui, allant contre les craintes des dernières semaines, semble être
de bon augure pour la suite du processus.
DÉCEMBRE 2003
La Coordination démocratique, qui rassemble les partis et les groupes
de la société civile opposés à la politique d’Hugo
Chávez, a réuni du vendredi au lundi 1er décembre, dans
2 700 centres répartis dans tout le pays les signatures nécessaires
au référendum révocatoire du mandat présidentiel
et de celui de 35 députés de la majorité. Selon la Coordination,
ils auraient réussi à collecter 3 328 000 signatures. Pour que
soit validée la procédure du référendum, le Conseil
national électoral devra vérifier les signatures réunies.
S’il y en a 2 402 423 valides, soit une de plus que 20% des inscrits,
un référendum sera organisé en août 2004. Hugo Chávez
devrait quitter le gouvernement si le nombre de votants réclamant son
départ dépasse celui de ses défenseurs, ainsi que les 3
757 763 votes qui l’avaient élu en 2000. La possibilité
d’un référendum révocatoire avait été
incorporée à la Constitution élaborée sous l’impulsion
de l’actuel président et approuvée en 1999.
Rédaction : Nicolas Pinet.
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